TICAD : la crédibilité de l’Afrique face au parasitage du polisario
À Tokyo, l’Algérie a infiltré frauduleusement le Polisario à la réunion préparatoire de la TICAD en abusant de la naïveté du pays hôte. Un incident qui aurait pu être évité. Décryptage.
“Bande de voyous, des mercenaires”, s’est insurgé l’ambassadeur du Maroc à l’Union Africaine, Mohamed Arrouchi, contre les membres de la délégation algérienne, qui s’est livrée pitoyablement à une mascarade lors de la réunion préparatoire de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). Tenue du 23 au 25 août dans la capitale japonaise, cette réunion ministérielle a aussitôt dégénéré en scandale comme l’Algérie en a habitué le grand public lors des forums internationaux. À force de vouloir imposer la présence du Polisario dont personne ne veut, et contre le gré du pays hôte, les diplomates algériens ont poussé la mesquinerie à son paroxysme.
Ce fut un drôle de spectacle, ou plutôt une pièce de théâtre de piètre qualité artistique. Exclu du Sommet afro-nippon, le Polisario devait, aux yeux des Algériens, siéger parmi les participants par tous les moyens, y compris la supercherie. La délégation algérienne s’est enhardie à faire entrer un représentant du front séparatiste par un faux passeport diplomatique. Ce dernier a pu ensuite pénétrer au sein de la salle de réunion avec un badge algérien. Puis, il a tranquillement pris place dans la salle de réunion à l’abri des regards.
À peine s’est-il assis sur sa chaise qu’il a sorti discrètement de sa valise une pancarte portant le nom de la pseudo “république sahraouie”. Celle-ci paraît stylistiquement différente de celles du reste des délégations africaines, preuve incontestable de sa falsification.
L’air hagard et embarrassé, le pseudo-diplomate polisarien s’est pris en flagrant délit en se faisant filmer par la délégation du Royaume qui a aussitôt réagi en dévoilant cette machination maladroitement ourdie. Un des représentants marocains a tenté légitimement d’enlever la pancarte avant de se faire agresser par un haut responsable algérien, qui s’est avéré être le Directeur de l’Afrique au sein du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier, à l’apparence corpulente et à la chevelure rasée, s’est jeté sur lui avant de le mettre par terre dans une scène surréaliste.
Le Japon victime de sa naïveté !
Pour sa part, la présidence japonaise a immédiatement désavoué le Polisario en rappelant qu’il n’est pas le bienvenu dans une réunion à laquelle sont conviés seulement les Etats reconnus par les Nations Unies. Le ministre délégué aux Affaires étrangères, Fukazawa Yoichi, qui intervenait en séance plénière, a précisé que l’intrusion du Polisario “ne change en rien la position du Japon”.
La réaction japonaise, aux allures d’une mise au point, a le mérite de la clarté et contredit la propagande algérienne qui s’est efforcée à illustrer ostensiblement la présence du Polisario pour vendre une victoire factice à son opinion interne.
Tokyo reste constant dans ses positions sur la question du Sahara, telles que définies dans les déclarations officielles de sa diplomatie. Lors de la dernière visite du ministre marocain des Affaires étrangères, où il s’est entretenu avec son homologue, Yoko Kamikawa, la diplomatie japonaise a salué les efforts du Royaume pour résoudre le conflit, en se référant au plan d’autonomie proposé en 2007. Bien que le Japon soit lucide et qu’il déclare haut et fort que le Polisario est persona non grata, l’Algérie s’obstine à contrarier le pays hôte. Ce scénario rappelle le fiasco de la 8ème édition de la TICAD, qui s’est tenue en Tunisie. La présence du front, arrangée par l’Algérie en complicité avec la présidence tunisienne, a visiblement gêné le Japon qui avait déclaré ne pas reconnaître le front séparatiste et regretté le retrait du Maroc.
L’entrée par effraction du Polisario, orchestrée par l’Algérie, semble embarrasser le Japon qui, pourtant, pèche par passivité ou naïveté en laissant faire. Force est de constater qu’on n’entend pas parler de ce genre d’incidents malencontreux dans le reste des Sommets de coopération de l’Afrique avec d’autres puissances telles que la Russie, la Chine ou la République de Corée. La réponse est évidente.
