Succession de Ngobila: Un casting difficile mais potable      

Conformément à son calendrier électoral réaménagé, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a convoqué l’électorat pour les élections des Gouverneurs et Vice-gouverneurs de province, le 7 avril 2024. A Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, l’on se pose la question sur le successeur du gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka. Un casting difficile, mais prenable, d’après plusieurs analystes !

Selon le calendrier électoral réaménagé, les Bureaux de Réception et de Traitement des Candidatures (BRTC) seront ouverts et opérationnels du 02 au 16 février 2024, soit 15 jours. Le 31 mars 2024 est la date prévue pour l’organisation des scrutins des sénateurs et une semaine plus tard, soit le 7 avril 2024, interviendra l’organisation des scrutins des gouverneurs et vice-gouverneurs. Il s’agit-là d’une étape importante du calendrier de la Centrale électorale, car elle intervient après l’organisation des 4 scrutins combinés aux suffrages directs organisés au mois de décembre de l’année dernière.

Pour la ville de Kinshasa, plusieurs noms sont déjà cités dont Déo Kasongo, Vidiye Tshimanga, Gérard Mulumba, Didier Tenge Te Lito, Adam Bombole, Isidore Kwandja, Floyd Kabuya, Mamie Mujanyi, seule femme candidate jusque-là, et tant d’autres.

Sur la toile, le débat tourne autour de l’homme d’affaires et entrepreneur congolais « Deo Kasongo ». Candidat malheureux en 2019 face à Gentiny Ngobila, l’homme de « Divo », Deo Kasongo, revient à la course, cette fois-ci avec plus de détermination. Son combat : « changer l’image de la ville de Kin la Belle ». Pour Déo Kasongo, les Kinois ont perdu 5 ans dans une ville qui n’a pas changé.

« Cinq années, la ville de Kinshasa n’a pas été gérée. Nous sommes parmi les villes les plus sales du monde. On nous a annoncé que Zando va ouvrir d’un moment à l’autre, malheureusement. Il y a eu un détournement dénoncé par Godé Mpoy. Kinshasa a reçu pendant deux années, une somme de 2 millions de dollars l’an, pour son assainissement, où en sommes-nous ? Après 5 ans de gâchis, nous aimerions avoir une ville avec un leader, un manager, quelqu’un qui va avoir des idées novatrices, qui va marquer une rupture totale d’avec le passé, et celui qui a ce profil, c’est M. Déo Kasongo », nous a dit le journaliste Beledu Doux-Jésus au cours d’une interview exclusive.

 

Pourquoi Dé Kasongo ?

« J’ai lu son programme, j’ai vu son ambition pour Kinshasa. C’est quelqu’un qui pense que pour bien gérer cette ville, il faut réinventer Kinshasa avec des projets concrets. Pas des projets comme Kin Bopeto, mais des projets concrets. Il ne viendra pas chercher des jeeps, maisons au gouvernorat. C’est quelqu’un qui a fait son chemin entant qu’entrepreneur. Sa priorité c’est la construction et l’invention de la ville de Kinshasa », a ajouté le journaliste.

 

De Vidiye Tshimanga à Gérard Mulumba

Outre Déo Kasongo, il y a Vidiye Tshimanga, ancien conseiller stratégique du Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi. Après ses déboires avec la justice suite à un présumé détournement, l’homme veut refaire sa santé politique. Connu dans le monde sportif, Vidiye Tshimanga a dirigé Daring Club Motema Pembe de Kinshasa, l’éternel rival de l’AS V. Club. Il est aujourd’hui à la tête des Aigles du Congo, un club de football qui joue les play-offs de la Ligue National de Football (Linafoot). Entrepreneur, Vidiye Tshimanga a démontré ses intentions de diriger la ville de Kinshasa durant la campagne électorale de la dernière présidentielle de la République, où il avait érigé des panneaux partout dans la ville avec un fauteuil comportant l’insigne officielle de Kinshasa.

