Le président de la République Félix Tshisekedi s’est dit heureux de constater, une année après les États Généraux de la Communication et des Médias, que des progrès considérables ont été accomplis notamment à travers la promulgation de l’Ordonnance-Loi N°23/009 du 13 mars 2023 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse, la liberté d’information et d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication en République Démocratique du Congo. Malgré toutes ces avancées, il reconnait que les défis à relever restent de taille.
C’est sous le thème : « La liberté d’expression à l’épreuve de la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo. Nouvelle loi sur la Presse pour une nouvelle dynamique », que la 30ème Journée Mondiale de la Liberté de la Presse a été célébrée en Rdc, en présence du président de la République, Félix Tshisekedi, du Premier ministre et des membres du Gouvernement, sans oublier de toutes les corporations de la presse.
Dans son discours, le président de la République a manifesté toute sa solidarité aux journalistes et professionnels des médias qui payent, comme beaucoup de nos compatriotes dans la partie Est de notre pays, le prix de la barbarie de l’agression rwandaise.
« En effet, plusieurs médias dans les zones sous occupation ont été réduits au silence. Des membres de votre grande corporation ont été harcelés, torturés et des matériels ont été saccagés. Laissez-moi vous dire que ces crimes ne demeureront impunis », dit-il.
En mémoire de ces victimes et de toutes celles et ceux tombées sous la folie meurtrière de nos agresseurs, je vous prie d’observer un moment de recueillement.
Plus d’une année après notre dernière rencontre, je me réjouis de vous retrouver dans cette salle où nous avions pris rendez-vous, en janvier 2022, à l’occasion de l’ouverture des États Généraux de la Communication et des Médias, pour engager des réformes dans le paysage médiatique en vue d’assurer à la fois la promotion de l’exercice de la liberté de la presse, la sécurité des journalistes ainsi que la réorganisation de notre paysage médiatique.
27 ans après la dernière modification, cette nouvelle Loi charnière qui régit notre Presse, vient poser les fondamentaux du retour à la norme de la pratique professionnelle et de la nécessité d’adaptation technologique qu’impose la révolution numérique. Son application, sans nul doute, rendra opérationnelle la mise en œuvre de la plupart des résolutions convenues lors des assises fondatrices de janvier 2022.
« Le processus de modernisation des médias publics étant en cours, j’encourage le Gouvernement à redoubler d’efforts pour le mener à son terme. Le train de l’assainissement du paysage médiatique, quant à lui, va prendre sa vitesse de croisière grâce aux nouvelles dispositions légales en vigueur », indique-t-il, avant de charger le Gouvernement, à travers le Premier Ministre et le Ministre de la Communication et Médias à y veiller pour que nous puissions disposer d’une base de données consolidée à partir de laquelle, le Gouvernement devra planifier la concrétisation de l’aide à la presse telle que stipulée dans la nouvelle Loi.
Des défis à relever
Malgré toutes ces avancées, le chef de l’Etat reconnait que les défis à relever restent de taille. Ils exigent, entre autres :
Du Gouvernement : la finalisation des Avant-Projets du Décret portant Statuts des journalistes de la République Démocratique du Congo et du Projet de Loi régissant les médias ; Du Parlement : de parachever et d’adopter, dans les meilleurs délais, la Loi sur l’Accès à l’information publique ; Des parties prenantes : l’application stricte des textes légaux et réglementaires afin de favoriser l’émergence d’une presse que nous voulons, d’une part, libre et plurielle sur le plan déontologique et professionnel ; et d’autre part, indépendante et viable économiquement.
A l’approche des élections générales, une période au cours de laquelle il y a de fortes sollicitations des médias et par l’organisation de débats sur les plateaux télévisés ou sur toute autre plateforme médiatique, ceci revêt le risque parfois de concourir à la dissémination, dans la sphère publique, non plus de visions ou d’idéaux censés prôner le vivre-ensemble, mais plutôt de propos discourtois, discriminatoires voire d’invectives aux relents tribalistes et séparatistes, en méconnaissance des lois en vigueur dans notre pays.
C’est ainsi qu’il a rappelé la responsabilité des journalistes d’encadrer ces échanges et dans les dispositions qu’il vous convient de prendre pour éviter ces dérapages ; mais aussi, vous exhorter à utiliser vos plateaux et vos différents médias pour favoriser un débat politique sain, lequel permettra à la fois à vos invités ainsi qu’à vos téléspectateurs, auditeurs et lecteurs d’être édifiés sur la nature des offres politiques leurs proposées sous forme de programmes et propositions par les candidats.
Il a de nouveau rappelé l’importance du rôle des journalistes au sein de la société. « Il vous appartient donc d’agir avec diligence pour renforcer votre instance d’autorégulation en vue de vous assurer que ceux qui exercent le métier le fassent toujours avec professionnalisme », martèle-t-il, avant d’attirer l’attention des journalistes sur la prolifération des informations erronées et non vérifiées autrement appelées « fakenews » ou encore « infox », source de nombreux maux dans nos sociétés contemporaines. Ceci constitue, pour nous, un défi commun à relever et je vous invite à jouer votre rôle de paravent et d’antidote contre ces fléaux qui menacent notre société à l’heure du numérique.
Félix Tshisekedi a rappelé, une fois de plus, que l’exercice de la liberté de la presse vous confère des droits auxquels sont toutefois assortis, des devoirs. Cette liberté doit s’exercer dans les limites des prescrits des Lois, du respect de la vie privée et de bonnes mœurs ainsi que des impératifs liés à la sécurité du pays.
Il a terminé par exhorter la presse à continuer à faire preuve de plus de professionnalisme et de responsabilité dans la manière d’exercer cette liberté de la presse à travers vos différentes productions et prestations pour nous accompagner dans le travail de refondation en cours de notre cher et beau pays, la République Démocratique du Congo.