Représentation de l’armée française dans Black Panthère II et les protestations d’un violeur impénitent d’imaginaires(Alain Ngono)

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Manifestement le vent de l’histoire tourne et le sol semble se dérouler lentement mais sûrement et imperceptiblement sous les pieds de notre chère « mère patrie », la France ! Aveuglée qu’elle est par son arrogance et sa voracité séculaires, elle ne s’en rend compte que de manière spasmodique et sporadique.

Il y a deux semaines environ la France officielle, à travers son ministre des Armées, Sébastien Lecornu, dénonçait une « représentation mensongère et trompeuse de nos forces Armées» en Afrique dans le film Black Panther II.
Un déni des réalités qui ne peut que faire sourire les Africains et d’autres observateurs indépendants pour qui les missions et le fonctionnement néocoloniaux des forces françaises en Afrique sont aussi visibles que le nez sur la figure.
On peut parier que les 500 millions de jeunes sur le continent qui comprennent mal la poursuite de l’arrogante présence militaire française en Afrique n’a même pas encore vu le film Black Panther II. Des centaines de millions ne pourraient même jamais le voir.
Toutefois, l’on ne peut que se délecter que la France réalise enfin l’importance du narratif, du regard de l’autre sur sa propre réalité. Elle qui nous arrose depuis plus d’un siècle avec des contenus falsifiés, propagandistes, dégradants, tordant délibérément le cou à la réalité semble aujourd’hui étonnamment se plaindre.
Or, qui ignore que l’impérialisme français s’est toujours reposé sur son frère siamois qu’est l’impérialisme médiatique ?
Depuis des décennies, le système que forme France Médias Monde ainsi que ses supplétifs privés et africains, couplé aux différentes maisons d’édition françaises ont longtemps régné sans partage sur le discours public et la perception de l’Afrique et l’Africain aussi bien sur le continent qu’en dehors.

Combien de fois des écrivains africains, comme Mongo Beti ou Cheick Anta Diop, ont été volontairement marginalisés, calomniés et ostracisés au profit d’autres chouchous comme Senghor.
Plus récemment, des auteurs comme Djaïli Amadou Amal sont présentés comme des phénomènes littéraires tout simplement parce que les histoires qu’ils racontent cadrent trop bien avec les vieux clichés éculés d’une Afrique arriérée, incapable de s’autogérer et qui terrorise ses filles et ses femmes.
Le livre scolaire dans de nombreux pays francophones reste un marché exclusivement français avec des livres truffés de représentations exotiques pour le jeune Africain et dommageables pour son imaginaire.
Sur les médias publics français, l’audio-visuel extérieur de la France et son réseau de centres culturels français n’ont jamais cessé de saturer les imaginaires africains avec des récits humiliants comme ceux contenus dans des téléfilms comme Paris à tous prix, Le Blanc d’Eyenga, Brouteurs, etc.
Un récit dépeignant les Africains toujours comme des habitants provisoires du continent, permanemment en transit et à la recherche constante des moyens pour débarquer sur les rives de la Seine et à Charles de Gaulle.
D’où les humiliations systématiquement infligées aux Africains dans les représentations diplomatiques et les aéroports, parce que nous sommes collectivement coupables de suspicion de fuite et de tentative d’envahissement de la France.
Aujourd’hui, la France découvre plus d’un siècle après les Africains que les représentations inexactes ou volontairement déformées de la réalité sont inacceptables.
Ce n’est qu’un début. Si la France officielle ne se réveille pas de son mépris raciste, elle sera encore plus choquée lorsque l’Afrique sponsorisera et diffusera elle-même ses propres contenus selon ses seuls prismes. Peut-être qu’elle se jettera à la Seine si elle le souhaite, mais chaque peuple mérite la liberté. Cette dernière passe aussi par une création artistique qui émancipe et non qui aliène.

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