
Au cœur de la Coupe d’Afrique des Nations U-17 CAF TotalEnergies Maroc 2025, une initiative particulière a illuminé les coulisses de la compétition : les portes ouvertes de l’arbitrage organisées au Centre Kahrama de Casablanca. Pendant deux heures d’entraînement, les arbitres présents pour cette CAN cadette ont eu l’opportunité de répéter leurs gammes sous le regard attentif de Souleymane Waberi, Vice-président de la CAF et président de la Commission du football des jeunes.
Sur un terrain ultra-équipé de huit caméras et d’une régie dédiée à la VAR, cette session a permis de plonger au cœur du travail d’orfèvre réalisé par les officiels avant les quarts de finale, mais aussi de mettre en lumière les nouvelles dynamiques de l’arbitrage africain, résolument tourné vers l’inclusion, la formation continue et l’excellence.
C’est dans un contexte technique de haut niveau, à l’image des infrastructures offertes par le Maroc, que les arbitres de la compétition, au nombre de 45 (dont 10 pour la VAR), se sont retrouvés pour un moment d’échange, de démonstration et de perfectionnement. La séance a été minutieusement divisée en zones : l’une dédiée à la récupération physique pour les arbitres ayant officié la veille, une autre pour les assistants, et une dernière pour le travail spécifique avec la VAR.
Les objectifs étaient clairs : affiner les positionnements, perfectionner les réactions en situation de surface de réparation — zone de tous les dangers selon les mots de Désiré Noumandiez Doué, président de la Commission des Arbitres de la CAF — et améliorer les délais de vérification VAR, encore jugés parfois trop longs. Le tout dans une atmosphère de rigueur mais aussi de passion, où les jeunes officiels africains, âgés pour la plupart de 25 à 35 ans, s’entraînaient avec l’enthousiasme propre à leur génération.
Préparer la relève dès aujourd’hui
Pour Souleymane Waberi, cette session incarne pleinement la philosophie de la CAF en matière de football des jeunes : créer un environnement propice à l’apprentissage, à l’expression du talent, et à la préparation aux compétitions internationales. « Quand les jeunes ont des belles pelouses comme ça, il y a la fête », confiait-il à l’issue de la première phase de la compétition, en référence à la qualité du spectacle offert. « Il y a beaucoup de buts marqués, de beaux buts. C’est bon pour les jeunes et pour le développement de notre football en Afrique. »
L’enjeu est d’autant plus important que cette CAN U-17 est qualificative pour la Coupe du Monde, avec pour la première fois 10 équipes africaines attendues sur la scène mondiale. D’où l’importance de s’assurer que le corps arbitral soit aussi à la hauteur de cette ambition. Pour Désiré Noumandiez Doué, cela passe par une sélection rigoureuse basée à la fois sur la technique, la jeunesse, et la capacité à s’adapter à des matchs rythmés et imprévisibles : « Nous préférons avoir des jeunes arbitres dans un milieu de jeunes. Cela favorise leur compréhension du jeu, leur réactivité, leur proximité avec les joueurs. »
Lors de cette session, l’intégration d’un match d’entraînement avec une équipe locale a permis de recréer les conditions du direct, d’ajuster les angles de vue des assistants, de travailler les procédures VAR en temps réel, et de renforcer la communication entre les différentes composantes du corps arbitral. « Nous avons remarqué quelques insuffisances au niveau de la concentration et du positionnement. C’est précisément cela que nous sommes en train de corriger », a expliqué Doué, très impliqué dans la supervision de l’atelier.
Femmes arbitres : l’affirmation d’une nouvelle ère
Parmi les 45 officiels mobilisés pour cette compétition, 13 sont des femmes. Une première qui symbolise la transformation profonde du paysage arbitral africain. « C’est un signal fort envoyé au football féminin », affirme Désiré Noumandiez Doué. « Vous avez tous vu l’expression des dames sur les différents stades. Elles arrivent à tirer leur épingle du jeu. Je leur dis chapeau. » Leur présence est le fruit d’une volonté claire d’approche genre, mais aussi d’un travail de longue haleine pour leur donner la confiance, les outils, et les responsabilités nécessaires. « Cela permet aux dames de mieux s’épanouir, de ne pas avoir de retenue, surtout dans un environnement traditionnellement masculin », poursuit Doué.
Parmi ces figures inspirantes, l’arbitre sénégalaise Tabara Mbodji incarne cette génération montante. Présente à Casablanca, elle partage l’impact de cette expérience sur sa carrière : « La Coupe d’Afrique des Nations U-17 est une compétition bien structurée, où nous avons la possibilité d’utiliser la VAR dans un cadre pratique. On sent que la CAF mise sur nous. Cela nous pousse à aller plus loin, à viser les plus grandes compétitions. » Pour Tabara, l’objectif est clair : « Je veux prouver que nous avons notre place, pas seulement en Afrique mais dans le monde entier. »
La participation féminine n’est plus un simple quota, elle devient un levier de transformation. Dans les ateliers de Casablanca, les femmes arbitres ont reçu les mêmes feedbacks, ont officié les mêmes exercices, ont analysé les mêmes séquences VAR que leurs homologues masculins. Une égalité de traitement qui laisse entrevoir une génération future d’arbitres africaines capables de s’imposer dans les plus grandes compétitions de la FIFA.
Regard tourné vers l’avenir
Cette journée de portes ouvertes à Casablanca a permis de prendre la mesure de l’évolution en cours dans l’arbitrage africain. Un arbitrage qui n’a plus peur d’innover, qui fait confiance à la jeunesse, qui intègre les femmes comme actrices clés du développement, et qui se prépare rigoureusement pour affronter les exigences du haut niveau. Avec la qualité des infrastructures marocaines, saluées par Souleymane Waberi — « Le Maroc est un des pays qui a cette année développé des infrastructures de haute qualité » — la CAN U-17 devient un laboratoire d’excellence à ciel ouvert.
Dans cette dynamique, l’arbitrage africain se donne les moyens d’accompagner la montée en puissance du football de jeunes sur le continent, et de poser les jalons d’une présence plus affirmée lors des rendez-vous mondiaux. Comme le résume Souleymane Waberi : « Cette année, l’Afrique voit loin, très loin. Et l’arbitrage doit l’
y accompagner. »