« Les Kinois sont fatigués de voir tous les jours les immondices dans la ville, les Kinois ne veulent plus du phénomène Kuluna, les embouteillages, les inondations, les tracasseries routières. Il est temps que nous dirigeons la ville pour apporter des solutions aux différents problèmes », avait-il lancé dans un message sur les réseaux sociaux.

Gérard Mulumba dit Gecoco, c’est l’autre challenger qui ne veut pas baisser les bras. Il est actuellement vice-gouverneur de la ville de Kinshasa, mais n’est pas totalement d’accord avec son titulaire Gentiny Ngobila, au sujet de sa gestion qu’il juge « mauvaise ». Les violons ne s’accordent donc pas entre les deux, et Gérard Mulumba a imprimé ses couleurs durant son intérim assuré en janvier 2024, soit pendant moins de 10 jours, suite à la suspension de Gentiny Ngobila par le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur. L’homme a poussé les Kinois à assainir leurs milieux de vie ; il a réhabilité et aménagé le rond-point huileries, la place Gambela…

Pour lutter contre les embouteillages, il a effectué des descentes sur terrain, à l’exemple du boulevard Triomphal où il a remis de l’ordre après une situation non maitrisée par les hommes en uniforme. Gecoco Mulumba, bien qu’il soit contesté par certains Kinois pour ses « excès de zèle », veut diriger la Capitale du Grand Congo pour que Kinshasa redevienne « Kin la Belle ». Pour certains Kinois, pourquoi Gecoco devait-il mettre son argent dans la réhabilitation des ronds-points Huileries et Gambela sans pour autant recueillir l’autorisation préalable. Mieux, comment exiger le paiement des montants dépensés à Gentiny Ngobila, sans que celui-ci n’ait été informé sur le coût desdits travaux.

 

Isidore Kwandja, un homme à suivre !

Un autre candidat à prendre au sérieux, c’est « Isidore Kwandja », l’homme qui a dirigé les activités des 9èmes jeux de la Francophonie tenus à Kinshasa du vendredi 28 juillet au dimanche 6 août 2023. Il a été félicité par le chef de l’Etat pour son courage, son abnégation, son sérieux dans la réussite de cet événement de renommée mondiale. Il a des ambitions pour faire briller Kinshasa.

 

Mamie « Free Box », l’intelligence au service de Kinshasa

Mamie Mujanyi affectueusement appelée “Free box”, est aussi dans la course pour le gouvernorat de Kinshasa. Elle promet de redonner à Kinshasa ses lettres de noblesse et à faire d’elle une ville économique, intelligente, verte.

« Comme l’a dit le chef de l’Etat, un de ses engagements est de pouvoir augmenter le pouvoir d’achat de la population. Nous voulons lui prêter mains fortes. Nous voulons redorer l’image de la ville de Kinshasa avec toutes ces immondices, insalubrité et le phénomène Kuluna qui bat son plein. Nous voulons que tous les jeunes et les femmes de Kinshasa puissent se reconnaître et se retrouver en nous. Nous voulons à tout prix reprendre le flambeau. Nous voulons faire de Kinshasa une ville intelligente, une ville verte, une ville inclusive, innovante. Nous prônons une gestion inclusive et participative où tous les Kinois vont participer à la gestion de leur ville. Nous ne plaçons pas notre candidature sous le signe des promesses. Nous avons beaucoup de réalisations à notre actif. Notre vœu est de sortir la femme et le jeune de Kinshasa de la pauvreté», avait-elle déclaré à la presse le jour du dépôt de sa candidature.

Ainsi en est-il pour tous les candidats gouverneurs de la ville de Kinshasa. Chacun a ses ambitions pour éviter les erreurs du passé et redonner à Kinshasa ses lettres de noblesse.

Les élections des sénateurs et gouverneurs et vice-gouverneurs sont des élections aux suffrages indirects ; seuls les députés provinciaux vont élire les sénateurs, les gouverneurs et vice-gouverneurs. La CENI avait dénoncé quelques soupçons de corruption liés à ces scrutins, même si rien ne nous rassure que ceci a dissuadé les potentiels corrupteurs et corrompus.

Bernetel Makambo