Le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde a mis à profit son escale à Goma avant de se rendre à Nyamukubi, pour procéder, pour une troisième fois, à l’évaluation de la situation sécuritaire et humanitaire dans les deux provinces sous état de siège, savoir le Nord-Kivu et l’Ituri.
Il a reçu tour à tour, en audience, ce vendredi 26 mai 2023, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima Kongba et tous les services de sécurité de cette province, le gouverneur militaire de l’Ituri, le général Johnny Luboya et tous les services de sécurité de l’Ituri, les humanitaires internationaux qui accompagnent le pays dans cette partie du territoire national, et la délégation des parlementaires nationaux ayant fait le déplacement de Goma avec lui, aux côtés de quelques membres du gouvernement, notamment, le ministre d’État en charge du Budget, le ministre d’État en charge du Développement rural, le ministre de l’Industrie, la ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, le Vice-ministre de l’Intérieur, et le Vice-ministre de la Défense.
Une situation sécuritaire qui évolue positivement en Ituri, et préoccupante au Nord-Kivu
Si l’évolution de la situation sécuritaire en Ituri évolue positivement, elle reste plutôt très préoccupante au Nord-Kivu suite à la guerre d’agression et plusieurs déplacés de guerre. Ce qui exige que des mesures appropriées soient prises afin que l’armée soit à mesure de faire face à cette situation. Des recommandations ont été faites, à cet effet, au chef du gouvernement par ses différents interlocuteurs.
“La réunion a planché sur l’évaluation de l’état de siège. C’est un exercice que nous avons déjà fait avec le Premier Ministre, les ministres sectoriels et quelques membres de l’Assemblée nationale. Il a tenu à faire cette évaluation. Nous lui avons dépeint la situation générale de la province. Vous savez que la situation sécuritaire en province du Nord-Kivu reste très préoccupante suite à la guerre d’agression que nous subissons et aussi la situation humanitaire avec plus de 2000 déplacés de guerre. Nous avons deux secteurs opérationnels », dit-il.
Au grand Nord, explique-t-il, il y a l’activisme des ADF, qui, depuis plusieurs années, sont en train de massacrer notre population pour qu’ils occupent cette partie de la République et y installent un califat. Ce que les Congolais, les Nord-Kivutiens ne peuvent jamais accepter. Ici au sud de la province, que nous avons baptisé Sokola 2, nous faisons face à l’agression, où aujourd’hui, vous savez, le Rwanda avec son bras séculier, le M23 ont conquis quelques localités dans les territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo, et aujourd’hui, autour de la ville de Goma. C’est pourquoi je dis que la situation reste préoccupante. Il fallait que nous expliquions cela au chef du gouvernement pour que des mesures adéquates soient prises afin que l’armée soit à mesure de faire face à cette situation.
La situation sécuritaire, bien sûr la situation d’agression et aussi la prise en charge holistique des déplacés de guerre. Je venais de donner des chiffres. C’est une situation dramatique. Nous faisons face à cette situation sécuritaire et humanitaire. La situation sécuritaire, ce sera avec l’accompagnement de notre gouvernement. Et pour la situation humanitaire, ce sera avec le gouvernement bien sûr, mais aussi les humanitaires qui sont à nos côtés. Bref, nous avons parcouru toute cette situation. Je lui ai expliqué ce que nous connaissons ici. Aussi, nous avons fait des recommandations à Son Excellence. Il y a un processus en cours, le processus de Nairobi et qui a attiré la feuille de route de Luanda. Une feuille de route qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat. C’est ce que votre armée est en train d’observer. Il y a aussi le retrait des M23 de ces espaces occupés. Le retrait aujourd’hui, c’est sous la supervision des forces de l’EAC. Mais, est-ce qu’il y a retrait ?
C’est un retrait timide. Tantôt on se retire, tantôt on reprend les positions. Voilà le jeu auquel nous sommes en train d’assister. Nous avons exigé que cela soit sincère pour que la population retrouve la paix et regagner leur milieu d’origine. Puisque les Congolais n’acceptent pas de rester dans les sites des déplacés, dans des camps pour tendre les mains, chercher la nourriture. Notre population est très active. Elle cherche elle-même sa nourriture. Les conditions doivent être vite rétablies pour que la population retourne dans son milieu d’origine”, a dit le lieutenant-général Constant Ndima Kongba, gouverneur militaire du Nord-Kivu.