Drôle de marché USA-UE imposé à la RDC : Retrait du soutien rwandais au M23 contre retrait du soutien congolais aux Fdlr !

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La dernière déclaration en date de l’Union européenne sur la situation sécuritaire en RDC remonte au 7 juillet 2023. A l’identique de ceux des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Belgique, bref de la majorité des pays membres de l’Otan, son contenu à propos du soutien rwandais au M23 et du soutien congolais aux Fdlr est du même cru…

En voici, du reste, la formulation pour la partie concernée : «L’UE condamne fermement le soutien apporté par le Rwanda au M23 et la présence militaire rwandaise dans l’Est de la RDC, révélés dans les rapports du groupe d’experts des Nations-Unies. L’UE réitère sa demande urgente au Rwanda de retirer ses troupes de l’Est de la RDC, de mettre fin immédiatement à tout soutien au M23 et d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour faire pression sur le groupe afin qu’il se conforme aux décisions prises dans le cadre du processus de Nairobi et de Luanda».

Lisons bien la suite : «L’UE condamne fermement la RDC et l’exhorte à cesser immédiatement son soutien et sa coopération avec les FDLR/FOCA ainsi que les autres groupes armés locaux et étrangers, et à prendre toutes les mesures légales et légitimes pour protéger la population civile sur son territoire».

Et (comme) pour faire avaler la pilule amère, elle ajoute : «L’UE exhorte toutes les parties et entités citées dans le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies sur la RDC à réagir de manière appropriée et à cesser toute violation des résolutions pertinentes du conseil de sécurité de l’ONU et du droit international applicable».

Tous ces protagonistes n’ont plus désormais pour référence que le rapport du panel des experts des Nations Unies. Exactement comme ils le font depuis une trentaine d’années avec des rapports qui se confectionnent, qui deviennent une fixation, et qui disparaissent dans les tiroirs de l’oubli au gré des rébellions, des mutineries et des agressions.

En débattre publiquement…

Il est bon, pour besoin de consommation politique intérieure, de voir dans des médias congolais des titres du genre : «L’UE condamne la présence militaire rwandaise dans l’est de la RDC» ou «L’Union européenne condamne fermement le soutien apporté par le Rwanda au M23».

Il faut cependant relever la contre-productivité de cette manière de présenter les faits. Car, aussi longtemps que la responsabilité imputée à la RDC ne sera pas démentie formellement par des faits, la solution escomptée tardera à venir.

Pour rappel, l’alinéa 4 de l’article 91 de la Constitution dispose : «Le Gouvernement dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité».

En d’autres mots, il revient au Gouvernement congolais de dégager la responsabilité des Fardc de toute collusion avec les Fdlr telle qu’établie dans plusieurs rapports similaires.

La seule façon de le faire, c’est d’en débattre publiquement.

Et pour cause !

La lecture du Résumé du fameux Rapport final publié par le Conseil de sécurité le 13 juin 2023 révèle notamment ce qui suit : «Le Groupe d’experts a obtenu de nouvelles preuves des interventions directes de la Force de défense rwandaise (RDF) en République démocratique du Congo, soit pour renforcer les combattants du M23 soit pour mener des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les groupes armés locaux. Le Groupe d’experts a identifié plusieurs commandants et responsables de la RDF qui coordonnent les opérations de la Force en République démocratique du Congo.

«Le M23 a adopté un nouveau schéma d’attaques contre la population civile, menant des opérations meurtrières visant des populations associées aux FDLR et à d’autres groupes armés, ou soupçonnées de les soutenir. Les viols, y compris les viols collectifs perpétrés par des combattants du M23, ont été fréquents.

«Les groupes armés locaux et les FDLR ont créé le Réseau des Résistants patriotiques congolais, qui a combattu le M23 aux côtés des FARDC. La collaboration a été coordonnée par des officiers supérieurs des FARDC, qui ont aidé les groupes armés en leur fournissant de la logistique, des équipements militaires et des financements.

«Les hostilités déclenchées par l’expansion territoriale du M23 se sont poursuivies, attisant la xénophobie et les discours de haine et accentuant les divisions ethniques entre les parties belligérantes. Des personnalités politiques, des acteurs de la société civile, des populistes locaux, des activistes et des membres de la diaspora congolaise ont continué de diffuser des discours haineux et belliqueux destinées à vilipender les populations rwandophones perçues comme soutenant le M23, qui ont été largement repris sur les médias sociaux. Les discours d’exclusion, y compris le rejet des droits de citoyenneté pour les citoyens rwandophones, ont refait surface, notamment à l’occasion de l’inscription des électeurs dans le contexte électoral».

Le parti pris en faveur du régime rwandais et du M23 est amplement démontré.

Victime pour un temps, victime pour toujours !

Quelle est, en toute logique, la force qui aurait dû éradiquer les Fdlr dans leur version originelle, à savoir les ex-Far et ex-milices Interhamwe? La réponse est dans l’ Accord de Lusaka du 11 juillet 1999 jusque-là jamais déclaré caduc : c’est la Force internationale citée au chapitre 8 (Onu) avec pour responsabilités de « Localiser et désarmer les groupes armés», «Identifier les auteurs de massacres, les auteurs de crimes contre l’humanité et les autres criminels de guerre», «Traduire les génocidaires devant le Tribunal international pour le Rwanda», « Rapatriement» et «Élaborer toutes les mesures (persuasives ou coercitives) jugées appropriées pour atteindre les objectifs de désarmement, de rassemblement, de rapatriement et de réinsertion sociale des membres des groupes armés».

Les groupes armés étrangers cités au chapitre 9 sont, du reste, les ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR), l’ADF, le LRA, l’UNRF II, les milices Interahamwe, le FUNA, le FDD, le WNBF, le NALU, l’UNITA.

Déployée en 2000, et son retrait étant négocié pour 2024 – soit 24 ans après – la Force internationale (Monuc puis Monusco) n’a finalement pas réussi à neutraliser les Fdlr rwandaises autrefois ex-Far et milices Interahamwe, ni d’ailleurs les Adf-Nalu ougandaises   alliées désormais au Daech, encore moins les autres organisations insurrectionnelles.

On peut déduire que le M23 est la conséquence logique de la non application de l’Accord de Lusaka dans son volet sécuritaire, charge confiée pourtant aux Nations Unies.

24 ans après cet accord et 23 après le déploiement de la Monusco (Monuc), c’est la RDC qui se retrouve clouée au pilori, faute de capacité de se remémorer pour engager la responsabilité totale, pleine et entière de la communauté internationale.

Sa vocation tracée est d’être victime un jour, victime pour toujours !

Omer Nsongo die Lema

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