Pour “Le Robert en ligne”, Diaspora est assimilée à ‘Dispersion des Juifs exilés de leur pays’ ou encore ” Dispersion (d’une communauté) à travers le monde”, ou, pour faire simple “population ainsi dispersée”‘.
Diaspora congolaise : pour qui et pourquoi roule-t-elle !
Les Historiens sont mieux placés pour fixer l’opinion sur la genèse de la Diaspora congolaise. Cependant, on peut supposer que la première génération est celle des Lumumbistes recueillis principalement dans les pays du Pacte de Varsovie (Urss et pays communistes), mais aussi en Scandinavie (Suède, Danemark et Norvège). Ils étaient des mal-aimés aux États-Unis, au Canada et en Europe des 6 comprenant alors l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Aujourd’hui, ils doivent avoir entre 80 et 90 ans. Ils ont su former leurs enfants et petits-enfants pour la plupart totalement déconnectés de la RDC.
La Diaspora de la 2ème génération est celle des années Mobutu. Certains entre 1965 et 1990, d’autres entre 1990 et 1997. Âgés entre 60 et 80 ans, ce sont les parents qui sont restés connectés au pays d’origine pendant que leurs enfants et même petits-enfants ne les sont pas. Certains ont profité de leur séjour à l’étranger pour étudier, d’autres non.
La Diaspora de la 3ème génération est celle des années L-D. Kabila et Joseph Kabila. En majorité, n’ayons pas peur de la vérité, ils ont quitté le pays pour l’étranger où une infime majorité fait des études, la majorité étant dans la débrouille.
A plus de 80 %, la Diaspora congolaise s’est constituée autour des revendications politiques justifiées par la violation des droits de l’homme, l’absence de démocratie, les faiblesses du processus électoral.
Bon nombre sont dans la contestation politique. Ils ont profité de la répression des manifestations publiques pour quitter le pays et obtenir l’asile politique.
La Diaspora s’opposait à Mobutu dont elle dénonçait la “dérive totalitaire”. A la chute de ce dernier le 17 mai 1997, elle s’était mise à dénoncer la “dérive totalitaire” de Laurent-Désiré Kabila.
A la mort de Mzee, elle s’était opposée au régime de Joseph Kabila.
En toute logique, à l’avènement de l’Udps Félix Tshisekedi faute d’Étienne Tshisekedi décédé de maladie en 2017, cette Diaspora devait se réjouir ! Pas du tout, elle profite de toutes les occasions pour tirer à boulets rouges sur le régime actuel.
Pas étonnant qu’à la succession de Fatshi, elle se mette à contester le pouvoir à venir. D’où l’interrogation principale : pour qui et pour quoi roule-t-elle finalement !
Pourtant, grâce à ces compatriotes
Au moins, il y a une exception notable : dans la Diaspora congolaise, il y a de plus en plus tendance à voir des compatriotes revenir au pays d’abord pour de petits investissements (salons de coiffure et de beauté, taxis et taxi-bus, bistrots, magasins d’habillement et de chaussures…), ensuite pour des investissements moyens (hôtellerie, restauration, supérettes, agences de voyage, écoles et hôpitaux, construction des immeubles d’habitation etc.), en attendant l’enfin avec de gros investissements (exploitation minière et forestière, agroalimentaire, électricité etc.)
C’est grâce à ces compatriotes qu’une bonne partie de la population congolaise survit, pardon vit.
Elle s’inspire de ce que font les autres Diasporas dans le monde. Cas de la Diaspora israélienne qui passe pour la plus puissante de la planète Terre. Cas aussi, pour citer l’Afrique, de la Diaspora éthiopienne. Il se dit que la plupart des tours qui surgissent à Addis-Abeba sont son œuvre. Le cas le plus éloquent pour les Congolais est celui des Diasporas ouest-africaine (Sénégal, Mali, Guinée Conakry, Nigéria) et indo-pakistanaises (Liban, Inde, Pakistan, Malaisie…) qui ont en mains l’essentiel de l’économie nationale. La dernière a une main mise presque totale sur l’agro-alimentaire, l’immobilier, les banques…
« Bakila ku vata, dila kunfu »
A quoi, malheureusement, risque-t-on d’assimiler la Diaspora congolaise au regard de la contestation politique qui monte d’un cran avec les assassinats, les coups d’Etat ?
