Amélioration de la gestion des forêts et des paysages en République démocratique du Congo (RDC)

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Akim Kimosi, agronome et apiculteur de la concession de 4 hectares des acacias au village Ndongwa, dans le Kongo-Central. Photo : Creative Lens/ Banque mondiale

Bienvenue en République démocratique du Congo (RDC), un pays aux opportunités immenses et aux défis constants. Elle abrite des rivières puissantes, des gorilles de montagne, des exploitations minières, de la musique Soukous, ainsi qu’une forte pauvreté, des conflits locaux, des forêts étendues et une population tributaire de la forêt.

Les forêts de la RDC sont vastes et précieuses. Les deux tiers du pays sont couverts de forêts, qui font partie du bassin du Congo, où se trouve la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Plus de la moitié de la population du pays vit dans des zones rurales et isolées, la majorité dépendant de ces forêts pour leur nourriture, leur carburant et leurs revenus, souvent au détriment de l’environnement. Plus de 50 millions de personnes doivent donc concilier leur pain quotidien et la protection des forêts qui soutiennent leurs moyens de subsistance et représentent l’un des plus grands puits de carbone au monde. La question n’est pas de savoir s’il faut soutenir les populations ou protéger les arbres, mais comment briser le cycle de la pauvreté et de la dégradation de l’environnement, pour réaliser les opportunités écologiques et économiques que renferment ces forêts.

Des succès pour les populations et la planète

Au cours de la dernière décennie, le Projet de gestion améliorée des paysages forestiers (PGAPF) appuyé par la Banque mondiale a consacré du temps et des ressources à la résolution de ces problèmes. Lancé en 2014 avec un financement initial du Programme d’investissement forestier du Fonds d’investissement pour le climat et un financement supplémentaire du Fonds pour l’environnement mondial et de l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale, le projet a testé des approches novatrices pour améliorer les moyens de subsistance des communautés, renforcer la gestion durable des forêts et des paysages, et réduire les émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts.

En investissant dans un changement de comportement à long terme au sein des communautés rurales, le PGAPF a non seulement jeté des bases solides pour développer des moyens de subsistance moins dépendants des écosystèmes forestiers, mais il a également apporté des avantages concrets aux populations rurales confrontées aux effets quotidiens de la pauvreté et de la dégradation des sols.

‘’L’utilisation de nos fourneaux améliorés est très bénéfique pour les ménages. Un ménage qui utilisait deux sacs de charbon de bois par mois pour cuisiner, peut maintenant utiliser un seul sac -ou les deux tiers du sac – par mois, une fois qu’il a adopté la technologie de nos fourneaux améliorés. D’un point de vue écologique, nos foyers améliorés n’étouffent pas ceux qui cuisinent à haute température et ne polluent pas l’environnement‘’, explique Florence Kavira, l’une des bénéficiaires de subventions du projet pour la production et la commercialisation des foyers améliorés.

Afin de réduire cette dépendance à l’égard des forêts et de fournir aux familles des sources de combustible alternatives et fiables, le projet a fourni des fourneaux propres et efficaces qui ont amélioré la santé respiratoire de plus de 600 000 personnes et réduit la dépendance à l’égard des forêts pour le charbon de bois.

Vendeuse de makala (bois de chauffe) dans la commune de Ngaliema. Photo : Creative Lens/ Banque mondiale

‘’Opérationnel pendant une décennie, le projet a eu le temps de gagner la confiance des communautés et de se familiariser avec le paysage. Cela s’est traduit par des avantages tangibles qui s’adaptent et répondent aux besoins locaux, ce qui est essentiel pour obtenir des résultats et des impacts qui vont au-delà du cycle du projet‘’, déclare Patrice Savadogo, spécialiste principal en foresterie à la Banque mondiale et chef d’équipe du PGAPF. Savadogo fait référence aux succès du projet tels que l’établissement de 25 117 hectares de plantations agroforestières communautaires et privées, qui ont augmenté les revenus de plus de 248 500 personnes locales et indigènes, dont la majorité sont des femmes. La superficie des terres où des pratiques de gestion durable des terres ont été adoptées grâce au projet s’élève à 376 565 hectares, soutenus par 7 425 801 hectares couverts par des plans d’utilisation des terres. Le projet a également permis la signature d’un accord de paiement (ERPA) de 55 millions de dollars entre la Banque mondiale et le gouvernement de la RDC, qui fournira des paiements continus en fonction des réductions d’émissions réalisées par le pays.

Dans le cadre de l’ERPA, les contributions des communautés à l’amélioration de la gestion des paysages et à la réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts sont récompensées par le biais d’une initiative innovante de paiement pour les services écosystémiques (PES). À ce jour, le PES a déboursé plus de 3 millions de dollars en paiements basés sur les résultats, qui ont été réinvestis dans des microprojets menés par les communautés. Cette initiative en cours est essentielle pour améliorer les moyens de subsistance et permettra aux communautés et aux peuples indigènes de bénéficier directement de la protection des stocks de carbone forestier du pays.

