Sahara marocain : Le Royaume-Uni à l’aube d’une décision historique ?

Ce 5 août 2024, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, s’est entretenu par téléphone avec son homologue britannique, David Lammy.

À première vue, cet entretien pourrait sembler n’être qu’une simple formalité diplomatique, mais ne nous y trompons pas. Derrière les salutations cordiales et les félicitations pour les 25 ans d’accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, se dessine une stratégie diplomatique bien rodée, où chaque mot, chaque geste compte surtout à un moment où le Maroc continue d’affirmer sa présence stratégique sur l’échiquier international. Faut-il rappeler que les relations entre le Maroc et le Royaume-Uni ne datent pas d’hier. Elles s’étendent sur plus de 800 ans, un héritage rare et précieux qui mérite d’être souligné. Mais, au-delà de la nostalgie des relations historiques, il y a une réalité contemporaine à ne pas ignorer : le monde change, les alliances évoluent, et les intérêts nationaux deviennent plus cruciaux que jamais. Pour Londres, qui cherche à redéfinir sa place sur la scène internationale post-Brexit, le Maroc se présente comme un allié stratégique incontournable.

Force est de souligner que la reconnaissance de la marocanité du Sahara est depuis toujours un objectif central de la diplomatie marocaine. Après des années de travail acharné, la France a récemment rejoint les États-Unis suivis d’un nombre croissant au fil des jours, dans la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, le Royaume-Uni se retrouve à la croisée des chemins. Les cartes sont sur la table : un geste en faveur du Maroc pourrait sceller une alliance renforcée, tandis que l’indécision ne ferait que prolonger une situation qui, de toute évidence, est en train de basculer en faveur du Royaume. Pour Londres, la reconnaissance de la marocanité du Sahara serait, à coup sûr, un acte diplomatique, mais aussi un acte stratégique. Dans un monde où les alliances se forgent et se défont à la vitesse de l’éclair, le Maroc offre un point d’ancrage stable et solide, une porte d’entrée vers l’Afrique et un hub stratégique en Méditerranée. Un partenariat renforcé avec Rabat pourrait bien être l’une des clés de voûte de la nouvelle stratégie post-Brexit du Royaume-Uni.

Et que dire de l’Algérie, cet acteur régional qui semble pris dans une boucle répétitive de réactions prévisibles et bruyantes ? Rappelons-nous, à chaque avancée diplomatique marocaine, Alger réagit de manière théâtrale, rappelant ses ambassadeurs et dénonçant ce qu’elle appelle des injustices. Si le Royaume-Uni venait à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara, on peut déjà prédire le scénario : rappel d’ambassadeur, condamnation publique, et peut-être même quelques manifestations orchestrées pour l’occasion. Mais soyons honnêtes, cette stratégie, bien que bruyante, commence à perdre de son éclat. Elle apparaît de plus en plus comme un écran de fumée, une diversion destinée à masquer les véritables enjeux internes auxquels l’Algérie est confrontée. Pendant que Rabat avance ses pions sur l’échiquier diplomatique, Alger semble figée dans une posture d’indignation répétitive, qui, à force d’être prévisible, perd de son impact.

En fin de compte, l’entretien téléphonique entre Nasser Bourita et David Lammy pourrait bien être plus qu’une simple discussion diplomatique. Il pourrait être le prélude à une nouvelle reconnaissance internationale de la marocanité du Sahara, un moment charnière dans l’histoire des relations entre le Maroc et le Royaume-Uni. C’est dire que la diplomatie marocaine, sous la direction éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, continue de prouver son efficacité et sa capacité à anticiper les mouvements géopolitiques.

Et l’Algérie dans tout cela ? Peut-être est-il temps pour elle de revoir sa stratégie, de sortir de ce cycle de réactions attendues, et d’adopter une approche plus en phase avec les réalités du monde moderne ? Car pendant qu’elle s’enlise dans des postures de défiance, le Maroc, lui, avance, et chaque reconnaissance internationale n’est qu’un pas de plus vers la consolidation de sa position sur la scène mondiale. Bref, le monde regarde, le Royaume-Uni hésite, et le Maroc continue de bâtir des ponts. Le train de la reconnaissance est en marche, et il semble qu’il n’attendra pas ceux qui hésitent à monter à bord.

Souad Mekkaoui