Diffusion pendant la période électorale des audios et vidéos à caractère tribal : Justice, où es-tu ?

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La campagne électorale en cours relève la capacité et le degré de nuisance de l’outil informatique, surtout dans les réseaux sociaux.

Parmi les candidats victimes, pas de doute : les premiers visés sont, par ordre décroissant, Moïse Katumbi, Denis Mukwege, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.

En dépit de l’arrêt de la Cour constitutionnelle validant son dossier contenant parmi les pièces exigées le certificat de nationalité, Moïse Katumbi ne sort pas du viseur des francs-tireurs qui continuent de le traiter d’étranger. Pire, il lui est imputé la responsabilité des tueries survenues dans le Katanga ; les victimes étant les Congolais ressortissants du Kasaï.

Au nombre des vidéos mises en ligne, une porte sa voix sur des images de distribution des machettes.

Vérification faite : les images sont authentiques puisque c’est en Haïti, et encore dans une cité urbaine déterminée à lutter contre les gangs.

Donc, c’est du montage.

D’autres vidéos ne sont pas du montage. Les intervenants s’assument.

Le problème est de les localiser.

Bien qu’à un moindre degré, Félix Tshisekedi n’est pas épargné. Lui aussi se retrouve dans des vidéos et des audios à caractère tribal et xénophobes.

Cependant, c’est moins, comparé à tout ce qui se raconte sur Dr Denis Mukwege et sur Martin Fayulu qui, à deux, passent pour des candidats étrangers à l’instar de leur collègue Moïse Katumbi.

Ce qui étonne et inquiète, c’est le silence de la Justice alors que depuis le 13 mars 2023, elle est dotée de l’ordonnance-loi n°23/010 portant Code Numérique qui lui permet de sévir.

En effet, cette ordonnance-loi a trois articles qui nécessitent rappel :

– article 356 : “Quiconque aura, intentionnellement, créé, téléchargé, diffusé ou mis à la disposition du public par le biais d’un système informatique des écrits, contenus, messages, photos, sons, vidéos, dessins ou toute autre représentation d’idées ou de théories, de nature raciste, tribaliste ou xénophobe ou sous quelque forme que ce soit, au sens de la présente ordonnance-loi et conformément aux dispositions de l’ordonnance-loi n°66-342 du 07 juin 1966 portant répression du racisme et du tribalisme, sera puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende d’un million à dix millions de francs Congolais ou de l’une de ces peines seulement”.

article 358: Quiconque initie une communication électronique qui contraint, intimidé, harcèle ou provoque une détresse émotionnelle chez une personne, en utilisant un système informatique dans le but d’encourager un comportement haineux, tribal et hostile aux bonne mœurs et aux valeurs patriotiques est puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de cinq cent mille à dix millions de Francs Congolais”.

– article 359 : Quiconque aura harcelé, pat le biais d’un système informatique ou d’un réseau de communication électronique, une personne alors qu’il savait ou aurait dû savoir qu’il affectera gravement par ce comportement la tranquillité de la personne visée, sera puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de cinq cent mille à dix millions de Francs Congolais ou de l’une de ces deux peines seulement.

– article 360 : Quiconque initie ou relaie une fausse information contre une personne par le biais des réseaux sociaux, des systèmes informatiques, des réseaux de communication électronique de ou toute forme de support électronique, est puni d’une servitude pénale d’un à six mois et d’une amende de cinq cent mille à un million de Francs congolais ou de l’une de ces peines seulement”.

Tous les trois cycles électoraux précédents (2005-2006, 2011, 2018) se sont caractérisés par la violence verbale et physique. Jamais cependant, mais alors jamais ils n’ont atteint la dimension ethnotribale du cycle électoral en cours.

C’est vrai que Eco Umberto nous a prévenus avec sa sentence : “Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d’imbéciles qui avant ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel”.

Mais, l’ennui – donc le danger – est que cette fois, c’est l’élite qui se radicalise dans le tribalisme.

La campagne ayant formellement commencé, c’est maintenant – et non demain – que la Justice doit agir, ouvrir des informations judiciaires là où c’est utile, entamer des poursuites judiciaires là où c’est nécessaire. Et, au besoin, condamner !

Car la liberté d’opinion ou la liberté d’expression a des limites.

La Constitution déclare à l’article 23 : “Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs”. Il y a lieu de relever l’incise : “sous réserve de la loi”.

Peut-être que pour n’avoir pas été enseigné ni renseigné sur ça, le Citoyen lambda n’a pas conscience des risques qu’il court en croyant que la liberté d’expression ou d’opinion est sans garde-fou !

Erreur !

D’ailleurs, la même Constitution tranche à son article 62 : “Nul n’est censé ignorer la loi. Toute personne est tenue de respecter la Constitution et de se conformer aux lois de la République”.

En d’autres termes, le lettré ou le non lettré qui crée, télécharge, diffuse ou met à la disposition du public par le biais d’un système informatique des écrits, contenus, messages, photos, sons, vidéos, dessins ou toute autre représentation d’idées ou de théories, de nature raciste, tribaliste ou xénophobe ou sous quelque forme que ce soit, au sens de la présente ordonnance-loi et conformément aux dispositions de l’ordonnance-loi n°66-342 du 07 juin 1966 portant répression du racisme et du tribalisme, EST PUNI d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende d’un million à dix millions de francs Congolais ou de l’une de ces peines seulement.

A chacun de réaliser les risques auxquels il s’expose en croyant manipuler des supports du Numérique…

Omer Nsongo die Lema

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