Visite de Fatshi en Chine, partenariat stratégique et global, contrat chinois, perspectives de coopération … Le nouvel ambassadeur chinois dévoile ses priorités
Le président Tshisekedi est l’un des dirigeants africains à avoir effectué une visite en Chine après la reprise des activités diplomatiques chinoises qui ont été interrompues pendant plus de deux ans, Covid-19 oblige ! Selon le nouvel ambassadeur chinois en poste en Rdc, Zhao Bin, ‘’l’accueil chaleureux lui réservé montre l’importance qu’on attache à cette amitié qui lie nos deux peuples’’. Au cours de sa première sortie médiatique, il a reconnu, parlant du contrat chinois, que c’est tout à fait normal que l’exécution du contrat, qu’intervienne un différend. Mais il s’agit d’un différend entre frères qui ont un même objectif de faire bénéficier de la coopération au peuple chinois et congolais. Il se dit convaincu qu’à la lumière de l’esprit d’amitié, de pragmatisme et d’équité, l’on arrivera à trouver un dénouement heureux de ce différend et ça va être l’une de ses priorités. Je veux accompagner la discussion en cours entre les autorités congolaises et les entreprises chinoises, pour trouver une bonne méthodologie au règlement de cette question, promet-il.
Nouvel ambassadeur chinois en Rdc, Zhao Bin a fait sa première sortie devant quelques organes de presse tirés à la volée. Au cours de ce face-à-face, il a abordé plusieurs questions, notamment les retombées du dernier voyage du président de la République en Chine, le contenu du partenariat stratégique et global, le contrat chinois, sans oublier les perspectives de coopération entre les deux pays.
Dans son intervention, l’ambassadeur de Chine en Rdc a constaté que la visite du président Tshisekedi en Chine était un succès. Cette visite est importante et historique, surtout que les deux chefs d’Etat ont convenu d’établir une coopération globale et stratégique. La coopération a été élevée à un niveau sans précédent.
« C’est une visite fructueuse où de nombreux accords ont été signés pour renforcer la coopération. Ils couvrent non seulement les secteurs traditionnels (mines, infrastructures), mais aussi les secteurs d’avenir comme l’économie verte, l’économie numérique, l’énergie renouvelable », dit-il, avant d’ajouter qu’il s’agit d’une visite empreinte d’amitié. A côté de sa rencontre avec Xi Jinping, le président Tshisekedi a visité le mausolée du président fondateur de la Chine. C’est un geste particulièrement amical que nous apprécions beaucoup.
Pour M. Zhao Bin, cette visite revêt une importance régionale et internationale. La Chine et la Rdc sont des grands pays en termes de superficie, population et richesses. Cette visite a l’importance de dépasser le cadre bilatéral pour donner une impulsion à la coopération sino-africaine. A l’occasion, le président Tshisekedi a réaffirmé l’adhésion de la Rdc à l’initiative du développement mondial, de la sécurité mondiale, de la civilisation dans le monde et l’initiative de la ceinture et de la route. Ces initiatives ont été lancées dans le but de faire bénéficier au monde, en particulier les pays en développement. Ce sont des initiatives des pays en développement. Avec l’adhésion de la Rdc à ces initiatives, ça va encore faire entendre la voix des pays en développement.
Les messages forts
A travers cette visite du président Félix Tshisekedi en Chine, plusieurs messages peuvent se dégager. Pour l’ambassadeur Zhao Bin, le premier message que les autorités chinoises voudraient adresser à Tshisekedi, et à travers lui le peuple congolais, c’est d’abord le sens d’estime et de respect. Le président Tshisekedi est l’un des dirigeants africains à avoir effectué une visite en Chine après la reprise des activités diplomatiques chinoises qui ont été interrompues pendant plus de deux ans, suite à la Covid-19. « A travers un accueil chaleureux, nous montrons l’importance qu’on attache à cette amitié qui lie nos deux peuples, ce respect du peuple chinois au peuple congolais épris de paix, de souveraineté et d’indépendance », dit-il.
Le 2ème message, c’est celui de solidarité. Depuis la normalisation des relations entre la Rdc et la Chine il y a à peine 50 ans, nous avons avec l’aide chinoise réalisé beaucoup de choses (Palais du peuple, stade des Martyrs, etc.). Avec cette visite, nous avons affiché notre volonté de continuer à soutenir le Congo dans la construction du pays, dans le redressement de la nation congolaise, avec l’achèvement dans un avenir proche des travaux du Centre culturel et artistique pour les pays de l’Afrique central, avec la finalisation du centre de formation à Kolwezi. C’est une aide qui va se réaliser dans le cadre de la coopération Sud-Sud, une coopération sans arrière-pensée, sans conditions préalables et sans contrepartie.
Le 3ème message, c’est celui du partage des dividendes de développement chinois d’un côté et de partage d’expérience de ce développement chinois. Au niveau du partage des opportunités du développement chinois, que ça soit les autorités locales ou centrales, ont toutes exprimé leur volonté de coopérer avec la Rdc de façon approfondie. « Nous sommes dans les secteurs traditionnels, comme ceux d’avenir, mais aussi aider le Congo dans le développement des chaines de valeur et le renforcement des chaines industrielles. C’est-à-dire, faire réaliser d’avantage une valeur ajoutée des richesses naturelles sur le territoire congolais, sans parler de notre volonté d’accroitre les échanges commerciaux », pense-t-il.
