Algérie : quand la corruption politique devient de l’art 

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L’Algérie nous offre une fois de plus un spectacle digne des meilleures tragédies grecques, où trois candidats à la présidentielle, Saïda Neghza, figure influente de la Confédération générale des entreprises algérie 6nnes (CGEA), Belkacem Sahli, chef de l’Alliance nationale républicaine (ANR), et Abdelhakim Hamadi, directeur d’un laboratoire vétérinaire, sont au cœur de ce scandale.

Les trois, ont été placés, dimanche, sous contrôle judiciaire pour des accusations de corruption. En cause : l’achat présumé de parrainages d’élus. Leurs dossiers de candidature ont été rejetés par la Cour constitutionnelle le 31 juillet, sous des accusations aussi sordides que prévisibles.

Les accusations de corruption n’ont pas seulement discrédité les candidats impliqués ; elles ont aussi dévoilé la mécanique bien huilée de la manipulation électorale. L’achat de parrainages, loin d’être un acte isolé, reflète une pratique généralisée qui maintient le statu quo. Les parrainages, censés représenter le soutien populaire, sont devenus des marchandises dans un marché dans lequel la démocratie est le grand absent.

Opposition muselée et tragédie du peuple

Le véritable perdant dans cette mascarade est le peuple algérien. Loin d’avoir une voix dans le processus démocratique, les citoyens se trouvent réduits à des spectateurs impuissants d’une élection jouée d’avance. Les espoirs de changement et de progrès sont étouffés par un système résistant à toute transformation authentique.

Le scénario de cette élection ne laisse aucune place à une véritable opposition. Saïda Neghza, par exemple, a vu ses ambitions balayées non seulement par des accusations judiciaires, mais également par un système dans lequel le jeu est truqué dès le départ. Les appels à la réforme et à la transparence résonnent comme des échos vides dans un environnement où l’autorité suprême verrouille chaque issue.

Parrainages : entre pots-de-vin et promesses mirifiques

L’obtention des parrainages nécessaires pour valider une candidature présidentielle en Algérie – 600 signatures d’élus ou 50 000 d’électeurs – semble avoir viré au marché noir. Les élus auraient reçu de 20 000 à 30 000 dinars pour leurs précieuses signatures. Ah, la démocratie à l’algérienne, où chaque vote a son prix !

Mais, qu’on se rassure, pour baliser la route au président sortant, 68 autres individus, comprenant des élus locaux et des intermédiaires, sont par ailleurs poursuivis. Cependant, nos trois protagonistes, dans un coup de théâtre digne des meilleures séries, ont échappé à l’incarcération immédiate, bien que leur liberté reste sous surveillance judiciaire stricte.

La voie dégagée pour un second mandat

Du coup, le président sortant, au nom imprononçable, et ses deux rivaux restants, le candidat d’Abdelaali Hassani Cherif, candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste), et celui de Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes (FFS, social-démocrate) ont la voie dégagée pour conduire l’un des deux séniles du Muppets show made in Algeria vers l’élection.

Cela-dit, Saïda Neghza, toujours aussi combative que réactive, n’a pas manqué de dénoncer des fraudes et des pressions pour discréditer cette candidature assurée de la victoire finale dans un mois, le 7 septembre prochain. Neghza, connue pour ses critiques acerbes de la gouvernance actuelle, avait déjà mis en garde contre une gestion économique désastreuse sous le règne “du monarque de la démocratie“ investi par la junte de Chenegriha & Co.

La récente incursion dans la course présidentielle du bonhomme, a été accueillie par une avalanche d’accusations, révélant un paysage politique où l’ironie le dispute à l’absurde. Malgré ces rebondissements, le véritable défi réside dans la capacité de l’Algérie à restaurer la confiance en son processus électoral. Car, à ce rythme, même les farces les mieux écrites pourraient un jour lasser les spectateurs les plus indulgents.

Ainsi, l’Algérie continue de jouer sa partition sur la scène internationale, offrant un mélange de drame, de comédie et de corruption. Reste à savoir si le public, aussi patient soit-il, tolérera encore longtemps ce spectacle sans fin.

Election jouée d’avance : le scénario parfait pour un avenir scellé

L’élection présidentielle algérienne de 2024 se profile comme un théâtre d’ombres où les dés semblent déjà jetés. Les candidats encore en lice, malgré leurs discours enflammés, n’apportent aucune surprise dans une course dont le résultat paraît écrit d’avance. L’élimination judiciaire de trois prétendants pour « corruption politique » n’a fait que renforcer cette impression de contrôle absolu par les forces en place.

Le président sortant, fort de son appareil d’État, a su balayer toute opposition sérieuse. Les quelques rivaux restants, tels qu’Abdelaali Hassani Cherif et Youcef Aouchiche, apparaissent comme de simples figurants dans cette mise en scène où l’élu militaire endosse le rôle principal. La domination écrasante du président sortant et la faiblesse des prétendants sont des indices clairs que la compétition est une farce orchestrée.

La prochaine élection présidentielle algérienne ne sera ni plus ni moins qu’une confirmation de l’ordre établi. Les mécanismes de corruption et de contrôle étatique garantissent que le pouvoir reste entre les mains de ceux qui le détiennent déjà. Dans ce théâtre politique, la démocratie n’est qu’une illusion, et l’avenir politique du pays semble scellé bien avant le premier vote.

Ainsi, l’Algérie continue d’évoluer dans un cadre où l’issue électorale n’est que la réaffirmation de l’immuabilité du pouvoir. Les réformes devront attendre encore et encore, les espoirs de changement resteront en suspens, et le peuple, las de ces jeux politiques, observera passivement un avenir déjà décidé par un pouvoir corrompu.

Mohamed Jaouad EL KANABI

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