Si l’Algérie s’abstient de manigancer pour faire entrer le front séparatiste dans ces pays, c’est parce qu’ils veillent dès le début à lui barrer l’entrée en faisant clairement savoir qu’il n’est ni invité ni le bienvenu.
Comment les Coréens ont évité le traquenard algérien
En témoigne la réussite du Sommet Corée-Afrique qui s’est tenu tout récemment à Séoul en juin dernier. Consciente du degré de nuisance et de l’enfantillage de l’Algérie, la République de Corée a dès le début évité qu’elle soit mise devant le fait accompli en excluant d’emblée le Polisario. “Nous n’avons pas sous-estimé la possibilité que nous ferions face à ce genre de problèmes, raison pour laquelle nous avons veillé à interdire la participation du Polisario de la façon la plus formelle”, confie un diplomate coréen sous couvert d’anonymat. Rappelons que les invitations ont été adressées individuellement par la diplomatie coréenne aux 54 Etats participants et non pas à l’Union Africaine. Dans ce cas de figure, et avec une mise en garde exprimée aussi clairement par le pays hôte, ni l’Algérie ni le Polisario n’avaient aucune marge de manœuvre pour oser faire quoi que ce soit.
Même la Russie, un pays théoriquement allié de l’Algérie, n’a pas permis la présence du Polisario pendant le Sommet Russie-Afrique. Moscou a pris soin de convier uniquement les pays avec lesquels il a des relations diplomatiques. Quand l’hôte est strictement ferme, les invités SE tiennent sages.
Il en va de la crédibilité de l’Afrique face à ses partenaires internationaux
Par ailleurs, les tentatives d’intrusion par la force du Polisario aux Sommets internationaux de l’Union Africaine deviennent de plus en plus un sérieux souci. L’UA est plus que jamais appelée à se saisir de ce problème pour y mettre fin, plaide, pour sa part, Mohammed Maelaïnin, diplomate et ancien ambassadeur du Royaume, qui connaît minutieusement le dossier du Sahara. “La venue d’un personnage camouflant dans une sacoche une pancarte avec un nom de non membre de l’ONU, porteur d’un badge en tant que membre de la délégation algérienne et posant devant lui le nom d’une république qui n’existe que dans le désert algérien, tout ceci invite l’Union Africaine à prendre les mesures qui s’imposent, car, enfreindre à la décision d’interdiction de participation aux réunions de l’Organisation africaine avec d’autres États est une atteinte flagrante aux règles diplomatiques et à l’honneur de l’Union Africaine”, écrit-il dans une tribune envoyée à “L’Opinion”. Aux yeux du diplomate, l’Algérie qui a utilisé ses badges pour faire pénétrer en catimini un non membre de la TICAD est le principal responsable de cet incident flagrant et mérite de fortes sanctions de l’UA. “Cette demande de sanctions devrait être engagée au plutôt par le Maroc et ses nombreux amis”, conclut-il.
En réalité, les turpitudes de l’Algérie et son comportement aussi puéril que mafieux, ne sont pas si surprenants puisque la fraude a toujours été la marque de fabrique de sa diplomatie qui, de tout temps, a promu la thèse séparatiste en Afrique à coups de conspiration de coulisses et de pots-de-vin. Mais, maintenant, cette délinquance diplomatique n’est plus une stratégie gagnante au moment où le contexte international est beaucoup favorable au Maroc. La bataille de l’opinion internationale est quasiment gagnée par le Royaume qui enchaîne les victoires et accumule les reconnaissances de sa souveraineté sur son Sahara alors que l’Algérie ne fait que sombrer davantage dans le discrédit par ses tentatives désespérées de sauver les vestiges de la thèse séparatiste de son fils adoptif.
À force d’encaisser les revers et les chocs des reconnaissances internationales enchaînées de la marocanité du Sahara, les Algériens semblent agir par désespoir. C’est la seule explication plausible à l’attitude irrationnelle de l’Algérie à Tokyo. Le plus frappant, c’est que les diplomates algériens ne s’en rendent pas compte.
Rédigé par Anass Machloukh