Comme en 1996 avec l’Afdl, même décor, même modus operandi ! Mêmes erreurs aussi ?

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Lorsque Thucydide disait que ” L’histoire est un éternel recommencement”, il pensait peut-être à la RDC. En effet, par rapport aux rébellions apparues au cours de ces trois dernières décennies, la ressemblance est frappante. Tenez ! Comme point de départ de la nouvelle rébellion, c’est encore le Kivu. Hier, avec l’Adfl, le Sud-Kivu à partir de Lemera. Aujourd’hui, avec l’Afc, le Nord-Kivu au départ de Kiwanja. Hier, c’était avec Laurent-Désiré Kabila porte-parole. Aujourd’hui, Corneille Naanga en qualité de coordonnateur. Hier comme aujourd’hui, on sent la main, sinon le bras de Kigali et de Kampala. Dans une interview accordée à TV Tshangu, Corneille Naanga a avoué que son mouvement, à l’instar de toutes les organisations insurrectionnelles dans le monde, bénéficie d’un soutien extérieur qu’il s’est abstenu cependant d’identifier. Bien entendu, les Congolais ” nyosolongues ” (qui connaissent tout) ont pointé du doigt Paul Kagame. Le 28 mars dernier, à Kiwanja, Corneille Naanga s’est fait accompagner certes des dirigeants du M23 connus : Bertrand Bisimwa et Willy Ngoma. Mais aussi, nouveauté, de quelques jeunes s’affichant autrefois du Pprd : Adam Chalwe, Henri Maggie Walifetu et Yannick Tshisola. De quoi rappeler le ralliement à l’Afdl de certains Jeunes Turcs de l’Opposition pro-Cns. Cas de Me Kinkela Vik’ansy ! Donc, sous le soleil congolais, rien de nouveau…

Premiers à louer les libérateurs et à s’offrir à l’AFDL…

Oui, rien de nouveau car en 1996, lorsque l’Afdl avait lancé son aventure, il y avait eu des acteurs politiques, des médias, des mouvements de masses etc. pro-Mobutu qui tenaient le même discours qualifiant des traîtres les Zaïrois ayant rejoint ce qu’ils catégorisaient 5ème colonne au service du Rwanda et de l’Ouganda.

Il y avait eu des Eliezer Thambwe pour réclamer la potence pour tout Zaïrois qui affichera sa sympathie à l’égard des rebelles. Et, à la surprise générale, il eut un certain Étienne Tshisekedi qui présenta L-D. Kabila en fils du pays (mwana mboka). Bien sûr, le lider maximo faisaiit pression sur Mobutu en vue de rentrer à la primature. Ni l’appareil judiciaire, ni l’appareil sécuritaire n’avaient tenté de l’appréhender. A la place du Csac de Christian Bosembe, il y avait eu des officiels qui mettaient en garde les médias zaïrois contre toute tentative de relayer les messages de l’Afdl. La presse pro-Udps releva le défi. Personne n’osa l’étouffer.

Le fait est que plus les villes tombaient devant une armée moralement, physiquement, financièrement et matériellement désarmée car réduite à détaler devant l’ennemi en se livrant sur son passage à des pillages et à des violences sexuelles (selon l’Opposition d’alors relayée par des médias et des ONG voués à la défense de la même Cause), plus les rebelles gagnaient du terrain.

Au final, avec la chute de Kisangani survenue après la déclaration forte “Kisangani ne tombera pas”, le boulevard pour la chute de Kinshasa était tout tracé. Sept mois après Lemera, Kinshasa tombait effectivement le 17 mai 1997.

Et on assistat à l’insolite : les pro-Cns furent parmi les premiers à s’offrir à Laurent-Désiré Kabila pour des emplois !

Certains firent pires en devenant des informateurs avec des B.I. bidonnés pour faire arracher à tel mobutiste sa maison sinon son charroi automobile, à tel autre son entreprise sinon son conjoint !