Dans le village de Ndongwa de la zone de développement local de Lukula, au Kongo Central, un agriculteur et apiculteur, Akim Kimosi, a bénéficié d’une formation approfondie et d’un soutien pour se lancer dans l’apiculture afin de compenser son travail de défrichage et d’agriculture. ‘’Normalement, il n’y a pas de formation ici et nous survivons avec les connaissances que nous avons toujours eues. L’argent était rare, mais depuis que j’ai commencé ce travail [d’apiculture], les choses se sont améliorées. Maintenant, je peux éduquer mes enfants, payer le loyer et investir dans mon travail sur le terrain‘’, explique-t-il. Kimosi utilise toujours la forêt, mais là où elle était autrefois dégradée et malsaine, il constate aujourd’hui une croissance et une productivité accrues grâce à la réduction du défrichement et à des pratiques agricoles plus durables.

‘’Au lieu de formations ponctuelles ou de brefs programmes de renforcement des capacités, un investissement sur dix ans a permis aux communautés de voir les changements, d’intérioriser les nouveaux modes de vie et d’adopter volontairement des changements de comportement. L’abandon de l’agriculture sur brûlis au profit de l’agroforesterie durable dans les zones de savane n’a pas seulement été présenté en théorie, les populations locales ont réellement compris qu’il existait d’autres pratiques agricoles et ont pu constater les avantages à long terme pour leur vie et la forêt environnante‘’, explique Savadogo.

Forêt à Kempa, dans le Maï-Ndombe. Photo : Creative Lens/ Banque mondiale

Connexion et collaboration

 

L’étendue géographique de la RDC est l’une des plus vastes d’Afrique, ce qui fait que de nombreuses communautés sont coupées des centres urbains. Afin de soutenir l’agriculture durable et la gestion locale des forêts, et d’améliorer l’accès aux marchés et aux opportunités d’emploi, le PGAPF a considérablement investi dans l’amélioration de la connectivité rurale en réhabilitant et en construisant plus de 462 km de routes et 49 ponts. Outre l’isolement, les crises sanitaires mondiales et locales ont entraîné des difficultés attendues et inattendues au cours des opérations du projet. En réponse, le PGAPF a dû faire preuve de flexibilité pour travailler dans plusieurs secteurs et entreprendre une assistance sanitaire et une sensibilisation sur des questions telles que le planning familial, le VIH, l’Ebola et la pandémie de coronavirus COVID-19.

Ces activités liées à la santé et aux infrastructures répondaient directement à des problèmes urgents dans les zones où le PGAPF opérait et ont permis aux communautés de constater que le projet cherchait activement à améliorer leurs moyens de subsistance en fonction des besoins et pas seulement en réponse directe à des objectifs fixés. En aidant les communautés locales à surmonter les obstacles liés à la connectivité et à la santé, on leur a également permis de consacrer plus de temps et de ressources aux activités du PGAPF.

Mais il n’y a pas que le temps et les ressources qui ont été investis dans la résolution de ces problèmes à multiples facettes. ‘’Le PGAPF avait des champions à des niveaux élevés du gouvernement‘’, déclare Savadogo, expliquant que le ministère de l’environnement et du développement durable a non seulement défendu le projet, mais a également travaillé avec d’autres ministères pour mettre en place une collaboration durable et renforcée sur le site.

Au-delà du projet

Le PGAPF a officiellement pris fin en mai 2024, mais les changements politiques, environnementaux et comportementaux introduits au cours de la dernière décennie se sont ancrés dans la vie politique et quotidienne de la RDC. Près de 200 000 hectares de concessions forestières communautaires sont désormais actifs, les microprojets financés par le PES continuent d’aider les communautés autochtones locales, et des avantages durables découlent de l’amélioration des connaissances et des capacités de gestion durable des paysages, notamment en ce qui concerne l’établissement de plantations au service des communautés et de la biodiversité. En outre, l’ERPA encouragera la protection continue des immenses forêts du pays, sauvegardant ainsi leur valeur considérable en tant que puits de carbone mondial, atout économique national et source essentielle de moyens de subsistance locaux au-delà de la clôture du projet.

Bien que la protection des forêts de la RDC et des communautés qui en dépendent soit un effort continu, les résultats obtenus jusqu’à présent ont fait une différence tangible pour l’environnement, le climat et les moyens de subsistance locaux. Les succès et les enseignements du PGAPF ont été déterminants dans la conception d’un nouveau projet de 300 millions de dollars qui s’appuie sur les initiatives du PGAPF et les étend dans sept provinces, y compris la mise en place d’un système national de PSE. Après une décennie d’innovation et d’expérimentation de nouvelles approches, le projet a ouvert la voie à une gestion des forêts et des paysages qui apporte des contributions climatiques et environnementales pertinentes à l’échelle mondiale, des avantages économiques importants à l’échelle nationale et des moyens de subsistance essentiels à l’échelle locale.

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