Situation sécuritaire à l’Est : Félix Tshisekedi devrait se méfier des « va-t-en guerre » plutôt spectateurs qu’acteurs !
Véritable douche froide, la position exprimée le 7 mars 2024 par le Gouvernement (tout au moins ce qui en reste), elle l’aura été pour les « va-t-en-guerre » déterminés jusque-là à voir le Chef de l’Etat répondre à la mise en garde adressée à Paul Kagame Rwanda pendant la campagne électorale, c’est-à-dire donner corps à « à la moindre escarmouche ». Ainsi, les 6 et 7 mars dernier, ont-ils squatté les réseaux sociaux pour se vanter des effets escomptés de la coopération congolo-russe, en référence aux exploits de Vagner au Sahel. Ils se sont précipités à confirmer les exercices militaires combinés entre forces terrestres, aériennes et navales de la RDC et de la Russie, sans se demander avec quelle flotte aérienne et quelle flotte navale pour Kinshasa …
L’avenir nous le dira
Premier Président de la République à bénéficier des bienfaits de l’alternance politique issue des élections de 2018, Félix Tshisekedi, pour eux, doit entrer dans l’Histoire avec le titre de premier Chef d’Etat congolais depuis 1960 à déclarer la guerre à un pays voisin parmi les neuf à entourer le sien.
Pour l’Histoire, en 5 ans de la 1ère République (1960-1965), Joseph Kasa-Vubu ne l’avait pas fait. En 32 ans de la 2ème République (1965-1997), bien que militaire, Mobutu Sese Seko ne l’avait pas osé, même si l’armée nationale soutenait les régimes pro-occidentaux et les groupes armés des pays prosoviétiques de l’époque. En moins de 4 ans de la 2ème Transition (1997-2001), Laurent-Désiré Kabila s’en était abstenu, quand bien même il avait annoncé sa volonté de ramener la guerre d’où elle était venue. Un avion avait d’ailleurs largué sur Bukavu une bombe destinée à Cyangugu, en territoire rwandais. En 18 ans, dont 3 sous le 1+4 (2001-2019), Joseph Kabila a préféré léguer à la postérité ce bout de conseil : «L’histoire a en effet abondamment démontré que même en cas de victoire militaire, la consolidation de la paix se fait toujours autour d’une table». En 5 ans de son premier mandat, Félix Tshisekedi s’est organisé pour menacer certes le Rwanda à partir de 2022, mais sans franchir le Rubicon. Va-t-il le faire pour flatter l’ego national ?
L’avenir nous le dira avec à la fin de la mise en place des institutions auxquelles il doit se référer pour passer de la parole à l’acte : Assemblée nationale, Sénat et Gouvernement.
Kagame n’est que le bras séculier
Entre-temps, plusieurs forces politiques et sociales exhortent le Chef de l’Etat à continuer à explorer et même à exploiter d’autres voies pour une solution non militaire, peu importe le temps que ça prendra. Elles lui recommandent, en sa qualité de Président de la République, l’attitude du potier de la Bible. Le potier ne rejetait pas le vase malfaçonné. Il le refaisait. Ce vase peut être assimilé, notamment, aux Processus de Nairobi ou de Luanda.
Dans un échange respectable sur Facebook eu le samedi 9 mars 2024 avec des compatriotes, ont été relevées les évidences suivantes : «La guerre – apparemment c’est la seule option qui (nous) reste – est soumise à un principe établi : on sait quand et même comment elle commence, mais on sait rarement comment elle se termine.
Aujourd’hui, nous avons tous la capacité d’observer des faits en rapport avec l’agression rwandaise :
1. Les Occidents – qui réclament le retrait des troupes rwandaises – n’appliquent pas les sanctions requises à cet effet, contrairement à ce qu’ils font à la Russie en rapport avec la guerre d’Ukraine. Au contraire, ils continuent à arguer de la présence des Fdlr aux côtés des Fardc.
2. Le discours de rapprochement avec la Russie dans le cadre de la coopération militaire structurelle russo-congolaise a été froidement douché par le Gouvernement le 7 mars 2024 !
