Un économiste analyse la décision de la BCC dans ‘Maloba na base’ sur la Rtga: Relèvement du taux directeur de la BCC de 11 à 25%
Ce mercredi 09 août 2023, sur les antennes de la radio RTGA (88.1MHz), au cours de l’émission “Maloba na base” sous le thème : “Comment expliquer la brusque appréciation du franc congolais face au dollar durant le mois de juillet suivie de la tendance à sa dépréciation en août 2023? Quels peuvent en être des impacts sur social du congolais?”, un auditeur a estimé que la décision du nouveau relèvement du taux directeur de la BCC de 11% à 25%, était une erreur.
Se réunissant en séance extraordinaire mardi 8 août 2023 sous la présidence de la Gouverneure Malangu Kabedi Mbuyi, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque Centrale du Congo (BCC) a décidé d’un nouveau relèvement du taux directeur de la BCC de 11% à 25%.
Les taux directeurs sont le prix (ou le coût) que doivent payer les agents économiques qui bénéficient d’un emprunt (ou crédit), taux d’intérêt à court terme fixés par les banques centrales. Ces dernières les utilisent pour piloter leur politique monétaire et par conséquent contrôler la masse monétaire et réguler l’activité économique de leur pays
De ces prérogatives légales, “Considérant la persistance des chocs et des risques internes et externes auxquels l’économie nationale continue de faire face, le CPM a recommandé le maintien de la vigilance dans la conduite de la politique monétaire, et appelé au renforcement de la coordination des actions de politiques budgétaire et monétaire. Dans ce contexte, et au vu des perspectives incertaines au niveau de l’économie mondiale, le CPM a décidé de relever le taux directeur de la BCC de 11% à 25% afin de resserrer davantage la politique monétaire, neutraliser tout excès de liquidité, et mieux soutenir la stabilité macroéconomique”, peut-on lire dans le communiqué du Comité de politique monétaire du 8 août 2023. Cette décision n’est pas bien accueillie par l’un des auditeurs de l’émission ‘Maloba na base’ de la Rtga.
S’agit-t-il d’une erreur stratégique ?
Selon cet auditeur de l’émission Maloba na base se présentant simplement comme économiste, “il y a erreur quand le CPM croit pouvoir juguler un comportement non monétaire en utilisant les instruments de politique monétaire”.
Dans une étude intitulée “Expansion monétaire et Inflation au Congo” dont l’auditeur affirme être l’auteur, ce dernier prétend dans son étude pour vérifier s’il y a vraiment expansion des liquidités, qu’aucun multiplicateur monétaire n’en est responsable (…) les résultats scientifiques se sont avérés incroyables”. Il estime plutôt qu’il y a confusion, dans le chef de la BCC, entre expansion des liquidités avec financement du trésor. Et, d’affirmer qu’aucun multiplicateur monétaire n’en est responsable. Par conséquent, l’utilisation par la BCC, de son taux directeur, n’aura aucun impact sur les cibles visées, à savoir, le taux d’inflation et le taux de change.
Le seul résultat à en tirer, pense-t-il, sera la contraction de l’activité économique consécutive au renchérissement du crédit. Et, donc, davantage de chômage et de rareté des produits qui pousseront, à terme précis, vers de nouvelles embardées de l’inflation et de la dépréciation monétaire.
Le taux de liquidité de l’économie congolaise se situe généralement autour de 5%, contre une moyenne acceptable de 35% dans les pays pauvres. Dans les pays émergents, on est autour de 80%.
Selon l’auditeur, “les résultats de l’étude ont démontré que le financement du trésor réduit simplement le poids de la base monétaire exogène dans le processus de création monétaire par la BCC, ce qui réduit l’efficacité des instruments de sa politique monétaire par rapport aux objectifs visés”.
De ce fait, l”effet possible de cette décision c’est simplement la réduction d’avantage de la part de la BCC dans l’exploitation des économies d’échelle liées à la création monétaire avec pour conséquences : l’accentuation de la dollarisation, la destruction des fonctions monétaires du FC ainsi que la marginalisation de l’Etat dans sa fonction de production des biens publics,…
En définitive, selon économiste, faute de modèle d’une fonction d’offre de la monnaie centrale, «la BCC a opté pour le placebos à la place d’une thérapie adéquate».
Willy Makumi Motosia