Au cours de cette interview que Mme le Gouverneur de la Banque centrale du Congo a accordée à la presse, une question lui a été posée, celle de savoir, comment s’est portée l’économie congolaise au cours de la première moitié de l’année 2023 ?
Elle a expliqué qu’au cours de la première moitié de l’année 2023, l’économie congolaise, comme beaucoup d’économies dans le monde, a continué à faire face aux effets néfastes des chocs qui l’ont affecté et qui ont amené des pressions au niveau du marché des changes, de l’inflation et des finances publiques.
Il s’agit essentiellement de l’impact sur l’économie mondiale et sur notre économie de la guerre en Ukraine, mais aussi de la guerre à l’Est de notre pays. « Lorsqu’on prend ces différents effets, on voit par exemple qu’au niveau des prix, à mi-juin, l’inflation était autour de 9,2% et cette augmentation des prix reflète essentiellement l’augmentation des prix des produits alimentaires qui ont la part la plus importante dans l’indice des prix à la consommation et utiliser pour calculer l’inflation », dit-elle.
Et d’ajouter que la hausse des prix des produits alimentaires reflète à son tour en grande partie la hausse des prix à l’importation. Comme vous le savez, note-t-elle, notre économie reste encore largement dépendante des importations, y compris des produits alimentaires et nous savons qu’aujourd’hui à travers le monde, tous les pays sont en train de prendre des mesures pour lutter contre l’inflation.
L’inflation a augmenté dans beaucoup de pays et donc lorsque nous importons, en comparant à la période avant la guerre en Ukraine, on importe aussi l’inflation qui sévit dans les pays d’où viennent nos importations. Donc, cette inflation importée continue à avoir des effets dans notre pays. « Donc je disais que les effets néfastes des chocs ont augmenté des pressions sur l’inflation, mais aussi ça contribué à une hausse des pressions sur le marché des changes. On a vu ça vers la fin de l’année dernière, mais aussi en janvier-février », précise la Gouv’ de la BCC.
Pour elle, cet impact sur le marché des changes a amené des actions au niveau de la BCC. « Lorsque nous prenons la période de janvier à février, on se rend compte qu’en moyenne mensuelle, la dépréciation du taux des changes est allée jusqu’à 3,6% et cela a amené la BCC à agir de manière plus importante qu’avant. En 2022 par exemple où on a connu une stabilité importante du taux de changes, la BCC a eu à intervenir sur le marché en vendant la devise (janvier et février). Elle a eu à augmenter les Bons BCC qu’elle offre aux banques commerciales dans la conduite de la politique monétaire pour absorber la liquidité excédentaire », indique-t-elle.
Et de poursuivre qu’elle a eu à suivre de très près cette évolution de la liquidité dans l’économie, de manière à contribuer à la diminution de la pression sur le marché des changes et contribuer à la dépréciation de la monnaie. Cela a permis d’arriver à ce que, lorsqu’on observe la période de mars à mi-juin par exemple, en moyenne mensuelle, la dépréciation de la monnaie a été de 0,8%.
Dans ses actions, la BCC a utilisé aussi bien la vente des devises, que le fait que l’augmentation du taux directeur au mois de mars, mais aussi l’augmentation des montants offerts aux banques commerciales en termes des Bons BCC. En effet, toute liquidité qui est utilisée par les banques pour acquérir les Bons BCC pour leur compte ou pour le compte de leurs clients, c’est une liquidité qui ne va pas aller chercher la devise sur le marché des changes.
Et donc, c’est par ce canal-là que la BCC arrive à réduire ou contribuer à la réduction des pressions sur le marché des changes. On a constaté aussi qu’au cours de la deuxième période de mars à juin, particulièrement au mois de mai et juin, une forte réduction de l’écart entre le taux interbancaire des changes et le taux au marché parallèle. A un moment donné, on est arrivé à des écarts de 200 à 250 Fc et aujourd’hui, l’écart entre les deux taux est inférieur à 50 FC.
Il y a eu même des moments où il avoisinait les 20 FC. Cela permet de redistribuer la pression par rapport à la demande. Pendant ces périodes de forte pression, qui reflétait non seulement une augmentation sensible des liquidités sur l’économie, c’était aussi une forte demande de la devise par rapport à une offre qui n’avait pas suivi.
Et ce, parce que le taux des changes est un prix. Lorsque la demande est très forte par rapport à l’offre, cela se traduit par une augmentation des prix. Il faut noter aussi que nos réserves des changes sont restées à un niveau satisfaisant, dans la mesure où, même dans le cadre du programme avec le FMI, notre objectif d’accumulation des réserves avait été atteint et si je prends la date du 16 juin, nos réserves étaient autour de 4,2 milliards de dollars, correspondant à 2,3 mois d’importations des biens et services.