Sauf imprévu, le Chef de lEtat effectue incessamment son premier voyage d’Etat au pays de l’Empire du Milieu. Un déplacement attendu depuis 2020, mais mis en veilleuse à cause du Covid-19 ; la Chine ayant fermé ses frontières deux ans durant…
Pour les avoir ouvertes officiellement en janvier 2023, Pékin permet à sa diplomatie de rétablir des visites en présentiel. Doù celle du Président Xi Jinping en Russie, tout comme celles de ses homologues français Emmanuel Macron, brésilien Lula et gabonais Ali Bongo rien quau mois davril dernier en Chine.
On ne peut même pas comptabiliser le nombre de visites effectuées par le ministre chinois des Affaires étrangères dans plusieurs pays du monde et celui de ses collègues ayant séjourné en Chine au cours de ces quatre derniers mois.
Quoi de plus normal que ce soit le tour du Président de la République Démocratique du Congo de le faire, lui qui s’est déjà rendu plus d’une fois aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France, et une fois en Russie, pour ne citer que les Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu.
Quand on connaît la position adoptée, affichée et assumée par Pékin au sein de cet organe où l’axe occidental a visiblement réussi à amener les siens à « lâcher Kinshasa » par rapport à la question sécuritaire de l’Est de la RDC, rien ne justifie la chinophibie suscitée et développée par certains faiseurs d’opinion congolais au cours de ces dernières années.
Certes, « vieille » d’une cinquantaine d’années seulement, la coopération sino-congolaise n’est pas exempte de critiques. Mais, de là à lui attribuer tous les péchés d’Israël, et le faire en plus par procuration en présentant la Chine en ogresse de l’Afrique en général et de la RDC en particulier, c’est là que le bât blesse.
Aussi, loccasion est-elle indiquée le rappeler : si la Chine nétait pas intervenue en 2008 dans le contrat « infrastructures/mines », le Congo aurait peut-être disparu de la carte du mode dans sa configuration de 1960. Ceci de un.
De deux, choisir précisément le moment où le Chef de l’Etat s’apprête à se rendre en Chine pour se rappeler au souvenir de l’opinion avec des « performances » dont celle d’avoir épinglé une entreprise congolo-chinoise, et cela pendant qu’on a conscience d’avoir violé délibérément les règles établies, c’est agir comme si on reste déterminé à mettre Félix Tshisekedi en position délicate devant ses interlocuteurs.
En effet, ce n’est pas un fait du hasard que ce soit à ce moment quon évoque les performances d’un service public avec la moitié du texte en publication dans les médias consacrée à la coopération sino-congolaise mise à mal.
Ça revient, ni plus ni moins, qu’à poignarder au dos le Président de la République.
On ne peut pas, en toute logique, se réclamer de Félix Tshisekedi et mettre en même temps la peau de banane sur son chemin alors qu’on est sait que dans son programme de séjour en Chine, le Chef de lEtat aura des rencontres de haut niveau avec des grands du monde politique, du monde économique et du monde socio-culturel chinois.
La Chine d’aujourd’hui, c’est un partenaire qui pèse sur tous les plans. C’est auprès delle que toutes les puissances économiques de l’Amérique à l’Océanie et de l’Asie à l’Europe, qui se battent et se combattent pour accroître leur emprise sur l’Afrique, vont chercher des capitaux frais et des technologies nouvelles pour rester en pole position.
Rien ne peut, par conséquent, justifier le sabotage de la visite de Félix Tshisekedi.
Dailleurs, une tradition sest instaurée depuis la rencontre de Mobutu avec Mao en 1972 : à lexception de Joseph Kasa-Vubu, tous les autres Chefs dEtat ont visité la Chine. Laurent-Désiré Kabila en 1997 et Joseph Kabila en 2015.
Huit ans après, une nouvelle visite ne peut quêtre souhaitée. Les circonstances (pour dautres la Providence) font que Félix Tshisekedi et Xi Jinping soient les deux premiers Présidents de la République à saluer la célébration du Cinquantenaire de la coopération sino-congolaise.
Après le « tête-à-tête » au téléphone, un face-à-face mérite plutôt dêtre encouragé.
R.D.