Droits des Femmes : Progression au Maroc, l’Algérie face à ses défis

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Dans les méandres de la société algérienne, un phénomène sombre et persistant suscite l’indignation, à savoir celui des femmes victimes de violence, généralement contraintes, sous la pression familiale, d’accorder un pardon légalisé à leur agresseur.

Ce mécanisme, intégré au système judiciaire mis en place par les militaires, engendre un dangereux sentiment d’impunité, parfois avec des conséquences aussi irréparables que le meurtre. Les cas tragiques qui ont récemment secoué l’Algérie en sont la preuve accablante.  L’association Féminicides Algérie a recensé 37 cas similaires en onze mois de 2023, un chiffre qui, de l’aveu de ses fondatrices, est loin d’être exhaustif. Les familles, souvent sous la contrainte de leur entourage, hésitant à déclarer ces crimes, ou se rétractant face aux pressions.

Des féminicides sont majoritairement perpétrés par des partenaires ou ex-partenaires, illustrant la réalité brutale de l’Algérie. Le refus de la séparation et l’incapacité d’accepter un départ, souvent, mènent à l’irréparable. Les exemples d’assassinats ou des tueries dits “crimes d’honneur“ sont fréquemment perpétrés par des maris non reconnus civilement ou autres membres de la famille, incapables d’accepter le fait accompli.

Les militantes féministes, face à cette vague de violence, plaident pour une législation préventive. Actuellement, bien que les violences soient théoriquement punies, les « clauses de pardon » facilitent trop souvent les non-lieux, minant la justice et perpétuant le cycle de la violence.

Les associations alertent que les pardons accordés par les victimes précèdent la majorité des assassinats. Et trop souvent, les agresseurs récidivent. Un fils ayant déjà agressé sa mère à plusieurs reprises et libéré à répétition grâce aux pardons maternels et à la bienveillance des autorités judiciaires, a finalement fini par commettre l’irréparable.

Cette tragédie illustre la nécessité impérieuse de mettre fin à ces clauses de pardon fortement encouragées par le système mis en place par le régime des capos d’Alger pour diviser la société algérienne et mieux serrer la vis.

Outre la nécessité de réformer la législation sur les violences, les associations appellent à une révision du Code de la famille algérien, jugé archaïque et oppressif. Les femmes, toujours soumises à la tutelle d’un homme pour le mariage et désavantagées en cas de divorce, perdent souvent la garde de leurs enfants en cas de remariage.

Les associations féministes se battent pour un changement radical à savoir la suppression du Code de la famille, source de vulnérabilité pour les femmes algériennes. Ce combat pour l’égalité et la protection effective contre les violences est plus que jamais au cœur des préoccupations de la société civile en Algérie.

Au cœur du Maghreb, les deux pays voisins que sont l’Algérie et le Maroc, tracent des trajectoires divergentes en matière de droits des femmes et de législation familiale. La réforme du Code de la famille, ou Moudouana au Maroc, et sa persistance en Algérie, illustrent deux approches législatives distinctes et leurs répercussions sur la société.

En Algérie, le code de la famille de 1984, malgré une révision légère en 2005, conserve toujours des éléments qui perpétuent des inégalités de genre, notamment le maintien de la tutelle masculine pour le mariage des femmes et des restrictions en matière de divorce et de garde des enfants. La polygamie, bien que restreinte, reste une option tout à fait, légale, et les femmes peinent à s’affranchir complètement des chaînes d’un patriarcat juridique.

À l’opposé, le Maroc, avec sa réforme progressive de 2004, a franchi des pas significatifs vers l’égalité des sexes. L’abolition de la tutelle masculine pour le mariage, la facilitation du divorce pour les femmes, la restriction sévère de la polygamie et l’amélioration des droits en matière de garde des enfants et d’héritage marquent un tournant décisif pour les droits des femmes marocaines.

Et encore ! à la suite d’une initiative du Roi Mohammed VI, une série de consultations est en cours depuis septembre dernier, orchestrée par un comité dédié à la réforme du Code de la famille.

Les débats se concentrent sur des points éminemment délicats, notamment la question du mariage des mineures, l’harmonisation des droits successoraux entre hommes et femmes, la gouvernance parentale des enfants, ainsi que les règles encadrant la pratique de la polygamie.

Cela dit, cette dichotomie législative reflète un contraste frappant dans la condition féminine au sein de la région. Le Maroc, avec sa Moudouana réformée, est souvent cité comme un phare d’avancée en matière d’égalité des sexes dans le monde arabe et du MENA. Les améliorations législatives sont perçues comme un vecteur de réduction des violences envers les femmes, et continuent de requérir une attention soutenue de la part des autorités.

Les taux relativement des plus bas au monde de féminicides au Maroc suggèrent un lien entre la législation éclairée et la diminution de la violence envers les femmes. En Algérie, cependant, l’urgence de réformes plus radicales se fait sentir face à une augmentation alarmante des crimes contre les femmes.

Les « clauses de pardon », qui minent la justice dans le régime du Muppets show made in Algeria en favorisant l’impunité des agresseurs, sont particulièrement dans le viseur des militants et des militantes des droits des femmes.

Les associations féministes algériennes, confrontées à une législation qui pérennise la vulnérabilité des femmes, œuvrent pour une révision en profondeur du Code de la famille, en prenant pour exemple les avancées réalisées par leur voisin marocain. Elles appellent à un changement législatif qui accorderait aux femmes un statut de citoyennes à part entière, exempt de la tutelle et des discriminations anachroniques du régime des capos d’Alger.

Ceci dit, il faut mettre en lumière la nécessité impérative de poursuivre le dialogue et les réformes pour éradiquer les injustices et les violences basées sur le genre. Malgré les divergences entre les deux Nations, les femmes restent unies dans le défi commun de promouvoir la justice et l’égalité pour toutes celles du Maghreb.

Mohamed Jaouad EL KANABI

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