Du reste, les accompagnateurs étrangers de l’Afdl étaient les premiers à s’étonner de la méchanceté des Kinois. De Bukavu à Lubumbashi en passant par Goma, Bunia, Kisangani et Mbuji-Mayi, ils n’avaient pas vu des Zaïrois les conduire vers les résidences ou les entreprises des mobutistes pour la sale besogne. Ce n’est qu’à Kinshasa où ils avaient observé cette dérive…

Parenthèse ouverte et fermée.

Replantons le décor de 1996

Est-ce que Corneille Naanga aura-t-il la même fortune de Laurent-Désiré Kabila ?

Avant de tenter la moindre réponse, et avant que les ” nyosolongues ” ne réagissent comme ils savent désormais le faire, replantons plutôt le décor de 1996 avec ce constat mis au temps présent. Celui qui y trouve à redire n’a qu’à le faire :

1. Les institutions issues des négociations de l’hôtel Intercontinental (Grand Hôtel-Pullman) en 1994 pour mettre fin au dédoublement institutionnel (schémas Conférence nationale souveraine et Conclave politique de Kinshasa) peinent à fonctionner. Le HCR/PT n’a pas de président après le débarquement forcé de Mgr Laurent Monsengwo ;

2. A partir de mars 1997, le Premier ministre n’est plus issu de la Constitution. C’est l’armée qui prend les choses en mains ;

3. Les forces armées, la police (Garde civile et Gendarmerie) ainsi que les services de sécurité sont dans tous les abus ; ils ne rassurent plus la population civile du fait de se livrer à toutes formes de tracasseries ;

4. L’administration publique est totalement désarticulée ;

5. Le chômage est au maximum ;

6. L’économie, déjà exsangue et en plus extravertie, est étranglée par un trop plein de taxes devenues source principale des recettes budgétaires ;

7. La Gécamines fonctionne au ralenti, la Miba voit ses gisements envahis par les exploitants artisanaux qui préfèrent investir ailleurs qu’au Kasaï ;

8. Le pouvoir d’achat est laminé ;

9. Le dollar américain reste roi, le taux de change étant continuellement en sa faveur ;

10. La corruption bat son plein ;

11. Les écoles publiques (du primaire à l’université) s’abonnent aux années blanches ;

12. Les unités médicales deviennent sont des mouroirs ;

13. Les Corps enseignant et médical s’abonnent, eux, à la grève à cause de la modicité de la paie et du cumul des arrières ;

14. Le phénomène délestage en fourniture d’eau et d’électricité s’accentue ;

15. Le transport urbain, atteint de plein fouet par un réseau routier difficilement praticable, devient un casse-tête chinois ;

16. Les droits de l’homme sont constamment violés ;

17. La justice est monnayée ;

18 Les relations diplomatiques avec les pays et les institutions de l’Occident sont exécrables, la coopération structurelle suspendue ;

19. Les visas deviennent problématiques dans les ambassades des pays occidentaux. L’un des moyens de se rendre en Occident est d’évoluer dans l’Opposition et de ” se faire enlever ” au cours d’une manifestation contre le régime dictatorial du maréchal. C’est l’époque où les journaux papier apparaissent avec des ” AVIS DE RECHERCHE “…

Bref, ” le pays va mal”, pour paraphraser le rastaman Alpha Blondy.

Ventre affamé n’a point d’oreilles

Au regard de ce qui précède, on croirait en cette année 2024, à quelques exceptions près, à une duplication de l’année 1996 avec pour effet aggravant l’avènement d’internet, surtout des réseaux sociaux.

Ceux qui sont convaincus du fait que les mêmes causes produisent les mêmes effets s’attendent certainement à ce qu’ils imaginent !

Question : est-elle vraiment nécessaire, la reproduction du schéma de l’Afdl par l’Afc ou par une autre voie que celle des élections ?

Réponse directe : non !

Le tort serait pour tous les protagonistes congolais, sans distinction, de laisser ce schéma s’accomplir pendant qu’il est possible de l’éviter ; tout homme averti étant censé ne plus commettre la même erreur.

Le premier ennemi à identifier dans l’homme congolais, c’est son ego (égoïsme, égocentrisme).

Égoncé dans sa zone de confort garantie par le phénomène TNB (Tour Na Biso), il limite la jouissance à son précarré.

