Il y a cinq jours , le 21 février 2024 à Bunia, l’Université Shalom de Bunia et le centre international de la traduction biblique commémoraient comme toute la communauté internationale chaque 21 février, la journée internationale de la langue maternelle. Véhicule de la culture, l’occasion était donc donnée à chacune des dix-huit (18) langues utilisées par les 21 communautés de l’Ituri de s’exprimer pour qu’elles se sentent acceptées par les autres, afin d’éviter la disparition des langues et des cultures, apprend-on de Blaise Wathum, un journaliste dans le chef- lieu de la province de l’Ituri issue de la grande Province Orientale démembrée, et située dans l’extrême nord-est de la RDC.
Bien que sous état de siège à la suite de l’insécurité dans la partie orientale de la République démocratique du Congo souvent attisé par des conflits interethniques, les ituriens ont mis à profit la célébration de la journée internationale de la langue maternelle le 21 février 2024, pour resserrer les liens entre communautés par la culture.
Pour le professeur et traducteur de la bible Bagamba Arali, il faut standardiser les langues pour leur sauvegarde.
«la standardisation des langues signifie que le spécialiste puisse étudier et établir le nombre de dialectes de la langue et à la fin de cette étude, on désigne à la communauté la variété la mieux et la plus comprise et c’est cette variété là qu’il faut écrire. Alors, une fois la langue est écrite, maintenant, on peut conserver les connaissances que la communauté a développé au fil des ans, on ne sait pas combien de milliers d’années. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce que nous puissions emmener les langues vers l’écrit, parce que maintenant nos enfants ne passent plus de temps avec nous à la maison, les enfants sont à l’école, mais, il faut arriver aussi à faire passer le message de l’oral à l’écrit» a déclaré le Professeur Bagamba cité par Blaise Wathum.
« chaque communauté a d’abord une langue en Ituri et ces langues doivent être protégées comme toutes les autres langues et nous avons compris que par rapport aux enseignements qu’on nous enseigne dans des écoles, on nous enseigne l’anglais, la langue française alors que nous avons nos langues maternelles. Nous pensons que c’est un moment opportun pour que les communautés comprennent que leurs langues aussi sont importantes pour véhiculer les messages, les pensées dans les communautés. Toutes les communautés doivent prendre conscience pour la protection de leurs langues maternelles. Il n’y a pas une langue qui soit supérieure à l’autre. Nos langues sont beaucoup plus importantes dans nos communautés. Nous sommes dans l’intérêt d’apprendre à nos enfants nos langues maternelles» a expliqué Michel META.
Douglas Boom, chercheur en linguistique au Centre de Traduction Biblique de Bunia précise que «la langue maternelle marque une identité intime, et sa perte risque de déclencher une crise chez chacun dans chacune des communautés. Cette langue véhicule les connaissances essentielles liées aux patrimoines culturels.»
Quelques communautés de l’Ituri dont Ndoo, Alur, Hema, Kakwa, Lendu, ont célèbré cette journée à travers des scénettes pour exprimer les valeurs culturelles.
Rappelons que la journée internationale de la langue maternelle a été instituée par les Nations-Unies en 1999.
Willy Makumi Motosia