En déclarant la Constitution actuelle _”mauvaise_”, Félix Tshisekedi crée un problème sérieux à la Nation : la crédibilité du texte sur lequel il va désormais exercer ses prérogatives. Et la qualité avec laquelle il va représenter le Congo à l’extérieur du pays jusqu’à ce que la bonne Constitution (celle des Congolais par des Congolais et pour des Congolais) vienne remplacer la mauvaise (celle des étrangers réunis à Kisangani, en terre étrangère…
Et comment d’une chose réputée mauvaise peut sortir quelque chose de bon ?
Il s’appelait Laurent Monsengwo. Monseigneur, il était, à l’époque, président du Bureau de la Conférence nationale souveraine (CNS). Devant la fougue des honorables conférenciers qui voulaient en finir illico avec le maréchal Mobutu, il avait prodigué ce conseil sage : _”On ne brûle pas la maison avant d’avoir déménagé_”. Une autre façon de dire à Félix Tshisekedi : on ne désacralise pas la fonction présidentielle pendant qu’on est en train de l’exercer. Fatshi a la notoriété d’avoir l’expression libre assise sur la verve oratoire. Mais, en tant que Chef de l’État, il est tenu au devoir de réserve. Passe encore qu’il qualifie l’Opposition de “nzala” ! Encore que des faits indéniables prouvent qu’à un moment de sa vie, il a bénéficié du soutien des Opposants. Mais de là à qualifier de mauvaise la Constitution pendant qu’il doit encore à ce texte son pouvoir, là c’est trop fort. Car quelle valeur morale auront les actes d’État qu’il aura à prendre en se référant à la Constitution mauvaise ? Et comment, d’une chose réputée mauvaise, peut sortir quelque chose de bon ? A un moment donné, les Tshisekedistes doivent apprendre à admettre que le premier ennemi de Félix Tshisekedi, ce n’est ni la Constitution, ni les institutions, moins encore le peuple et l’opposition. C’est simplement sa langue. Cette langue qui est en train de faire rater à la RDC sa première alternance démocratique de 2018.
Pris au piège dans cette affaire
Nous avions tous cru qu’avec l’avènement de l’Udps au Pouvoir en 2018, le pays verra tous les cinq ans ou tous les dix ans (selon le cas) un nouveau Président de la République élu régulièrement. Après tout, depuis le 30 juin 1960, il n’y a dans ce pays parti à avoir mis 37 ans à se préparer à la conquête et à y parvenir par la voie électorale à part l’Udps. Aucun.
Le Mnc avait été créé quatre avant l’indépendance. L’Abako n’a commencé à s’intéresser à la qu’a la même période.
Or le Mpr et le Pprd sont nés au moment où leurs animateurs principaux (Mobutu et Joseph Kabila) étaient aux affaires.
Hélas ! Espoir perdu, car Félix Tshisekedi a décidé – au nom du principe selon lequel _”la politique est dynamique_”, de ramener le compteur à zéro, si bien qu’il va falloir conjuguer désormais au passé l’alternance démocratique tant vantée avec la cérémonie d’investiture du 24 janvier 2019.
On comprendrait encore – et il serait excusé pour cette initiative – si la révision préconisée de la Constitution ne le concernait pas lui-même !
Or, tout porte à croire que se sentant à l’étroit dans la Constitution en cours, il veut s’en tailler une à sa mesure pour 7 ans renouvelable une fois, soit 14 ans au-delà des 10 ans en consommation (2018-2028). Du moins à en croire l’audio du fédéral de l’Udps/Katanga.
Résultat : l’alternance démocratique hypothétique à escompter en 2042 (2028 + 14 ans) vient remplacer l’alternance démocratique vécue en 2018 !
A un moment donné, on devrait tout de même se demander pourquoi continuer à organiser dans ce pays des élections si l’objectif est finalement de porter à la tête du pays des femmes et des hommes bercés dans le messianisme.
Pour l’heure, force est de constater que le saut grand saut dans l’inconnu signé Udps pourrait, cette fois, avoir moins d’adhésion qu’on ne l’espère. Pour la bonne et simple raison que la majorité des acteurs alliés de l’Udps dans l’Union sacrée de la nation se retrouvent comme pris au piège.
Entre 2015 et 2018, ils s’étaient ouvertement prononcés contre la révision de la Constitution dont ils soupçonnaient Joseph Kabila d’avoir pris l’initiative. A leur tête, les Tshisekedi père et fils.
Et voilà qu’aujourd’hui, Félix Tshisekedi les prend de court.
C’est leur dignité qui est en jeu, et la dignité a quelque chose de sacré pour d’aucuns.
PROCHAINEMENT : _”Profession : changeur de constitution !_”
Omer Nsongo die Lema