Un dialogue ? Oui ! Un dialogue de re-fondation, de ré-création du Congo est incontournable !

Des États-Unis où il a participé à l’investiture de Kamala Harris comme candidate du parti démocrate américain à la présidentielle de 2024, Martin Fayulu a lancé un appel pour un dialogue national. «Il nous faut une seule chose : la cohésion nationale. Il est impératif que nous nous mettions autour d’une table, toutes les parties prenantes. Ensemble, nous devons engager des discussions profondes et constructives sur l’avenir de notre pays, sur la protection de l’intégrité de notre territoire», a-t-il déclaré le 24 août dernier.

Parti politique en crise, l’UDPS ne sait pas réagir pour le moment

Sauf imprévu, Martin Fayulu rentre à Kinshasa le 31 août 2024.

Évidemment, des réactions n’ont pas tardé. Dont celle d’Ensemble. Olivier Kamitatu Etsu, Directeur de Cabinet de Moïse Katumbi, est catégorique. «Quoi qu’on en dise – dialogue, négociations ou table ronde – ces attrape-nigauds lancés par le pouvoir ont pour seul but de leurrer une opposition dont certains membres semblent déjà essoufflés», a-t-il dit.

Insolite est toutefois le silence assourdissant de l’Usn, plateforme pilotée par l’Udps, parti politique dont aucune des ailes ne veut engager Félix Tshisekedi dans une prise d’opinion que ce dernier peut ne pas apprécier. On préfère attendre, observer !

Bref, pour l’heure, Martin Fayulu semble bien seul dans sa nouvelle croisade.

C’est là aussi la rançon de son “borderline”! En moins d’une année, il a pris des positions troublantes. D’abord en annonçant le boycott des élections de 2023 avant de se rétracter et de déposer sa candidature à la présidentielle sans candidats aux législatives. De l’aventure. Ensuite en boycottant en 2024 l’initiative d’Ensemble de Moïse Katumbi d’organiser le fonctionnement de l’Opposition selon la loi et, maintenant, de vouloir impliquer celle-ci au dialogue !

Un petit état des lieux aligne des interrogations

Qu’à cela ne tienne !

Dans la situation actuelle, la tenue du Dialogue devient inéluctable.

La situation générale aux plans politique, diplomatique, sécuritaire, économique et sociale n’a rien de rassurant. Pour peu qu’on soit honnête avec soi, on doit reconnaître qu’aucun secteur de la vie nationale ne fonctionne normalement pour l’instant. La preuve, c’est de voir l’éternuement au sein du parti présidentiel (Udps) faire tousser même l’Etat, comme si le Mpr Parti-Etat s’était reconstitué au pays !

Un petit état des lieux aligne des interrogations :

-au plan sécuritaire, il se constate que la trêve humanitaire préconisée par nos partenaires étrangers a pour effets négatifs l’extension par la collusion M23/AFC via la RDF des territoires occupés, la répression disproportionnée des manifestations publiques et l’expansion de l’épidémie de Mpox ;

-au plan économique, il se constate la levée des boucliers des macro économistes autour des mesures du gouvernement pour lutter contre la hausse des prix des denrées de première nécessité (d’où l’envie de les boucler dans un bocal – oui bocal et non local – duquel ils ne sortiront qu’avec la solution pragmatique de ramener le poisson dans l’assiette des Zaïrois, pardon des Congolais ;

-au plan financier, il se constate l’insolite consistant dans le chef du ministère des Finances, d’une part, à émettre des bons du Trésor pour USD 50 millions seulement et, d’autre part, à se vanter d’avoir réalisé un excédent budgétaire de USD 400 millions la même période ;

-au plan social, il se constate le retour fort redouté de la saison de pluie sous peu pendant que la voirie laisse à désirer, tout au moins dans la partie occidentale du pays dont Kinshasa-la-boudeuse.

A peine sorti, le Gouvernement Judith Swaminua Tuluka tarde à prendre réellement son envol si bien que le Chef de l’Eat a anticipé lui-même l’annonce d’un Judith Swaminua Tuluka II début 2025 !

Tout le monde le sait dans ce pays : la simple rumeur d’un remaniement affecte la productivité de l’équipe gouvernementale. Or, là, ce n’est pas une rumeur. C’est le Chef de l’État qui a parlé.

Résultat : panique dans les Cellcom des ministères, des entreprises, établissements et des services publics. Certains gestionnaires recourent à la victimisation !

Il faut passer par un dialogue

Vous avez dit Chef de l’Etat ? Depuis janvier 2019, Félix Tshisekedi agit en chef du Gouvernement, réduisant le Premier ministre en coordonnateur de l’Exécutif, en Premier commissaire d’État. Deux des survivants de l’époque mobutienne (Léon Kengo et Evariste Mabi Mulumba) peuvent en témoigner.