Ça peut être un fait culturel ou cultuel, mais cela n’empêche pourtant pas d’entretenir le “vivre-ensemble” qui n’est possible que dans l’humilité.

Le problème de la RDC est justement-là : manque d’humilité.

Autrement, on aurait compris qu’en 1996, le vrai adversaire de Mobutu n’était vraiment pas Etienne Tshisekedi comme nous le faisait croire la propagande politique. C’était en réalité “ventre affamé n’a point d’oreilles”.

En 2024, le vrai adversaire de Félix Tshisekedi n’est ni Joseph Kabila, ni Corneille Naanga, comme on le prétend. C’est encore ” ventre affamé n’a point d’oreilles”.

C’est ” ventre n’a point d’oreilles ” qui avait sanctionné négativement Shadary en 2018.

Comme pour dire du successeur de Félix Tshisekedi – peu importe l’échéance – qu’il subira la même sanction si “ventre affamé n’a pas d’oreilles” continuait à préoccuper les Congolais.

Que vaut-il entendre par “ventre affamé n’a point d’oreilles ?”. C’est le fait de priver le peuple du droit à la vie, tous domaines confondus. Surtout quand l’homme de la rue voit les autres réussir par la tricherie pendant qu’il échoue…

Le petit peuple n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts

Leçon à tirer : entre le tenant et le non-tenant du pouvoir, le perdant dans toute confrontation armée est toujours le tenant. Car toute confrontation lui coûte des énergies.

Ce qui était vrai en 1996 ne peut que l’être en 2024 ou plutôt en 2028.

La guerre, c’est bon de la déclencher, c’est bien de lui résister, c’est toutefois mieux de la gagner. Mais, en termes sonnants et trébuchants (lisez espèces), elle ne profite qu’à la minorité des ” initiés ” pour qui elle est juste une source d’enrichissement.

La vérité autour de la guerre est que le peuple se contente de pain et d’eau.

L’exemple peut choquer, mais il faut l’évoquer quand même :

1. Si un certain Joseph Kabila n’avait pas eu la sagesse de négocier dans le cadre du Dialogue intercongolais, il n’aurait peut-être jamais réussi à faire construire les grands boulevards et les grandes avenues de Kinshasa sans lesquels, reconnaissons par honnêteté intellectuelle, la circulation serait devenue quasiment impossible à Kinshasa, pour ne citer que la voirie urbaine.

2. Son prédécesseur, Laurent-Désiré Kabila, n’est pas allé loin dans ce domaine. Se considérant dans son bon droit, il refusait tout compromis et rejetait toute compromission quand il s’agissait de la souveraineté nationale. Ce qui était parfait.

Pendant l’agression du 2 août 1998, il s’était retrouvé avec des pertes de terrains semblables à celles rapportées par Bintou Keita le 27 mars dernier en ces termes : *La Force régionale de l’EAC a achevé sa mission au début du mois de janvier. Entre-temps, le M23 a réussi à occuper toutes les anciennes positions de cette Force, ce qui lui a permis de se déplacer vers le sud et d’encercler Goma. En même temps, la Force de la SADC continue son déploiement de 2.000 soldats qui ont d’ores et déjà été déployés».

Ceux qui tenaient à le mettre à genou se servaient des décrochages au front militaire.

Prions pour que le Csac ne s’en approprie pas pour des sanctions “devinables”.

3. Félix Tshisekedi, successeur de Joseph Kabila, vient de passer 5 ans aux affaires sans ouvrir un seul boulevard (pas avenues ou rues) dans la capitale pendant que les Belges ont laissé des artères destinées à cet effet. A la base : l’absorption du budget de l’Etat par un effort de guerre qui se révèle à la fois ruinant et ruineux pour le peuple qui, lui, n’a pas d’amis.

Répétons-le pour une bonne compréhension : le peuple n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts, pour paraphraser Charles de Gaulle qui parlait, lui, d’Etats.

En définitive, quand le peuple ne trouve pas son compte dans n’importe quelle épreuve, il embrasse facilement tout “libérateur”, peu importe pour celui-ci d’en cacher un autre…

Honni soit mal qui y pense !

Prêt pour “Taisez-vous, gamins !”

Omer Nsongo die Lema

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