C’est par le communiqué n°001/USN/AKT/2024 signé Augustin Kabuya, sans qualité définie, et avec pour seule mention “Coordination”, que cette décision extrêmement grave est annoncée.
Pour plus de précision, en voici le texte intégral : “En application du Règlement Intérieur, l’Assemblée Nationale procédera, dans quelques jours, à l’application de son Bureau définitif.
“A cet effet, le Présidium de l’Union Sacrée de la Nation me charge, comme Responsable de la première force politique de la coalition majoritaire d’inviter les Députés nationaux membres de la Majorité pour l’élection primaire en vue de la désignation d’un seul candidat au poste de Président de l’Assemblée nationale. Ladite rencontre élective aura lieu ce mardi 23 avril 2024 à partir de 14 heures au Palais du Peuple.
“Ainsi, les élus du peuple auront le choix entre les concurrents ci-après :
1. Honorable BAHATI LUKWEBO Modeste
2. Honorable KAMERHE LWA KANYIGANYI Vital
3.. Honorable MBOSO N’KODIA PWANGA Christophe
“La présence de tous est souhaitée pour la désignation de cette personnalité pour assumer la mission générale de direction et de représentation de l’Assemblée nationale.
“Fait à Kinshasa, le 22 avril 2024”.
Les premières observations portent sur la tenue même de la réunion du Présidium de l’USN. Le communiqué est muet sur les membres y ayant pris part, moins encore sur la date et lieu.
Pour une structure informelle qui se charge de la mise en place des Institutions de la République, la moindre des choses aura pourtant été la publication du document du Présidium chargeant Augustin Kabuya de cette responsabilité énorme, outre l’évocation du dispositif du Règlement Intérieur de l’USN instituant les primaires pour départager les concurrents.
Vraisemblablement, l’initiative des primaires a été imposée aux trois candidats dont deux sont du Sud-Kivu (Grand-Kivu) et l’autre du Kwango (Grand Bandundu).
Ainsi, sous le leadership de l’Udps, l’Union sacrée de la nation ne veut pas assumer sa responsabilité dans la catastrophe annoncée.
En effet, le duel planifié Bahati-Kamerhe n’est pas pour rassurer le Sud-Kivu réduit à voir deux de ses fils s’entre-déchirer pour le poste de président d’une Assemblée nationale appelée deux gros enjeux inflammables : procéder à la re-visitation de la Constitution et gérer le second et dernier mandat de Félix Tshisekedi, tout en faisant conserver à l’Udps le Pouvoir après 2028.
C’est à ce même exercice, du reste, que sera confronté Christophe Mboso, voire tout autre speaker national au courant de cette législature.
A supposer que l’un des Sud-Kivutiens passe, Bahati ou Kamerhe ne se reconnaîtra ni véritablement ni nécessairement redevable à Félix Tshisekedi pour une raison valable : en les amenant sur le terrain des primaires, le Chef de l’Etat leur aura prouvé qu’aucun d’eux n’est son choix. La suite se devine.
Si, par contre, il se maintient en poste malgré son poids politique léger, Christophe Mboso aura conscience de ne pas bénéficier pleinement du soutien des députés nationaux Afdc-Unc et Alliés, encore moins celui du Chef de l’Etat qui ne l’aura pas adopté comme son choix.
Qu’il y ait désistement ou pas, le ponce pilatisme ou la fuite en avant (que sont les primaires improvisées) traduit la fragilisation de la Majorité parlementaire.
Au fait, dès qu’Augustin Kabuya a retiré sa candidature du poste de premier vice-président du prochain bureau de l’Assemblée nationale, les observateurs avertis pressentaient un coup fourré. Les prmaires en sont un.
Malheureusement, les choses pourraient aller de mal en pis en ce que, dans la configuration “géopolitique à la congolaise ” actuelle, le décor en état d’être planté par le régime Udps pour l’animation des institutions politiques de la République est celui-ci :
1. Président de la République avec Félix Tshisekedi : Espace Kasaï ;
2. Premier ministre avec JudithTuluka : Espace Kongo
3. Président de l’Assemblée nationale nationale avec Vital Kamerhe ou Modeste Bahati : Espace Kivu, à défaut Christophe Mboso : Espace Bandundu (sauf changement de dernière minute) et
4. Président du Sénat : à pourvoir.
A quel Espace va-t-il falloir confier la présidence de la chambre haute ? Espace Équateur ? Province Orientale ? Ou plutôt Katanga ?
Déjà, on ne voit pas un président du Sénat qui soit du Katanga quand on pense à la vacance prévue à l’article 78 au cas où le Président de la République est mis en impossibilité d’exercer ses fonctions.
Certes, dans la redistribution des maroquins, il se constate qu’après la présidence de la République exercée entre 1997 et 2018 successivement par Laurent et Joseph Kabila, après la primature exercée récemment par Ilunkamba et Lukonde, le Katanga est cette fois absente de l’animation de l’une des 4 institutions politiques de la République. Cela pourrait bien susciter un effet boomerang.
En vérité, ce qui arrive aujourd’hui au pays est la preuve d’un relâchement coupable. Probablement, après avoir défenestré le Fcc de la Majorité parlementaire fin 2020, l’Union sacrée de la nation ne s’est pas préoccupée de planifier la gouvernance institutionnelle pour le second et dernier mandat de Félix Tshisekedi. Car, si tel avait été le cas, elle aurait pu, au regard de l’expérience de 2019, organiser les choses en fonction du calendrier électoral. Elle disposait de toutes les ressources humaines et financières pour procéder à des simulations.
Or, là, on est visiblement de plain-pied dans la navigation à vue.
Cette initiative des primaires pour désigner le président de l’Assemblée nationale en est la preuve grandeur nature ! Elle se révèle en réalité un sale coup qui affectera terriblement le leadership de Félix Tshisekedi.
Omer Nsongo die Lema