On ne cessera jamais de le dire : l’article 91 de la Constitution actuelle n’est pas indiqué pour la RDC. Le législateur avait certes cru éviter le présidentialisme de type Mobutu et L-D. Kabila. Il a fauté.

On ne peut, en effet, imposer au candidat président de la République le vote au suffrage universel direct sur toute l’étendue du pays et le priver de la conduite de la politique de la Nation.

A son corps défendant, Félix Tshisekedi gère le Gouvernement puisqu’il donne des instructions à ses membres.

Conséquence : le bilan du Gouvernement est d’abord le sien.

Avant toutefois d’épiloguer sur cette matière, force est d’admettre que des 9 États voisins de la RDC, aucun ne fonctionne avec un Premier ministre qui soit réellement chef du Gouvernement. Tous les Présidents de la République exercent pleinement la fonction de patrons de l’Exécutif national.

C’est peut-être là la faiblesse de la RDC. D’où nécessité de re-visiter certaines dispositions de la Constitution.

Or, pour le faire de façon, notamment, à définir le régime politique et la forme de l’État non formalisés clairement dans la Constitution, il faut passer par un dialogue. Quel dialogue cependant ?

A notre humble avis, le pays a besoin d’un Dialogue de re-fondation, de ré- créaction du Congo !

Et pour cause !

A moins de vouloir être premier à son village que second à Rome

L’article est passé inaperçu. Publié dans les médias congolais le 19 août 2024, il a pour titre ” Brève histoire de la RDC : ce pays qui n’existait pas vraiment, peut-il exister un jour ?”. L’auteur, Christian Gambotti, se présente en “Agrégé de l’Université, Président du Think Tank Afrique & Partage, Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain), Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan), Chroniqueur, essayiste, politologue”.

Il affirme” que “de 1885 à 2019, la RDC n’existe pas vraiment dans l’Afrique du vieux monde”.

On ne sait pas trop pourquoi a-t-il fait le choix de mettre en exergue pareille exception. Mais au moins, le mérite est de nous rappeler que le Congo, notre grand, riche et beau pays, n’a jamais existé jusqu’à l’avènement de Félix Tshisekedi, à l’en croire !

C’est quasiment le message passé en 1996 avec le fameux plan de le démembrer le pays, plan intitulé ” ZAIRE NO ETAT” ou “ZAÏRE, ETAT NÉANT” et dont la publication avait précédé de quelques semaines la guerre de l’Afdl. Il était question de balkanisation !

36 ans plus tôt, Lumumba en parlait déjà. Et 64 ans après le héros national, on continue d’y faire allusion ; le suggestionnent s’étant bien installé dans le subconscient du Congolais.

Comment conjurer le sort en voulant agir en solo, comme d’aucuns tentent de le faire ?

A moins de se résigner à être premier à son village que second à Rome (citation prêtée à Jules César), tout acteur politique majeur congolais doit bien se sentir dans l’obligation de participer à tout Dialogue censé sauver le Congo dans ce qu’il a de précieux : son intégrité territoriale, au demeurant menacée par les velléités expansionnistes rwandaises certes, mais aussi probablement d’autres voisins.

 

Avoir le même ADN n’est pas forcément une fatalité

C’est l’occasion, de toutes les façons, pour nous de le répéter : primo, chaque dialogue a sa dynamique. Secundo, et là nous paraphrasons l’américain Lee Iacocca lorsqu’il dit : ” toute bonne décision prise trop tard devient une mauvaise décision”.

Il est vrai que pour l’heure, le Congolais ayant le pouvoir de décider de la convocation ou non de ce forum est Félix Tshisekedi !

S’il s’y soustrait – c’est son droit absolu – il va devoir en assumer la conséquence normale, à savoir la perte de l’initiative politique. Une très mauvaise chose quand on gère un pays, voire un parti.

Mobutu et L-D. Kabila l’ont appris à leurs dépens.

Ayant su devancer les évènements, et mu par l’expérience, Joseph Kabila s’en est tiré à bon compte à tous les dialogues dont il a favorisé la tenue : Sun City en 2003, Palais du Peuple en 2013, Cité de l’Union africaine et Centre Interdiocésain en 2016.

Même si comparaison n’est pas raison, un certain Étienne Tshisekedi passa les 32 dernières années de sa vie à dire NON même là où il ne le fallait pas, et il ne succéda ni au maréchal, ni à Mzee, moins encore au sénateur à vie.

C’est pour dire que le fait d’avoir le même ADN n’est pas forcément une fatalité…

Omer Nsongo die Lema