Une radio allemande pointe les liens entre les groupes terroristes et le Polisario

La radio allemande «BR24» a consacré, samedi, un article détaillé à la présence des groupes terroristes en Afrique, ainsi qu’à leurs méthodes de propagande sur internet et de recrutement dans des zones d’instabilité, en particulier dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie.
Les groupes terroristes tels que l’Etat islamique (EI) et Al-Qaïda ont «la vie facile» dans les camps de Tindouf, souligne le média sous le titre «Les groupes terroristes en Afrique: Un terreau pour les attentats en Europe?».
Les groupes islamistes «sont très présents en Afrique et recrutent dans d’immenses camps de réfugiés. Ils utilisent les conflits pour leur propagande sur Internet, qui s’étend jusqu’à la Bavière», relève-t-on.
Pour étayer leurs propos, les co-auteurs Sabrina Wolf et Joseph Röhmel citent le cas d’un certain Ismaïl, un apatride de 38 ans, partisan du «polisario». Ce dernier a été condamné en mai par la Cour nationale de justice de Madrid à deux ans de prison assortie d’une période de probation de cinq ans pour «radicalisation», précisent-ils, notant que tout un réseau a été bâti autour d’Ismaïl, pour promouvoir le jihad porté par l’Etat islamique (EI).
Les médias espagnols avaient en effet révélé que le dénommé Ismaïl – de son vrai nom Monni Ahmed Merhaba- avait, dans les semaines qui ont précédé son arrestation, publié des appels quotidiens au jihad et au martyre dans des vidéos qu’il a lui-même créées et diffusées via diverses applications mobiles. Il avait de même exprimé son adhésion à l’État islamique ainsi que sa haine de l’Espagne, qu’il a qualifiée de «terre de mécréance».
Les enquêteurs espagnols avaient révélé les liens étroits d’Ismaïl, qui était proche d’Abu Walid, l’ancien dirigeant de l’EI et membre du «polisario», avec d’autres partisans de l’EI et dévoilé un réseau de dizaines de membres du «polisario» dans les camps de Tindouf, qui jouaient un rôle dans les activités de l’Etat islamique au Sahara et au Sahel.
Les investigations avaient également révélé, à partir du compte Facebook d’Ismaïl et de ses nombreux amis, un soutien fort apporté au «polisario», qui contrôle les camps de Tindouf, de plus en plus infestés par l’idéologie djihadiste extrémiste.
Le média allemand cite plusieurs experts, dont Hans-Jakob Schindler, directeur principal du Counter Extremism Project, une organisation internationale à but non lucratif qui surveille et évalue la propagande des groupes terroristes en Afrique.
«L’Afrique devient de plus en plus un point névralgique du terrorisme islamiste et des attaques pourraient être lancées à partir de ce continent», a-t-il fait remarquer, ajoutant qu’il est toujours possible «d’instrumentaliser en Europe des personnes issues des régions en conflit, de les radicaliser et éventuellement de les motiver à commettre des attentats».
Les autorités espagnoles et une organisation d’anciens officiers de renseignement ont analysé le réseau de propagande centré autour d’Ismaïl, notant que toutes les pistes mènent à la Syrie, à l’Espagne et aux camps de Tindouf en Algérie, indique BR24.
Selon d’anciens officiers de renseignement approchés par la radio allemande, la plupart des comptes Facebook du réseau ne sont pas publics: «La communication y est très limitée, ce qui signifie qu’ils n’utilisent leurs comptes Facebook que pour se connecter les uns aux autres. Ensuite, ils passent au service de messagerie Telegram ou à d’autres moyens de communication.»
Au cours du procès d’Ismaïl, il est apparu qu’il utilisait également un numéro de téléphone allemand pour masquer son identité, précise l’article.
«Une chose est sûre: l’Office fédéral de protection de la Constitution observe que l’Afrique joue un rôle central dans la propagande», constate le média, faisant remarquer que l’EI a déclaré l’Afrique «comme zone d’émigration et de jihad» dans son magazine en ligne al-Naba du 16 juin 2022.
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