Sait-on seulement que pour les Processus de Nairobi et de Luanda, le M23 est une organisation congolaise ?
Ce qui ne l’empêche pas, évidemment, d’être un mouvement terroriste porté à bout de bras par le Rwanda de Paul Kagame ! Facilitateur du Processus de Luanda, João Lourenço aura finalement rétabli le contact, séparément certes, entre ses homologues congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame. Il a reçu le premier dans la capitale de son pays le 27 février le second le 11 mars 2024. Il est ressorti de la dernière rencontre la disponibilité de Kagame à échanger avec Tshisekedi.
Le même 11 mars, réuni en Conseil des ministres à Kinshasa, le Gouvernement congolais a pris acte de la position du Chef de l’Etat exprimée dans sa communication focalisée sur son périple à l’étranger. «L’ouverture de discussions avec Kigali a été évoquée à la seule condition de voir le régime rwandais procéder au retrait de toutes ses troupes des territoires occupés et de voir son supplétif du M23 se plier aux résolutions du Processus de Nairobi et de la Feuille de route de Luanda, qui exigent leur cantonnement», y lit-on.
Retenons bien les termes Processus de Nairobi et de Luanda ainsi que cantonnement.
Question pertinente : de quelles résolutions du double Processus sur le M23 est-il question dans ce compte-rendu ?
La première réponse est dans le communiqué issu de la rencontre du facilitateur Uhuru Kenyatta le jeudi 12 janvier 2023 avec une délégation du M23. «Ils ont pris note et exprimé leur gratitude que les consultations intra-congolaises de Nairobi IV se tiendront dans des villes clés de l’est de la RDC et rapprocheront le processus de Nairobi de différentes communautés affectées», relevait le siteweb radiookapi.net, allusion faite à une délégation du M23.
Sur son site Web, radiookapi.net rapportait, dans sa dépêche du 13 janvier 2023 intitulée «Processus de Nairobi: Uhuru Kenyatta s’accorde avec le M23 pour la restauration de la paix» que «D’après le communiqué final rendu public à l’issue de cette rencontre, un 4e round des pourparlers de Nairobi se tiendra dans des villes clés de l’est de la RDC. L’ancien chef de l’État kényan a souligné que, ce 4ème round des discussions de Nairobi vise à consolider les acquis considérables des derniers mois et contribuera à apporter une plus grande paix et stabilité dans l’est de la RDC».
Vraisemblablement, le M23 avait intégré le Processus de Nairobi réservé aux groupes armés congolais sans que l’opinion congolaise n’ait été suffisamment informée.
A partir de cet instant, Kinshasa aura confirmé le caractère congolais de ce groupe armé ; à moins d’avoir dénoncé ce qui s’apparenterait alors à une supercherie ! Ceci de un.
De deux, quand le Gouvernement congolais exige le respect, par le M23, de la Feuille de route de Luanda connue sous le vocable Processus de Luanda, cela veut dire obligation faite à ce mouvement terroriste de s’appliquer le cessez-le-feu et de rentrer non pas que sur le point de départ, à savoir le mont Sabinyo côté congolais, mais aussi de rejoindre le Programme DDR-CS.
Dans le Communiqué final du mini-sommet tenu à Luanda le 23 novembre 2022, l’objectif affiché était «d’établir le calendrier de mise en œuvre des actions prioritaires, en vue, d’une part, de la cessation des hostilités et du retrait immédiat du M23 des localités congolaises occupées et, d’autre part, de la coordination des processus de Luanda et de Nairobi», selon le point 4.
Au point 8 consacré aux décisions, il ressortait au sous-point e qu’il était question du «repli du M23 dans ses positions initiales de Sabinyo du côté de la RDC pour ne plus se mouvoir au-delà de la ligne des villages Bigega, Bugusa, Nyanbikona, Mbuzi, Rutsiro et Nkokwe».
Le refus répété du M23 constituait une raison valable pour les Chefs de l’Etat de l’EAC d’instruire «la Force régionale à faire usage de la force pour les pousser à se soumettre».
Ce qu’ils n’avaient pas fait.
C’est encore au point 8 dans le sous-point e.
Au sous-point i, étaient prévus le désarmement et cantonnement du M23 en territoire congolais “*sous le contrôle des FARDC, de la Force Régionale et du Mécanisme ad hoc de vérification, avec la collaboration de la MONUSCO», cela au Jour J+5.
Au point 10, le Communiqué indiquait dans sa première phrase : «Les Chefs d’Etat ont recommandé l’accélération de la réalisation du Programme de Désarmement, Démobilisation, Réintégration Communautaire pour la Stabilisation (PDDR-CS) en cours».
Or, autant que le retour au point de départ (Sabinyo côté RDC), l’intégration du PDDR-CS ne se justifiait que pour des groupes armés congolais !
Il est vrai que le M23 ne s’est plié à aucune de ces exigences et, qui plus est, la menace brandie par les Chefs de l’Etat de la sous-région n’a pas été matérialisée.
Au regard cependant des évidences, Kinshasa doit clarifier une fois pour toutes sa position quant à la nationalité exacte du M23 !
C’est une contradiction flagrante que, d’un côté, on déclare ce mouvement comme étant étranger, précisément rwandais, et, de l’autre, on l’enjoint à se positionner sur le territoire congolais du Mont Sabynio et on l’instruit d’intégrer le PDDR-CS.
Pour ceux qui ne le savent pas, le Mont Sabinyo est frontière commune entre le Rwanda, la RDC et l’Ouganda.
Quand le Processus de Luanda parle de Sabinyo côté RDC, c’est en territoire congolais.
Dans le dernier compte-rendu du Conseil des ministres, Kinshasa parle en plus de cantonnement.
Dès cet instant, aucune logique ne justifie la revendication du cantonnement des forces étrangères sur le territoire congolais. A celles-ci, on impose plutôt le retrait des positions occupées en plus du rapatriement.
Le cantonnement doublé du PDDR-CS est réservé aux organisations nationales.
Aussi, au moment où s’annonce la relance du Processus de Luanda (Etats) qui va absolument impacter le Processus de Nairobi (Groupes armés congolais), cette précision est utile pour une gestion pragmatique de l’opinion.
Kinshasa ayant besoin de l’accompagnement des forces politiques et sociales congolaises, il est tout à fait normal pour celles-ci de connaître la nationalité exacte du M23. Ce qui n’empêche pas, comme relevé plus haut, pour ce mouvement de rester une organisation terroriste, donc exposée à des poursuites judiciaires, pour autant que les autorités congolaises les juge utiles…
Omer Nsongo die Lema