La réponse renvoie à l’arrivée de l’Afdl en 1997. Plusieurs compatriotes étaient revenus précipitamment de l’Occident pour accompagner la Révolution sans cependant intérioriser la vision de Laurent-Désiré Kabila. La conséquence en fut le phénomène ” Diaspourie”, contraction de “Diaspora-Pourrie”.
C’est le même phénomène qui s’observe avec l’avènement de Félix Tshisekedi. Des compatriotes de la Diaspora revenus avec le concept “TNB” (Tour Na Biso).
On ne sait pas trop ce qui se passe, mais on a l’impression que certains se livrent à une sorte de ruée vers l’or avec pour mine leur propre pays !
L’expression d’animation _”Bakila ku vata, dila kunfinda_” chère à Zaiko Langa Langa suscite des réminiscences. En traduction littérale, _”Bakila ku vata_” veut dire _”se servir au village_” et “dila kunfida_ ” veut dire _”consommer à la forêt_”. Ainsi, en français facile, cela veut dire _”Se servir au village pour consommer à la forêt_”. Ce qui est un non-sens puisque c’est l’inverse qui se conçoit.
A l’époque, laissait-on entendre, le village était Kinshasa, la forêt Gbadolite.
Transposée au contexte actuel, village signifie RDC, forêt pays d’accueil de la Diaspora congolaise.
Ainsi, sous prétexte de politique (en arguant des Droits de l’homme, de l’Etat de droit et de la Démocratie), le combat dit de libération semble couvrir le TNB (Tour Na Biso) pour piller en RDC et aller consommer à l’etranger !
Gâchette et gâchis faciles
A partir de cet instant, on commence à semer le doute dans les esprits. Car, par tous les Christian Malanga (honni soit mal qui y pense), on commence à devenir inquiet de s’afficher avec des compatriotes de la Diaspora.
On voit comment les photos de Christian Malanga avec des personnalités publiques congolaises sont exploitées dans les réseaux sociaux comme pour associer au complot toute personne qui apparaît à ses côtés. C’est comme si quelqu’un détient son album photos et se met à sélectionner les images destinées à “confirmer la compromission”.
N’ayant pas apprécié cette dérive, la Cenco a réagi.
On pressent le tsunami que susciterait la publication d’une photo de l’intéressé avec une personnalité politique actuellement aux affaires.
Il y a toutefois pire : comment ne soupconnerait-on pas désormais derrière chaque compatriote accompagnant des investisseurs étrangers un organisateur potentiel d’un coup d’Etat ! Et comment ces investisseurs ne prendraient-ils pas peur de se faire accompagner d’un Congolais de la Diaspora en venant au pays !
C’est pour dire des personnes qui ont boutiqué le coup d’Etat de la Pentecôte 2024 qu’ils ont jeté l’opprobre sur la Diaspora congolaise, et qu’il revient à celle-ci de se désolidariser de cette initiative. Et de toute initiative similaire.
Si réellement elle se bat pour l’intégrité territoriale et le développement du pays, mais aussi pour le respect des Droits de l’homme, de l’Etat de droit et de la Démocratie comme elle le proclame, elle devra s’y prendre autrement que ne l’a fait Christian Malanga. Déjà, toutes les vidéos diffusées jusque-là sur sa personne donnent de lui l’image d’un homme ayant la gâchette et le gâchis faciles !
Or, la Diaspora congolaise, la vraie, n’a ni l’une, ni l’autre. Elle est performante dans tous les pays d’accueil et dans tous les domaines où elle opère.
Sa dignité est à préserver..
Omer Nsongo