Rdc : La BAD projette une croissance de 5,7 % en 2024 et 5,6 % en 2025portée par le secteur minier, le bâtiment et les travaux publics ainsi que le commerce

Selon les perspectives économiques publiées par la Banque africaine de développement, le taux de croissance économique en République Démocratique du Congo est passé de 8,8 % en 2022 à 7,5 % en 2023, en raison de la contre-performance des industries extractives (dont le taux de croissance est passé de 22,3 % en 2022 à 15,4 % en 2023). La croissance des secteurs non extractifs est passée de 3,1 % en 2022 à 3,6 % en 2023, portée par l’agriculture (+ 0,45 %), la construction et les travaux publics (+ 0,57 %), et les transports et télécommunications (+ 0,61 %).

La croissance a également été soutenue par les exportations (+17,3 %) et les investissements (+9,2 %). L’inflation est passée de 9,3 % en 2022 à 19,9 % en 2023, en raison de la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar américain (–21,8 %) et des contraintes d’approvisionnement en denrées alimentaires et en énergie. En conséquence, la Banque centrale a maintenu son taux préférentiel à 25 % depuis août 2023 pour freiner la dépréciation monétaire causée par le financement du déficit budgétaire.

Le déficit budgétaire est passé de 0,5 % du PIB en 2022 à 1,7 % en 2023 en raison d’une augmentation de 56,4 % des dépenses exceptionnelles (sécurité et élections), malgré une augmentation de 5,4 % des recettes et des subventions en 2023 (13,6 % du PIB). Le pays est confronté à un risque modéré de surendettement, le ratio dette publique/PIB passant de 22 % en 2022 à 21,5 % en 2023, et la dette extérieure passant de 14,8 % du PIB en 2022 à 17,8 % en 2023.

Le déficit du compte courant s’est creusé, passant de 4,9 % du PIB en 2022 à 6,3 % en 2023, sous l’effet de la détérioration des termes de l’échange (–8.1%) et des importations élevées. Les réserves internationales ont augmenté de 18 % pour atteindre 2,8 mois de couverture des importations en 2023. Avec le rétablissement des critères de crédit par la banque centrale, le ratio des prêts non productifs est passé de 7,4 % en 2022 à 6,5 % en 2023.

Le gouvernement vise une croissance inclusive et une réduction des inégalités. Le coefficient de Gini était de 0,511 en 2020, le taux de pauvreté de 56,2 % et le sous-emploi de 15,1 %.

Perspectives et risques

Les perspectives de croissance de l’économie devraient rester favorables à 5,7 % en 2024 et 5,6 % en 2025, portées par le secteur minier, le bâtiment et les travaux publics, et le commerce. L’inflation devrait chuter à une moyenne de 13,5 % en 2024–25, conformément à la politique restrictive de la banque centrale. Le déficit budgétaire devrait atteindre 2 % du PIB en 2024, avec la mise en place des institutions post-électorales, et retomber à 1,1 % en 2025. La stratégie d’apurement des arriérés intérieurs certifiés (2,4 milliards de dollars) est opérationnelle, et le ratio moyen de la dette au PIB devrait rester inférieur à 20 %.

Le déficit du compte courant devrait s’améliorer pour atteindre une moyenne de 4 % du PIB grâce aux investissements directs étrangers. Les réserves cumulées devraient atteindre 6,1 milliards de dollars, soit 2,3 mois de couverture des importations. Les incertitudes liées à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la guerre entre Israël et le Hamas, la chute des cours des matières premières, les tensions inflationnistes et de change, et l’insécurité dans l’est du pays, avec le pillage des minerais comptent parmi les risques à la hausse.

Les solutions pour mener à bien les transformations structurelles et améliorer le PIB par habitant (actuellement 731,3 dollars) comprennent la coordination des politiques budgétaires et monétaires, la mise en œuvre d’investissements structurels (en particulier des programmes d’industrialisation et de transformation agricole), et la poursuite de la réforme structurelle.

Réforme de l’architecture financière mondiale

Les transformations structurelles sont lentes et restent un défi majeur. Au cours de la période 2005–20, la part de l’agriculture dans l’emploi a chuté de 71,1 % à 60 %, tandis que la part de l’industrie est passée de 7 % à 10,7 %. La part des services a encore augmenté, passant de 22 % à 29,3 %. L’emploi évolue de l’agriculture vers l’industrie et les services en raison de la faible productivité des emplois agricoles, de l’importance du secteur informel et de la prédominance du secteur minier à forte intensité de capital. Le capital représente 82 % des facteurs de production et le travail 18 %. Les obstacles aux transformations structurelles sont l’insécurité aux frontières, les problèmes d’infrastructure, un climat des affaires difficile et des faiblesses au niveau du capital humain, des institutions, de la gouvernance et du financement.

Les problèmes de financement entravent les transformations structurelles. Pour couvrir ses besoins en matière de développement, le pays gagnerait à poursuivre l’amélioration de la gouvernance de son capital naturel et de ses ressources financières et bénéficierait ainsi d’une réforme de l’architecture financière mondiale. Le pays pourrait bénéficier de financements concessionnels et de sources de financement innovantes (fonds climatiques). Toutefois, l’accélération des réformes structurelles par la révocation des marchés miniers injustes, l’amélioration des recettes publiques et de l’efficacité des dépenses, et la dynamisation du climat des affaires pour tirer parti des investissements étrangers directs et de l’intégration régionale devraient apporter davantage de financements pour la transformation structurelle du pays.