3. Le Comité de Paix et Sécurité de l’Union africaine réunit le 4 mars 2024 « Réaffirme qu’il ne peut y avoir de solution militaire durable à la situation dans l’Est de la RDC et, à cet égard, souligne l’importance des Processus de Nairobi et de Luanda qui visent à trouver une solution diplomatique au conflit.
4. Les troupes de la Sadc ne se mobilisent pas vite. Apparemment, on est en train de passer de la coopération sous régionale à la coopération bilatérale (RDC-Burundi, RDC-Afrique du Sud).
5. Au dernier sommet de la Cééac tenu à Malabo le 9 mars, le Président Félix Tshisekedi a certes appelé ses pairs à sanctionner le Rwanda. Trêve d’illusions : on ne voit ni la RCA (dont la sécurité militaire du territoire national ainsi que la sécurité du Chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra sont assurées aussi par Kigali), ni le Congo-Brazzaville s’engager dans cette voie.
6. Les Wazalendo sont en train de se décomposer pour devenir une nébuleuse, comme cela a été le cas avec les Mai-Mai.
7. Les Fardc sont en montée de puissance (sur papier ou sur parole) pendant que sur terrain, elles sont trahies par plusieurs facteurs.
8. Pendant ce temps, la RDC redevient une catastrophe humanitaire, statut qui permet au droit international de s’insérer dans les affaires internes de l’Etat congolais. Ici, nous ouvrons une parenthèse pour nous demander si nous avons seulement conscience des effets des atrocités qu’on balance allègrement dans les réseaux sociaux avec photos et vidéos nous montrant de retour à la période précoloniale caractérisée notamment par le…cannibalisme). Parenthèse fermée.
9. Pire, Mgr Dominique Uringi, de retour en 2020 d’Allemagne, pays abritant Africom (Commandement militaire américain pour l’Afrique) avait vu la nouvelle carte du Congo avec 4 Etats !»
Que faire alors pour ramener la paix à l’Est et, par ricochet, empêcher la balkanisation ? Car, ce qu’on redoute le plus, c’est le démembrement du pays qui, tout en étant l’objectif du Rwanda, précisément de Paul Kagame, est vraisemblablement planifié par l’Occident. Kagame n’est que le bras séculier des puissances déterminées depuis la Perestroïka en 1989 à en finir avec le colosse devenu le ventre mou du continent africain.
Conséquence : vouloir à tout prix la guerre nécessite de la part des va-t-en-guerre des motivations. Ces boutefeux sont en trois catégories.
Comme de bons conseillers, ils n’ont jamais été de bons payeurs
La première comprend des compatriotes qui veulent certes la guerre pour en finir avec le Rwanda de Paul Kagame, sans cependant se préoccuper du reste. Ils perçoivent la guerre en termes de spectacle et se fichent éperdument des conséquences.
La deuxième catégorie comprend des compatriotes qui veulent certes la guerre avec le Rwanda, mais à condition de garder le Congo uni.
La troisième catégorie comprend, tenez bien, les compatriotes qui veulent la guerre avec le Rwanda en formant toutefois, secrètement, l’espoir d’une balkanisation qui permette l’érection de leurs propres provinces en Etats souverains.
Ainsi, pour la première et la dernière catégorie, Félix Tshisekedi n’est qu’un instrument à utiliser pour qu’ils atteignent, eux, leur objectif véritable.
Félix va-t-il jouer le jeu qui ferait de lui, au mieux un héros, au pire un traître ?
Il devrait plutôt se méfier des “va-t-en-guerre” qui le poussent dans la voie de la confrontation non seulement avec le Rwanda (nous persistons et signons que ce pays sera écrasé d’une manière ou d’une autre), mais avec toutes les puissances mondiales et africaines connectées pour la disparition du Géant.
Depuis 1990, ils sont dans ce schéma pourtant affaiblissant le pays aux plans politique, diplomatique, sécuritaire, économique et social !
Ils sont déterminés à y rester.
Comme tous bons conseilleurs, ils ne seront jamais de bons payeurs.
Omer Nsongo die Lema