Une opportunité à ne pas gâcher

Le développement à partir de 145 Territoires est une idée lumineuse, géniale et généreuse qui peut s’avérer d’une grande efficacité pour le développement intégrale et holistique du Pays à condition de mettre sur pieds un système d’encadrement efficace et de suivi performant.

En effet, le développement des entités génomiques de base est l’Alpha et l’Oméga de programme de tout Chef d’Etat, et donc du plan d’action de tout Gouvernement.

Comme tout idée généreuse, son application nécessite une approche pertinente et acceptée par la collectivité dans son ensemble et dans toutes ses composantes pour ne pas se transformer en un handicap majeur de développement par des approches différentes de la part des Acteurs privés, publics et associatifs localisés dans le territoire ou tout simplement par incompétence, faute de communication.

L’implication du Gouverneur et de l’Administrateur du Territoire apparait, dès lors, comme une filière indispensable.

 

Mais un Territoire comprend des secteurs, des groupements, des localités en plus de villes et de cités.

C’est dire que le développement du Territoire ne doit pas se limiter au seules cités et villes, bien plus, il doit couvrir toutes les entités qui constituent le Territoire auxquelles doivent s’étendre les projets visant à accroitre les performances économiques afin d’améliorer le quotidien des acteurs et des populations de ces entités de base pour transformer le Territoire en question en un monospace intégré.

A cet effet, le Territoire doit avoir une ambition locale à vocation nationale.

A ce propos, il existe plusieurs stratégies d’amorce ou mieux plusieurs types d’intelligences à mettre en œuvre, à savoir l’intelligence stratégique qui a une portée globale au niveau du Pays, l’intelligence économique qui concerne le secteur économique et l’intelligence territoriale qui a une portée locale.

Si les deux premiers types d’intelligence conviennent plus à un Etat dans son ensemble, de par sa vision globale, l’intelligence territoriale se limite à une entité donnée sur le plan local.

En effet, l’intelligence stratégique sert à comprendre la situation géopolitique du Pays et appelle à se comporter en conséquence ; l’intelligence économique concerne l’environnement socio-économique, tandis que l’intelligence territoriale est une stratégie locale ou autochtone articulée en un ensemble d’actions menées, de façon concertée et consensuelle, par des Acteurs publics, privés et associatifs, localisés dans la contrée en question dans le but de valoriser son identité propre et d’accroitre les performances de chaque entité du Territoire, partant d’améliorer le quotidien du citoyen anonyme et méconnu mais qui constitue, pourtant, la force vive et productrice. La mise en œuvre particulière de cette stratégie locale a plusieurs étapes ou mieux concerne plusieurs facteurs comme la veille, l’évaluation, la synergie des actions publiques et privées, le partenariat autochtone au développement, un réseau interconnecté, le partage des connaissances innovantes, la perception améliorée ou la communication de l’image du Territoire en tant que discrimination positive au bénéfice des nationaux autochtones, c’est-à-dire localisés dans le Territoire dans le but d’avoir une mainmise sur l’économie locale.

Le tout doit s’organiser en un système de vigilance permanente et pertinente de l’environnement afin de l’influencer.

Bref, il s’agit de créer des dynamiques locales de valorisation identitaire des Terroirs en tous points de vue, ce qui suppose la création d’un mécanisme local de capillarité entre les entités composant le Territoire.

Puisque ce système est censé s’appliquer en même temps sur les 145 Territoires de la République, il doit être encadré, pour besoin de coordination nationale, soit par un ministère chargé du Commerce Intérieur soit par un Commissariat Général chargé de développement à partir des entités de base.

L’avantage, dans les deux cas de figure, est que ces deux structures d’encadrement évoluent sous la haute surveillance du Chef de l’Etat avec la possibilité d’une intervention ponctuelle.

En effet, cette approche holistique introduit la concurrence entre les Territoires comme moteur d’action sur le plan national, elle introduit, en même temps, une dimension de compétition internationale en tant que partie intégrante du marché national.

D’où l’intervention des Décideurs institutionnels et non institutionnels au niveau national.

Ici, il y a lieu de souligner l’importance déterminante du choix sans complaisance des Acteurs.

A ce stade, la brève présentation de la problématique du développement à partir des entités de base montre l’immensité et la complexité des tâches de l’implantation de l’intelligence territoriale comme moteur d’impulsion du développement du Pays à partir des 145 Territoires.

De ce point de vue, il est déplorable qu’il n’existe aucune politique de communication de valorisation identitaire ni de la nécessité d’une interconnexion, encore moins de la capillarité à l’intérieur du Territoire.

Aucune communication sur l’état des lieux et les objectifs prioritaires ni sur le délai d’exécution ni sur la rente de situation ou le bénéfice pour l’espace génomique dans le chef des populations locales, le développement à partir de 145 Territoires serait-il victime de ce que l’humoriste MADIMBA appelle l’indifférence presque totale du marketing d’influence ? Quel gâchis !

Bien plus, aucune allusion aux modes d’implantation dans le plan d’action du Gouvernement central en sa qualité de coordonnateur national ni sur la part du budget national alloué à cet effet.

Dans ces conditions, le concept de développement à partir de 145 Territoires risque de subir le sort peu enviable d’un mort-né, d’un avorton ou d’une connaissance jetée dans les oubliettes de l’histoire.

Et pourtant, c’est la voie lactée pour le développement du Pays, partout pour la réussite du deuxième mandat du Président TSHISEKEDI d’où sont tirés d’ailleurs les six engagements du Président de la République.

Alors, que reste-t-il de cette idée géniale, si attrayante : le souvenir des foules enthousiastes à l’annonce de ce programme, l’engouement suscité durant la campagne ou la profonde déception populaire contenue in peto au risque d’entamer la sympathie et la cohésion autour du Chef de l’Etat.

Puisque les bonnes intentions ne suffisent pas à faire des bonnes choses, le Gouvernement central, sous la houlette du Chef de l’Etat, doit susciter des dynamiques territoriales et locales capables de capter ce que chaque territoire a de quoi offrir de mieux. C’est aujourd’hui une priorité absolue malgré la captation de l’opinion nationale par des querelles ’’intra-udepessienne’’ ou par des menaces au sein de l’Union Sacrée.

Il est bon de savoir et d’avoir à l’esprit que ce deuxième mandat du Président TSHISEKEDI sera jugé par l’éjection des troupes rwandaises du Congo, par le développement à partir des entités de base et par la bonne administration de la Justice.

Pour ne pas gâcher cette opportunité de développement et rater notre rendez-vous avec l’histoire, il convient d’entreprendre d’ores et déjà une campagne de sensibilisation, de vulgarisation et de valorisation identitaire des territoires selon un plan conçu par l’Administrateur du Territoire sur l’ensemble de la République.

 

Fait à Kinshasa, le 24/07/2024

 

Ambassadeur André-Alain ATUNDU LIONGO