« Détruisez cette église : le royaume de Dieu apparaitra », c’est le nouveau livre de l’Abbé Arthur Lubwika. A en croire une synthèse publiée dans le site internet morebooks.shop, ce titre provocateur, où l’auteur suggère un paradigme moderne de la vie chrétienne, semble être tout un projet de vie et un appel à l’engagement pour l’avènement du Royaume de Dieu. « L’énoncé est provocateur, parce qu’il peut ébranler la foi de ceux qui se font une certaine idée d’un salut impossible en dehors de l’Eglise instituée ; c’est un projet de vie pour ceux qui considèrent que l’institution-Eglise n’est pas à confondre avec le Royaume de Dieu et que le chemin est encore long vers l’établissement de ce dernier », indique le même site, qui ajoute qu’en plus, le titre semble une exhortation au combat contre les illusions et les fausses certitudes sur l’idée et la réalité même du Royaume de Dieu. Ci-dessous, l’intégralité de l’interview réalisée par lequotidienrdc.com
Pourquoi ce titre ? Est-ce qu’une façon pour vous de vous défouler ?
Je commence par vous remercier de l’intérêt que vous portez sur ma récente publication. Et je passe avec plaisir et empressement à répondre à vos très intéressantes préoccupations.
Ce livre relève du domaine de la théologie. Et dans toute théologie contextuelle, on parle toujours de quelque part. Loin de m’arrêter aux considérations psychologiques préconscientes qui sous-tendent votre question, je voudrais tout droit préciser que ce titre s’enracine dans la tradition judéo-chrétienne, donc dans la Bible, qui développe notamment la thématique de la destruction et de la restauration des organisations institutionnelles du peuple de Dieu en marche vers la plénitude de son Royaume. Pour le cas d’espèce, je me suis inspiré des enseignements de Jésus lorsqu’il fut confronté aux comportements et pratiques des chefs religieux de son temps qui en étaient arrivés à détourner le sens premier du Temple en faveur de leurs propres intérêts politico-économiques (cf. Jean 2,13-22) ou à chercher à pérenniser un culte spirituel subordonné aux institutions religieuses immanentes dont ils étaient pour ainsi dire tenanciers incontestés (cf. Jean 4,19-24). Je me suis également inspiré du dénouement du concile de Jérusalem à propos du conflit issu du trafic d’influence visant la soumission politico-religieuse des uns aux autres au sein du même peuple de Dieu (cf. Actes 15,15-18 ; lire aussi Amos 9,11 et suiv.). Aujourd’hui encore, la dynamique de la « destruction-restauration » demeure pertinente pour quiconque milite en faveur du changement de paradigme dans la logique évangélique du Royaume de Dieu. Car, comme l’énonce cette célèbre citation d’Alfred Loisy que je partage pleinement, « Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Eglise qui est venue » !
Vous visez quelle église ? Catholique ou de Réveil ?
De bout en bout, dans ce livre, je parle de toute institution-Eglise qui est venue et s’est installée en lieu et place du Royaume de Dieu. Il suffit de lire attentivement la gestion et les pratiques des Eglises chrétiennes aujourd’hui à la lumière de l’Evangile, tel que je viens de le stigmatiser dans les éléments de réponses à la première question, pour comprendre de quelle(s) institution(s) ecclésiale(s) je parle.
Vous parlez de l’église épouse du Christ qui doit être détruite ? Que pensera alors l’époux ?
D’abord une précision de taille : je ne donne pas un ordre, mais je fais une exhortation. Qu’à cela ne tienne ! La théologie paulinienne de « l’église épouse du Christ » n’autorise personne à se substituer à Christ et à imposer en conséquence sa loi sur les membres de ladite Eglise, ainsi que le feraient les chefs des nations païennes (cf. Luc 22,24-27). Par exemple, quand le Grand Prêtre et sa curie se sont mis à profaner le Temple, Jésus s’est directement – et avec violence en contexte – inscrit en faux contre ces pratiques, indiquant symboliquement à ses disciples la voie d’un paradigme nouveau. Non ! Jésus ne s’oppose pas à celui qui vise la restauration de la véritable adoration : « Qui n’est pas contre nous est pour nous » (Marc 9,38-41 ; Luc 9,49-50).
Comment est subdivisé le livre ?
Outre les péritextes, le livre est subdivisé en quatre principaux chapitres, allant du constat de la présence de l’institution-Eglise et de la persistance du trinôme « Eglise-Hadès-Royaume », à l’appel à l’urgence de la redécouverte de l’Evangile du Royaume, avant de chuter sur la pertinence de la communion des disciples du Royaume.
Quelles sont les réactions que vous avez déjà eues depuis sa parution ?
Le livre vient de paraitre ce 14 janvier 2023, à telle enseigne que les lecteurs intéressés qui ont passé des commandes à l’éditeur n’ont pas encore reçu le livre imprimé. Les réactions à chaud sont faites, comme le résume votre questionnaire, de curiosité autour du titre lui-même, d’encouragements à continuer sur la voie prophétique et de suggestions quant à publier dans les maisons d’éditions locales et nationales de façon à produire des œuvres accessibles à notre peuple quant à son pouvoir d’achat et à la disponibilité des exemplaires.