Re-visitation de la Constitution : Bemba, Kamerhe, Bahati ont-ils été saisis officiellement par Félix Tshisekedi ou Augustin Kabuya ?

L’Etat de droit, c’est aussi le respect des règles convenues, mais surtout établies dans les textes régissant la communauté. Dans le débat suscité par Félix Tshisekedi et confirmé par l’Udps, la BASE du parti présidentiel fait pression sur les alliés de l’Union sacrée de la nation pour prendre publiquement position sans chercher à savoir si le courrier a circulé avec accusation de réception ou si concertation a eu lieu. Conséquence : la “passe d’armes” observée entre Vital Kamehre, président du Bureau de l’Assemblée nationale, d’un côté et, de l’autre, les députés de l’Udps, lors de la plénière du vendredi 22 novembre dernier…

Jules Monyere et fils Mukoko réunis

Ces derniers ont reproché au speaker national la précipitation avec laquelle il a réagi à l’information selon laquelle quelques députés du parti présidentiel s’apprêtaient à déposer une motion de censure visant la Première ministre Judith Sumwinua Tuluka, elle-même de l’Udps. Les députés qui se sont succédé à la tribune de la chambre basse ne reconnaissent pas l’existence d’une telle initiative. Avec l’élégance qu’on lui connaît, l’homme de Walungu a retiré ses propos et s’est excusé poliment non sans faire allusion à toute grossesse qui arrive à terme. Il s’est avéré, après information à la source, que plusieurs députés de la mouvance présidentielle ont signé la motion dont 8 membres de la mosaïque Udps et Alliés, tous déterminés à s’offrir la tête de Judith Sumwinua. Après tout, le parcours de la cheffe du Gouvernement au sein de l’Udps n’est pas aussi évident, comparé – excusez du peu – à celui de Jules Monyere et Fils Mukoko *réunis*. Pour bon nombre de combattants, l’Udps a commencé avec leur adhésion au parti, mieux leur proximité avec Étienne Tshisekedi des années 2000.

Nouvelle constitution pour nouvelle République, donc nouveau cycle électoral

Le problème est justement là avec cette formation politique, et cela au nom de la fameuse théorie de ” Pyramide renversée” ou “Pyramide inversée” (au choix).

De n’importe où peut partir n’importe quoi, et peu importe les dégâts de la déflagration. On s’en fiche éperdument.

L’initiative relative à la re-visitation de la Constitution en est la preuve. Au départ, il a été question de révision de quelques articles. En deux temps trois mouvements, il est question de changement, si bien qu’à l’étape de Kipushi, s’adressant le 19 novembre 2024 aux notabilités du Haut-Katanga, Félix Tshisekedi va décontenancer même les siens avec la déclaration selon laquelle _”Je n’ai jamais dit que c’est le changement ou la révision de la constitution qui va nous aider à résoudre les problèmes de la population_” !

Pourquoi alors réviser ou changer la Constitution si la finalité n’est pas la résolution des problèmes auxquels le pays est confronté !

Sur ces entrefaites, le discours des siens, Augustin Kabuya en tête, est justement celui de la Constitution actuelle qui empêche le Président de la République de bien travailler !

On se souviendra que trois jours plutôt, Félix Tshisekedi a rappelé aux Zaïrois la qualité de “Garant de la Nation”. _”Qui est-celui-là qui va m’interdire, moi, le garant de la nation, de ne pas faire ça ?_”, s’est-il exclamé, accusant formellement l’Opposition d’avoir déformé ses propos au sujet du 3ème formellement interdit dans la Constitution issue, à en croire Augustin Kabuya, des députés non élus. Comme si les législateurs qui avaient produit la Constitution de 1964 (Conférence de Luluabourg), la Constitution de 1967 (coup d’État militaire) et la Constitution de 1994 (Conférence nationale souveraine) détenaient, eux, un mandat électif.

Félix Tshisekedi est pourtant censé le savoir : s’il n’y a pas révision, c’est qu’il y a changement. Il n’existe pas une tierce voie. Et changement veut simplement dire *”Nouvelle Constitution pour Nouvelle République, donc nouveau cycle électoral !

