Sahara : Akhannouch invite la France à “jouer un rôle plus important”

Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a donné sa première interview à un média étranger avant de s’envoler pour le Forum économique de Davos en Suisse. Dans cet entretien, il a notamment invité la France à jouer un rôle plus important dans le dossier du Sahara.

Les relations entre le Maroc et la France ne sont toujours pas au mieux et la gêne est toujours palpable. La visite à Rabat de la ministre française des Affaires Etrangères, Catherine Colonna, n’a pas apaisé les tensions existantes sur le dossier du Sahara, le « prisme à travers lequel le Maroc regarde le monde », selon la formule utilisée par le Roi Mohammed VI.

Cette nouvelle réalité, dans laquelle le Maroc est assertif et ne compromet pas sa cause nationale numéro 1, est celle mise en avant par la diplomatie marocaine qui rééquilibre ses relations avec ses partenaires sur plus de clarté.

Si le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, en a déjà parlé à plusieurs reprises, cela n’a pas été le cas du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch qui n’avait pas pris une position aussi ouverte et franche pour nommer directement la France.

Dans sa première interview accordée à un média étranger depuis l’élection de son parti aux législatives en 2021, Aziz Akhannouch a choisi de répondre aux questions au quotidien français, L’Opinion, et de lancer une invitation à la France.

« Il y a des grandes évolutions dans la reconnaissance par les grandes puissances de la souveraineté du Maroc dans nos provinces du Sud. Paris ne doit pas simplement être un observateur », a-t-il estimé, invitant la France à jouer un rôle important dans ce dossier dans le nouvel environnement géopolitique qui entoure la question du Sahara

Aziz Akhannouch a également fait observer que les relations entre le Maroc et la France, sont appelées à se développer davantage sur le volet économique.

La France qui a jusqu’ici été la première à soutenir le plan d’autonomie marocain, est aujourd’hui dépassée par les évolutions que connait le dossier. Le Maroc lui a déjà tendu la perche pour prendre une nouvelle fois la position de premier soutien du Royaume dans sa cause nationale et confirmer sa position de pays ami privilégié.

« La position de la France concernant le plan d’autonomie est favorable au Maroc. Nous ne la changeons pas« , avait déclaré la ministre françaises des Affaires étrangères lors de son déplacement à Rabat, en tentant de rassurer le Maroc après une série de sujets de friction, alimentées par le dossier des visas et le positionnement pro-algérien du président français, Emmanuel Macron, incompréhensible pour Rabat.

Le Maroc attend une reconnaissance plus affirmée de la France sur le Sahara marocain dépassant celle de l’Allemagne ou encore de l’Espagne qui « considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme LA base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend« , selon la Déclaration conjointe maroco-espagnole à l’issue des entretiens entre le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, et le Roi Mohammed VI.

Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, l’a fait savoir à demi-mots lors de la conférence de presse conjointe avec Colonna, en soulignant que « le Maroc n’a jamais considéré que la position de la France est négative ».

« Durant ces trois dernières années, grâce à l’action menée par SM le Roi, il y a eu des évolutions fondamentales dans les positions des pays proches de la France géographiquement ou politiquement, mais la France a toujours été pionnière et le besoin d’adaptation peut être là aussi sur la table et peut être examiné », a-t-il déclaré.

Une visite officielle du président français, Emmanuel Macron le premier trimestre de 2023 – la première depuis 2017 et en deux mandats- sera sans doute, si elle a lieu, une occasion de clore cet épisode de froid entre les deux pays et de recalibrer la relation entre Rabat et Paris.