Le Président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), Denis Kadima Kazadi, a appelé les organisations de la société civile, chacune à son niveau, à jouer sa partition afin de contribuer à l’aboutissement du processus électoral qui doit déboucher sur des élections en décembre 2023.
C’était au cours du cadre de concertation organisé dans l’amphithéâtre de l’Université William Boots, dans l’enceinte de la confession religieuse Armée du Salut en présence des membres du bureau et de la plénière de la CENI et des représentants des partenaires techniques de la Centrale électorale notamment le Directeur pays de la Fondation Internationale des Systèmes Électoraux (IFES), Theophillus Dowetin, et du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD).
Le Président de la CENI a développé son intervention autour des acquis à mettre au crédit de toutes les forces vives de la Centrale électorale engagées à remplir la mission qui lui est assignée pour ne pas faillir à la tâche.
« Le processus électoral devant conduire aux scrutins de décembre 2023 est à une phase importante. Les candidats indépendants, les partis et regroupements politiques sont appelés à soumettre leurs candidatures selon les prescrits de la loi et les procédures de la CENI. Pour ce faire, il est important pour la CENI que tous les compétiteurs aient le même niveau d’information. La société civile est un partenaire clé, pour ce faire, nous comptons sur vous pour qu’il y ait un nivellement par le haut. En effet, le management de la CENI, dès son installation, a tenu à se doter d’un plan stratégique.
Cet instrument majeur de gouvernance a inscrit parmi ses priorités l’amélioration de la participation de toutes les parties prenantes principalement les partis politiques et les organisations de la société civile, à travers notamment l’organisation les cadres de concertation. Raison pour laquelle, je profite de cette tribune pour rappeler brièvement le parcours déjà accompli par la Centrale électorale. En un temps record, le bureau de la CENI a été mis en place avec plusieurs mois de retard. Néanmoins, elle a pu présenter sa feuille de route assortie aussi de possibles risques. Elle a procédé à l’actualisation de la cartographie des centres d’inscription. Elle a rendu public le calendrier électoral, et a pu acquérir près de 30 000 kits pour l’identification et l’enrôlement des électeurs. Elle a introduit plusieurs innovations afin de rattraper le temps perdu. Nous avons mis en place le Pré-rap, en améliorant la prise des empreintes digitales (avec 10 doigts) à laquelle nous avons associé l’iris. En vue d’avoir un processus d’enrôlement fiable et nous avons pu enrôler près de 44 millions des Congolais. Je dois remercier la société civile pour avoir participé à la mobilisation de la population. Je sais que les moyens n’étaient pas abondants, mais avec le peu que vous aviez, vous nous avez aidés à enrôler un maximum de compatriotes », a soutenu Denis Kadima Kazadi.
« Les élections auront donc lieu à la date prévue »
« La CENI a procédé aussi à l’audit interne et externe de son fichier électoral conclu avec des recommandations pertinentes que nous allons mettre en œuvre le plus tôt possible et le rapport de l’audit est disponible sur notre site internet. Enfin, la CENI a préparé l’avant-projet de loi sur la répartition des sièges adopté par les deux Chambres du Parlement et a été récemment promulgué par le chef de l’Etat. Il n’y a plus rien qui peut nous arrêter pour convoquer l’électorat le 25 juin 2023 et ouvrir les bureaux de réception et traitement des candidatures dès le lendemain. La CENI appliquera le principe d’inclusivité absolue. Si vous avez un dossier complet en ordre, vous ne serez pas écarté. Nous ne sommes pas là pour exclure les candidats. Les élections auront donc lieu à la date prévue. Nous sommes à notre quatrième cycle électoral, il y a beaucoup de choses que nous avons apprises ensemble. Et la société civile a toujours été le partenaire dans plusieurs domaines : la sensibilisation et l’information des électeurs, la prévention et la résolution des conflits électoraux. Mais il y a aussi l’observation électorale.
À propos de celle-ci, les observateurs ont fait un travail utile dans ce sens qu’ils nous ont donné des avis indépendants de nous. Des gens se sont déployés à l’intérieur du pays et nous avons pris au sérieux vos considérations. Chaque fois que des recommandations nous ont été faites nous les avons prises en compte et le processus est allé en s’améliorant. Cela dit, nous apprécions le travail que vous faites », a-t-il relevé.
Le numéro un de la Centrale électorale s’est appliqué à faire œuvre de pédagogie en apportant une quantité d’informations édifiantes pour éclairer la lanterne de la communauté. « Il faut faire la part entre l’observation et la surveillance électorale. Les deux ont des similarités, mais il y aussi une différence fondamentale. En matière d’observation, vous faites la collecte systématique des données en déployant des gens en faisant, au bout du compte, vos annotations en publiant un rapport. La surveillance accomplit la même démarche, mais va au-delà, car celui qui surveille peut interférer avec le processus en disant aux organisateurs d’arrêter ce qu’ils sont en train de faire, quand ce n’est pas correct. Les observateurs ne font pas d’interférence, mais avec des recommandations. Chaque pays fait son choix. Certains ont opté pour la surveillance comme le nôtre. C’est à juste titre, car, quand observe, on ne peut pas toujours penser qu’on connaît toute la matière, on risque de faire même des interférences qui peuvent aller dans le sens contraire de ce qui est prescrit. Nous accréditons les observateurs pour la société civile et les témoins pour les partis politiques. Quand chacun joue son rôle, ça va nous aider », a argumenté le Président de la CENI.