En jetant un coup d’œil sur le succès chinois, cela montre que le développement n’est pas dans la main d’une poignée des pays, mais tous les pays qui étaient pauvres comme la Chine pourrait réussir à condition qu’ils identifient une voie de développement propre à leur identité nationale. C’est cette expérience que nous souhaitons partager avec la Rdc. Nous considérons le peuple congolais comme un peuple ami, un partenaire fiable et un véritable frère. C’est là le message dont je veux être le porteur pendant l’accomplissement de ma mission à Kinshasa. C’est ainsi que j’ai pris la symbolique d’un bateau (on est dans une même famille et dans un même bateau).
Résoudre le différend sur le contrat chinois, une priorité
La renégociation du contrat chinois ne pouvait pas manquer à ce premier face-à-face entre la presse locale et l’ambassadeur de Chine en Rdc. Voilà qui lui a permis de dire qu’il faut tout d’abord mettre ce contrat dans le contexte de l’époque. C’est une époque où investir dans les mines congolaises n’était pas attractif par rapport à aujourd’hui. Peu d’investisseurs étrangers ont été intéressés. Le succès avec les entreprises chinoises a attiré d’autres investisseurs, ce qui permet au Congo de développer ce secteur dans peu de temps.
En plus, la contribution de ce contrat chinois à la construction du pays est réelle. En matière de construction des infrastructures par exemple, la rénovation du Boulevard du 30 juin, avenue du Tourisme, etc. L’année dernière, une deuxième vague des projets d’infrastructures a été validée par le Gouvernement congolais dont le montant est de 150 millions de dollars Us. En termes de création d’emplois, cette coopération a permis de créer de 20.000 emplois dans le secteur des infrastructures et plus de 10.000 emplois pour le secteur minier.
Dans l’exécution de ce contrat, explique-t-il, il est tout à fait normal qu’intervienne un différend. Même entre frères, il arrive qu’on ait des disputes. Mais il s’agit d’un différend entre frères qui ont un même objectif de faire bénéficier de cette coopération au peuple chinois et congolais. Ce différend doit être réglé à l’amiable. « Je suis convaincu qu’à la lumière de l’esprit d’amitié, de pragmatisme et d’équité, on arrivera à trouver un dénouement heureux de ce différend et ça va être l’une de mes priorités après la prise ma fonction », promet-il, avant d’avouer qu’il va accompagner la discussion en cours entre les autorités congolaises et les entreprises chinoises pour trouver une bonne méthodologie au règlement de cette question.
A côté du règlement de ce différend, l’ambassadeur va assurer le bon déroulement des projets de développement déjà en cours ou prêts à être lancés. C’est comme le Centre culturel et artistique pour les pays de l’Afrique centrale, le centre de formation technique à Kolwezi, transformateur du poste d’électricité à Kinsuka, l’avenue Nzolana phase 2, modernisation du système de communication, etc. qui se font avec l’aide chinoise ou qui bénéficient d’un prêt du gouvernement chinois à un taux préférentiel ou des partenariats public-public, soit la coopération entre l’Etat congolais et les investisseurs chinois.
Pendant son mandat, il mettra aussi l’accent sur la formation. C’est une des priorités que le président Tshisekedi a donnée aux relations entre la Chine et la Rdc. C’est par la formation que le Congo va renforcer ses capacités et nous lui accordons une importance particulière. Nous allons accorder pour cette année, 200 opportunités de formation à la partie congolaise dans les différents domaines, sans oublier les formateurs qui se trouvent aujourd’hui à la base militaire de Kitona pour aider à former l’armée congolaise.
La dernière priorité, mieux comprendre la population locale. C’est avec cette meilleure compréhension que nous le peuple chinois pouvons savoir pour mieux vous soutenir dans le processus de redressement du pays. C’est pour cela que je pense que le Centre pourrait jouer un rôle. Au niveau de l’ambassade, nous introduisons les éléments cinématographiques pour mieux connaitre la Chine et de même pour les éléments congolais. C’est pour cela qu’il y a des cours en lingala donnés au personnel de l’Ambassade, pour mieux vous connaître.
Quid de la participation de la Rdc à la 3ème exposition sino-africaine
La 3ème édition de l’exposition économique et commerciale sino-africaine va s’ouvrir le 29 juin courant. Le Congo-Kinshasa va être représenté par une forte délégation avec trois ministres. Celui de l’Agriculture, de l’Industrie et du Commerce. Avec en plus une vingtaine d’entreprises congolaises. « Du côté chinois, nous avons choisi la Rdc comme invitée d’honneur de cette édition d’exposition. La mise à la disposition de la partie congolaise d’une zone d’exposition de 300 m², 8 stands d’expositions VIP, pour dire que la Rdc est l’invité le plus important », informe-t-il.
Pour l’ambassadeur Zhao Bin, ceci est un autre exemple de la volonté chinoise de partager les opportunités de son développement à d’autres pays, notamment la Rdc qui a une balance économique excédentaire. Cela doit pousser la Rdc à exporter d’une façon diversifiée. « C’est dans cet esprit-là que j’ai transmis au ministre du Commerce l’invitation au gouvernement congolais de participer à l’exposition internationale d’importation dont la 6ème édition aura lieu en novembre à Shanghai. Nous voulons offrir à la partie congolaise notre plateforme pour exporter davantage vers la Chine », pense-t-il.
Propos recueillis par Jea
n-Marie Nkambua