US Department : Le Maroc champion de l’investissement au Maghreb

Le Département d’État américain a publié son rapport annuel sur le climat d’investissement dans le monde pour l’année 2023. Le document fournit des informations et une évaluation des conditions économiques et d’investissement dans plus de 170 économies, dont celles des pays du Maghreb.

Le rapport est plutôt élogieux pour le Maroc en comparaison de l’approche critique faite à ses deux voisins de l’est, en l’occurrence l’Algérie et à un degré moindre de la Tunisie. Au confluent de l’Europe, de l’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient dit le rapport à l’égard du Royaume, « le Maroc cherche à se transformer en un pôle commercial régional en tirant parti de sa situation géographique stratégique, de sa stabilité politique et de ses infrastructures de classe mondiale pour se développer en tant que région manufacturière et exportatrice« .

Le Maroc poursuit le rapport « encourage et facilite activement l’investissement étranger, en particulier dans les secteurs d’exportation comme l’industrie manufacturière, par le biais de politiques macroéconomiques positives, de la libéralisation des échanges, d’incitations à l’investissement et de réformes structurelles« .

En outre, dépeint encore le document du Département d’Etat américain, le gouvernement du Maroc met en œuvre des stratégies visant à stimuler l’emploi, à attirer les investissements étrangers et à accroître les performances et la production dans les principaux secteurs générateurs de revenus. Il met l’accent sur les industries à valeur ajoutée telles que les énergies renouvelables, l’automobile, l’industrie aérospatiale, le textile, les produits pharmaceutiques, l’externalisation, et l’agro-alimentaire.

Pour les Etats-Unis la plupart des stratégies du gouvernement sont énoncées dans le Nouveau modèle de développement (NMD) publié en avril 2021. Dans ce cadre, le Maroc continue de faire d’importants investissements dans les énergies renouvelables, est en bonne voie pour atteindre son objectif déclaré de 64 % de capacité installée totale d’ici 2030, et a annoncé un objectif encore plus ambitieux de 80 % d’ici 2050. Mais les encouragements ne se limitent pas qu’à cela.

Le Maroc, dit encore le document, est le seul pays du continent africain à avoir conclu un accord de libre-échange (ALE) avec les États-Unis (entré en vigueur en 2006) qui élimine les droits de douane sur plus de 95 % des biens de consommation et industriels éligibles. Le gouvernement du Maroc prévoit d’éliminer progressivement les droits de douane pour certains produits jusqu’en 2030.

L’ALE soutient les objectifs du Maroc de se développer en tant que centre financier et commercial régional, offrant des opportunités pour la localisation des services et la finition et la réexportation des marchandises vers les marchés en Afrique. Depuis l’entrée en vigueur de l’ALE entre les États-Unis et le Maroc, le commerce bilatéral de marchandises a presque quintuplé.

Algérie, un déficit persistant

Pour ce qui est de L’Algérie, le Rapport du Département d’Etat américain n’est à priori pas tendre. Il reproche à l’économie algérienne « d’être tirée par la production d’hydrocarbures, qui représente historiquement 95 % des recettes d’exportation et environ 40 % des recettes publiques ». Bien que les budgets gouvernementaux successifs aient stimulé les dépenses de l’État, l’Algérie continue d’enregistrer un déficit budgétaire persistant, qui devrait atteindre 20% du PIB en 2022.

Les politiques de substitution des importations qu’elle emploie ont tendance à générer une incertitude réglementaire, des pénuries d’approvisionnement, une augmentation des prix et une sélection limitée de biens de consommation ». Le rapport constate que le gouvernement a déprécié le dinar algérien d’environ 5% en 2021 après une dépréciation de 10% en 2020 pour conserver ses réserves de change, contribuant ainsi à une importante inflation alimentaire.

Le document constate également que les opérateurs économiques sont confrontés à une série de défis, notamment des procédures douanières compliquées, une bureaucratie lourde, des difficultés dans les transferts monétaires et la concurrence par les prix de concurrents internationaux, en particulier la République populaire de Chine, la France et la Turquie.

Les entreprises internationales opérant en Algérie se plaignent que les lois et réglementations changent constamment et sont appliquées de manière inégale, ce qui augmente le risque commercial pour les investisseurs étrangers. Les contrats commerciaux sont soumis à l’évolution de l’interprétation et à la révision des réglementations, ce qui s’est avéré difficile pour les entreprises américaines et internationales. Parmi les autres inconvénients, le document cite « l’intégration régionale limitée, qui entrave les possibilités de s’appuyer sur les chaînes d’approvisionnement internationales ».

Tunisie, toujours sous perfusion

Pour ce qui est de la Tunisie, le Rapport indique le pays est toujours confronté à un chômage élevé, une inflation élevée et des niveaux croissants de dette publique, en plus d’une pénurie de produits alimentaires de base et à de faibles revenus touristiques en raison de la poursuite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Avec ou malgré les « mesures exceptionnelles » du président Kais Saied « d’importants obstacles bureaucratiques à l’investissement subsistent et des réformes économiques supplémentaires doivent encore être réalisées ». Le Rapport déplore que des entreprises publiques qui jouent un rôle important dans l’économie tunisienne, certains secteurs ne sont pas ouverts aux investissements étrangers.

Le secteur informel, qui est estimé entre 40 à 60% de l’économie globale, reste problématique dit encore le l’analyse, car les entreprises légitimes sont contraintes de concurrencer les marchandises de contrebande. Enfin, depuis 2011, les États-Unis ont fourni plus de 500 millions de dollars d’aide liée à la croissance économique, en plus des garanties de prêt en 2012, 2014 et 2016 qui ont permis au gouvernement tunisien d’emprunter près de 1,5 milliard de dollars à faible taux d’intérêt. En vain serait-on tenté de dire.

 

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