L’indépendance doit s’accompagner de la transparence et de la redevabilité
Mettant en avant la notion d’indépendance de la CENI s’accompagnant de celle de la transparence avec devoir de redevabilité envers la population.
« Je voudrais évoquer une notion qui nous est chère celle d’indépendance. Il y a des pays dont le ministère de l’Intérieur organise les élections et les gens s’en plaignent, car ils mettent en doute leur indépendance. La RDC a opté pour une structure détachée de ce ministère. Donc nous sommes une Commission Électorale Nationale Indépendante. Il est donc important que cet adjectif ‘’indépendant’’ soit scrupuleusement respecté par tous. L’indépendance doit s’accompagner de la transparence et de la redevabilité. Dans notre cas, nous ne ménageons aucun effort pour assurer la transparence. L’indépendance doit être dosée, elle n’est pas absolue, il faut que nous nous ouvrions à travers la transparence. Celle-ci ne doit pas non plus être excessive, parce qu’elle va affecter l’efficacité. Nous devons garder la mesure dans tout ce que nous faisons. Si vous observez bien, considérant tout ce qui s’est fait auparavant, on remarquera aisément que c’est ce cycle présent qui vraiment ouvert la porte à l’observation de long terme qui permet une observation systématique et on le fera jusqu’à la phase post-électorale. C’est donc une amélioration qu’il faut apprécier. Nous sommes déterminés à avoir un processus transparent », a fait valoir Denis Kadima Kazadi.
Réaffirmant, dans la conclusion de son intervention, la détermination absolue de son équipe à relever le défi de taille qui l’attend : « Soyons engagés dans ce processus pour que la RDC soit gagnante. Car si les élections ne se passent pas bien, cela va nous fragiliser davantage. Nous considérons les élections comme un front à gagner absolument… ».
Clarifier les règles et procédures
Bien auparavant, le 2e vice-Président, Didi Manara Linga, en charge de l’organisation des cadres de concertation a mis en exergue le contexte de ces instants de dialogue et d’échange qui favorisent une compréhension mutuelle dans le sens d’une harmonisation souhaitée par tous.
« La dernière fois, nous nous sommes retrouvés au Palais du peuple, c’était en décembre 2022 pour parler de la révision du fichier électoral. Il vous souviendra qu’avant le lancement de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs qui a débuté le 24 décembre 2022, la CENI s’est montrée attentive aux préoccupations des parties prenantes et particulièrement celles des organisations de la société civile. Non seulement à travers le cadre de concertation, mais également à l’occasion de différentes rencontres notamment aux Journées portes ouvertes organisées par la CENI pour consolider la transparence et de donner des assurances sur l’intégrité du fichier électoral. Ces attentes avaient porté sur la régularité des échanges et le renforcement du partenariat en vue d’un processus électoral transparent, inclusif et apaisé. Après l’adoption de la loi sur la répartition des sièges par les deux Chambres du Parlement et sa promulgation par le Président de la République, plus rien ne pourra empêcher la convocation de l’électorat à travers le lancement de l’importante opération de réception et traitement des candidatures », a indiqué Didi Manara Linga.
Et de renchérir : « C’est pourquoi, la plénière de la CENI, sous le leadership de son Président Denis Kadima Kazadi ne pouvait pas laisser cette occasion de partager avec toutes les composantes de la société civile. C’est pour la CENI l’occasion de clarifier les règles et procédures en cours en vue de permettre aux futurs candidats de se préparer à déposer, en toute responsabilité, leurs dossiers de candidature au niveau de nos bureaux de réception et de traitement des candidatures à partir du 26 juin courant ».
Pour sa part, le Secrétaire Exécutif National, Thotho Mabiku Totokani est revenu sur les dates sur les grandes dates qui nous séparent de prochains scrutins de décembre 2023, avant que le Directeur Juridique, Eddy KISILE et le Directeur des opérations, Joseph Senda, n’abordent les questions de procédure pour le dépôt de candidature.
Le Directeur-pays d’IFES, Theophillus Dowetin, a recommandé aux organisations de la société civile de chercher la vérité vraie pour auprès de la CENI à la place de ‘’la vérité politique’’, question d’être mieux informées au détriment de tout ce qui se dit à travers divers canaux de communication, dont la véracité n’est pas toujours avérée. La partie interactive a permis à l’auditoire d’en savoir un peu plus sur diverses préoccupations soulevées par l’assistance.