
A la 37ème session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme dans l’Est de la Rdc, la RSSG Bintou Keita a rappelé la nécessité de poursuivre les négociations diplomatiques entre les Gouvernements de la République démocratique du Congo et du Rwanda, notamment dans le cadre du processus de Luanda. « Je tiens à souligner le risque d’expansion du conflit dans la région si des mesures urgentes, dissuasives et contraignantes ne sont pas prises pour arrêter l’escalade de la violence », dit-elle, avant de constater que le cessez-le-feu unilatéralement annoncé par le M23 et son partenaire l’Alliance Fleuve Congo, le 4 février, n’a tenu qu’un seul jour et permis le renforcement présumé de leurs positions au Nord- et Sud-Kivu et la reprise d’intenses combats dans les environs de la ville de Bukavu. La reprise des offensives dans des centres densément peuplés, comme ce fut le cas à Goma, entraînerait des conséquences dévastatrices sur la population civile.
Allocution de la RSSG Keita à la 37ème session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme dans l’est de la République démocratique du Congo
Le 7 février 2025, Genève
Merci, Monsieur le Président du Conseil des droits de l’homme,
Monsieur le Ministre de la Communication de la République démocratique du Congo,
Madame la Ministre des droits humains,
Monsieur le Ministre du Commerce extérieur,
Madame la Vice-Ministre des Affaires étrangères,
Monsieur le Vice-Ministre de la Défense Nationale,
Monsieur le Haut-Commissaire,
Distingués membres du Conseil des droits de l’homme,
Je vous remercie de tenir cette séance d’urgence sur la situation extrêmement inquiétante en République démocratique du Congo. J’exprime tout d’abord mes sincères condoléances au gouvernement et à la population congolaise qui est victime de ce conflit depuis 30 ans et continue de vivre dans la peur. Mes pensées se tournent aussi vers les FARDC, casques bleus et les soldats de la SAMIRDC qui ont perdu leur vie ainsi que ceux qui ont été blessés. Je salue leur engagement pour assurer une paix durable en République démocratique du Congo.
Je saisis également cette occasion pour condamner les attaques et les pillages contre les Nations unies et certaines ambassades le 28 janvier à Kinshasa. Je soutiens les initiatives des autorités pour traduire les responsables en justice et de prévenir la récurrence de pareils incidents.
Monsieur le Président,
Depuis le début de cette année, nous faisons face à une avancée sans précédent du M23 et des forces armées rwandaises. La prise de la ville de Goma, le 27 janvier, a été précédée de combats sanglants opposant d’une part les forces armées de la République démocratique du Congo et leurs alliés et d’autres part le M23 et les forces armées rwandaises. Ces combats en zone densément peuplée ont causé la mort d’au moins 2,900 personnes et plus de 3,000 blessés. Les conséquences à moyen et long terme m’inquiètent, surtout la résurgence du choléra et le risque élevé de Mpox, l’interruption brusque de la scolarité des enfants, et la multiplication des violences sexuelles liées au conflit et des violences basés sur le genre.
L’expansion territoriale du M23 au Nord-Kivu, où il occupe en partie quatre des six territoires, et la prise de plusieurs localités du territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, ont causé des déplacements massifs. De plus, nous constatons des violations et d’atteintes aux droits de l’homme, des dégradations matérielles, et un accès encore plus incertain aux services sociaux de base. Autrement dit, la situation humanitaire s’est drastiquement détériorée.
L’économie de la province de Goma a également été affectée par le conflit. Les activités agricoles et minières, principales sources de revenus pour la population et le gouvernement provincial, sont paralysées. En même temps, la lutte contre l’impunité des crimes graves promue par les autorités nationales risque d’être fortement entravée par les dommages causés aux institutions judiciaires de Goma. Il est impératif que des mesures urgentes soient prises pour stabiliser la région, rétablir la paix et permettre une reconstruction durable.
Monsieur le Président,
Je rappelle la nécessité de poursuivre les négociations diplomatiques entre les Gouvernements de la République démocratique du Congo et du Rwanda, notamment dans le cadre du processus de Luanda.
Je tiens à souligner le risque d’expansion du conflit dans la région si des mesures urgentes, dissuasives et contraignantes ne sont pas prises pour arrêter l’escalade de la violence.
Le cessez-le-feu unilatéralement annoncé par le M23 et son partenaire l’Alliance Fleuve Congo, le 4 février, n’a tenu qu’un seul jour et permis le renforcement présumé de leurs positions au Nord- et Sud-Kivu et la reprise d’intenses combats dans les environs de la ville de Bukavu. La reprise des offensives dans des centres densément peuplés, comme ce fut le cas à Goma, entraînerait des conséquences dévastatrices sur la population civile.
La criminalité et la montée de la justice populaire sont plus qu’alarmantes, avec la prolifération d’armes abandonnées par les soldats et l’errance de plus de 4,000 prisonniers évadés de la prison centrale de Goma le 27 janvier.