Thabo Mbeki dresse un sombre tableau de l’Afrique du Sud

L’ancien Président sud-africain, Thabo Mbeki, a brossé, lundi au Cap, un sombre tableau de l’Afrique du Sud, un pays aux prises avec une corruption généralisée, un taux de chômage record (33%), une criminalité rampante et une pauvreté et des inégalités criardes.

S’exprimant lors d’une conférence de deux jours sous le thème «Les défis de l’ANC et la révolution démocratique nationale», M. Mbeki a déclaré que le pacte social censé résoudre les problèmes de chômage et de pauvreté dans le pays a été pratiquement abandonné par le gouvernement.

Le Président Cyril Ramaphosa a, récemment, admis que l’exécutif et ses partenaires sociaux n’avaient pas tenu leur promesse d’établir un pacte social. «Nous n’avons pas pu conclure un pacte social dans le délai que nous avions prévu, car un certain nombre de circonstances nouvelles ont rendu difficile pour les partenaires sociaux de parvenir à un consensus», a-t-il déclaré.

M. Mbeki a également évoqué le Gouvernement d’unité nationale, formé après les élections du 29 mai dernier, qui s’est engagé à organiser un dialogue national où tous les secteurs de la société pourront faire entendre leur voix.

Il a toutefois exprimé des doutes que le Congrès National Africain (ANC au pouvoir) soit encore en mesure d’influencer les discussions. «L’ANC a-t-il encore la capacité d’influencer ce débat ?, s’est-il interrogé, notant que le dialogue devrait aborder de nombreux sujets à l’ordre du jour : l’économie, la culture, la santé et l’éducation, entre autres.

Avant les élections de mai dernier, l’ancien Président, alors en campagne électorale, avait déclaré avoir suggéré à l’ANC de convoquer une convention nationale après les élections pour examiner les problèmes du pays. «Nous devions convoquer une convention nationale pour rassembler toute la nation, les partis politiques, la société civile, les syndicats, les entreprises et les religieux, afin qu’ensemble nous puissions examiner tous les problèmes qui se sont produits au cours des trente dernières années, après la fin de l’apartheid”, a-t-il dit, déplorant le fait que l’exécutif n’est pas parvenu à améliorer la vie des Sud-africains.

Abordant la crise au sein de l’ANC, Thabo Mbeki a indiqué que le parti de Nelson Mandela est confronté à deux défis majeurs : «son renouvellement et l’utilisation du pouvoir de l’État pour faire ce qui est juste». «Si le Congrès national africain veut survivre, il doit changer ses actions et renouer avec le peuple», a-t-il suggéré. Lors du dernier scrutin, le Congrès national africain a perdu, pour la première fois depuis 30 ans, sa majorité absolue au Parlement en n’obtenant que 40% des suffrages exprimés. Affaibli lors de ces élections, l’ANC a été contraint de nouer des alliances avec neuf autres partis politiques pour former un gouvernement de coalition.