Redressement des entreprises publiques: La recette de Jean-Lucien Busa sur la table
« Comment faire du Portefeuille de l’Etat l’épine dorsale de l’économie Congolaise ?» C’est la question qui a été au centre d’un briefing de presse organisé, lundi 14 octobre, par Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement. L’invité de marque n’était autre que le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Busa, qui a, dans ses mots luminaires, donné le bon entendement sur son ministère.
D’entrée de jeu, Jean-Lucien Bussa a expliqué que le ministère du Portefeuille gère ce pan de l’économie gérée par l’Etat. « C’est là où l’Etat est actionnaire. Il y a des entreprises publiques et les sociétés d’économie mixte où l’Etat est partenaire avec les privés. Il gère aussi les participations directes, sans oublier des concessions. C’est le ministère du Portefeuille qui prend en charge l’administration et la gestion des entreprises de l’Etat. Sous d’autres cieux », dit-il, il s’appelle le ministère des Entreprises de l’Etat.
A ce jour, on compte 29 entreprises publiques et plus de 89 entreprises d’économie mixte ou de participation. C’est pour cette raison qu’il faut replacer ces entreprises au cœur de l’économie. Elles couvrent plusieurs secteurs : mines, hydrocarbures, transport, service, financier, tourisme, etc. Soit autant d’entreprises et services qui sont sous la responsabilité de l’Etat.
De l’état des lieux
A son avènement à la tête du ministère du Portefeuille, Jean-Lucien Busa dit avoir commencé par des consultations documentaires et des mandataires. « J’ai noté un manque de performance des entreprises de l’Etat, la quasi-totalité a réalisé des résultats négatifs suite à la mauvaise gouvernance et une gestion peu orthodoxe, des investissements stratégiques ne sont pas à la place qu’il faut, les charges d’exploitation sont très élevées, les dettes sont énormes, malgré que le patrimoine et le potentiel sont immense », dit-il.
A l’en croire, « il suffit que la gouvernance soit améliorée, que la gestion axée sur les résultats soit au rendez-vous ». Et d’ajouter que « beaucoup ont une trésorerie plombée par des saisies intempestives. Il était de notre devoir de prendre le taureau par les cornes pour protéger ces entreprises ».
Au sujet de la disparité des rémunérations, le ministre du Portefeuille a expliqué que le texte légaux et réglementaires qui organisent l’administration des entreprises ne sont pas respectés. « Il y a des entreprises où le PCA se confond à l’organe ; il veut gérer au quotidien en lieu et place du directeur général. Il y a des cas où le directeur général adjoint n’a pas de place. Je constate que depuis que je suis là, la plupart de dirigeants passent le temps à se disputer. Preuve qu’il y a un déficit criant de management de risque. J’ai fait une note circulaire pour que chacun respecte ses frontières et j’ai donné le contenu à la fonction de Directeur général. On a constaté que le cœur du métier n’était pas prioritaire », dit-il.
Au sujet des mandataires publics, M. Jean-Lucien Busa dit avoir observé que sur 3 exercices, les résultats des entreprises publiques sont négatifs, mais les rémunérations sont en contradiction avec les résultats. Il n’est pas normal que les moyens de l’entreprise soient concentrés entre 9 et 10 personnes, insiste le ministre.
« Quelle est la contribution des entreprises du portefeuille de l’Etat dans l’amélioration de la croissance de l’économie ? Quelle est la contribution des entreprises au budget de l’Etat ? », se demande le ministre, qui pense que « nous avons pris des mesures pour réparer cet état de choses. De même, des décrets ont été proposés sur le profile et la rémunération des mandataires ».
Quid de la politisation des entreprises publiques
« Comment mettre fin à la politisation des entreprises publiques ? Quelles entreprises publiques s’en sortent mieux que les autres ? ».
De l’avis du ministre du Portefeuille, on a voulu régler le problème de politisation par le recrutement méritocratique. Celui qui veut devenir mandataire doit avoir une expérience professionnelle de 5 ans. Pour un licencié, l’expérience est de 7 ans et pour un gradué, c’est 10 ans.
« Nous acceptons des compétences transférables. Désormais, sur 9 membres qui compose le conseil d’administration, le 1/3 doit venir de la RTNC. Cette fois-ci, il est décidé, dans chaque Conseil d’administration, on doit avoir au moins une femme ».
Le ministre du Portefeuille a annoncé que le Gouvernement a décidé d’avoir une politique générale des entreprises publiques.
Cette politique met en exergue la gouvernance, la production, les ressources humaines… D’ailleurs, tous les Directeurs généraux, lors de la présentation de leurs budgets, doivent inclure les éléments sur la politique générale des entreprises publiques.
Jean-Lucien Busa pense enfin que le portefeuille de l’Etat est le pan de l’économie appartenant aux Congolais.
Les défis ne sont pas insurmontables. « Nous allons continuer à travailler sur l’amélioration de la gouvernance, la gestion stratégique et des risques. Nous allons donner de la place au contrôle, la rentabilisation, faire en sorte que les patrimoines de l’Etat dont dispose les entreprises ne soit pas spolié », a conclu le ministre du Portefeuille.
JMNK