Serait-on si naïf au sein de l’Udps

Quand on est dans un tel schéma, la logique, le bon sens, le respect a un prix : celui d’échanger en toute responsabilité et en toute honnêteté avec les partenaires. D’abord en informel, ensuite en formel. Et en formel, on écrit.

Après tout, bien que membres du présidium de l’Usn, Vital Kamehre pour l’Assemblée nationale, Jean-Michel Sama Lukonde pour le Sénat, Judith Sumwinua pour le Gouvernement et Dieudonné Kamuleta pour les Cours et Tribunaux sont des *chefs de corps*. Même en étant des Alliés au sein de l’Union sacrée de la nation, les 3 premiers cités exercent des hautes fonctions d’État.

En plus, il y a Jean-Pierre Bemba. Qu’on veuille l’admettre ou pas, il est et reste un poids lourd sur la scène politique congolaise.

Les livrer en pâture aux combattants – comme cela apparaît de plus en plus dans les réseaux sociaux – revient à les mépriser, à les marginaliser.

Comment alors l’un ou l’autre peut-il se prononcer officiellement sur la re-visitation de la Constitution s’il n’est pas saisi tout aussi officiellement par la Haute Autorité de Référence !

Et pourquoi, si elle a de la considération pour eux, celle-ci ne le fait pas ?

Le modus operandi de l’Udps est connu : si un document dans ce sens existait, il serait déjà balancé dans les médias sociaux. Ceci pour le chef de l’État.

Pour son parti, l’Udps aurait dû approcher les partis alliés. D’abord en informel, ensuite en formel.

Vraisemblablement, cela n’a pas été le cas non plus. Autrement, le document serait rendu public.

L’orgueil, dit le sage, précède la chute

Dans la chronique du 4 novembre 2024 intitulée *”Révision ou changement de la Constitution, l’Udps à la base de toute la confusion”*, il est démontré qu’un débat de si haute intensité ne devrait pas être réduit à l’héritage d’Etienne Tshisekedi. C’est du *messianisme* qui ne colle pas aux exigences de la démocratie.

Normalement, les discussions devaient se faire en interne, au sein des *organes statutaires du parti*. C’est à ce niveau là qu’on aurait dû décider de l’opportunité ou non de l’initiative.

Si cela avait été fait en toute liberté d’expression, l’Udps se serait édifié sur les articles à problème. Il aurait préparé ses communicateurs à les maîtriser avant de se répandre dans les médias.

Or, non seulement qu’il n’y a pas eu débats en interne, mais en plus le parti présidentiel a largué des “missiles” (combattants-communicateurs) que l’anti-missile “Patriot” de l’Opposition et la Société civile détruit systématiquement.

Au final, le chef de l’État vient de se mettre en difficulté devant ses pairs de la Cééac, de la Sadc, de l’Eac, de la Cirgl et du Comesa avec l’interprétation faite de l’article 217.

Peut-être sincères dans leurs propos, les jeunes gens qui soutiennent sa position n’ont même pas conscience des conséquences d’un lâchage par exemple de la Sadc et de la Monusco, voire de l’Angola par rapport à la situation sécuritaire à l’Est.

A l’Udps, on doit tout de même s’interdire de trouver dans les Alliés majeurs de l’Usn des candidats à la ruine de leur avenir politique, surtout quand la Haute Autorité de Référence semble se raviser au regard du tollé général soulevé par cette position !

Au fait, l’Histoire de l’Udps depuis 1990 est celle de la diabolisation des compagnons et des Alliés des Tshisekedi résumée aujourd’hui par la formule “Tosa Obika”.

Si le parti a réussi à le faire avec la politique de ses moyens pendant les 37 ans de l’Opposition, que ne ferait-il pas maintenant qu’au Pouvoir depuis 2019, il dispose des moyens de sa politique !

Heureusement que le Sage nous prévient tous, indistinctement : _”L’orgueil précède la chute_”…

Simplement parce que _”L’humilité précède la gloire_”.

Ces temps derniers, il est facile de savoir du quel côté se place l’Udps, entre l’orgueil et l’humilité !

Omer Nsongo die Lema