La France en peine et dans la tourmente en Afrique

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Après Chirac, les Présidents français successifs, à savoir SARKOZI, HOLLANDE, MACRON, préconisent le gaullisme plus par patriotisme historique que par conviction politique.

Le gaullisme, en tant que doctrine française de gouvernance depuis près de six décennies mérite considération et son Auteur respect immense.

Cependant, force est de reconnaître qu’il est de moins en moins approprié à la situation en Afrique où se lève un vent de plus en plus violent de révolte contre cette doctrine faite d’hégémonisme et de protectionnisme sur les Etats de la CEDEAO et de la CEAC à travers la gestion de l’Economie et de la monnaie par la Banque de France en vue du maintien, en toute circonstance, de la prédominance française.

Les discours aux accents gaulliens de SARKOZY, HOLLANDE et MACRON en Afrique et à l’ONU sur la vocation prétendument déterminante de la France dans la protection et la croissance économique n’ont plus d’écho favorable dans la population qui en vient à reconnaître la valeur fondatrice d’une Afrique vraiment souveraine et indépendante du Non de SEKOU TOURE à DEGAULLE et de la gouvernance de Thomas SANKARA.

Cette vague patriotique, au lieu de susciter, dans le chef des Dirigeants français, une remise en question profonde de la politique française en Afrique en vue d’un aggiornamento pragmatique, a plutôt provoqué un réflexe compréhensible d’autodéfense, pourrait-on dire, par une approche et un pro domo à la fois narcissiste et nombriliste à travers des propos et discours inappropriés sur l’Afrique et le rôle de l’Afrique dans le monde.

Ce comportement est suicidaire : ne dit-on pas qu’une discipline qui ne tue pas son Auteur est vouée à la disparition sinon à la marginalisation.

En d’autres termes, s’en tenir à l’esséité historique du gaullisme, sans tenir compte de l’évolution des réalités et des mentalités condamne à la longue inéluctablement cette doctrine à la marginalisation malgré la valeur intrinsèque de la pensée et de l’Auteur.

Dans cet ordre d’idées et en toute logique, la République française n’est-elle pas condamnée à un parricide à la Brutus sur le Fondateur de la Vé République pour classer utilement DEGAULLE au Panthéon et le gaullisme dans les archives nationales pour permettre à la France éternelle d’avoir une existence conforme afin d’effacer de la mémoire collective des africains les stigmates des passages contestés des Présidents français en Afrique et de la douloureuse décolonisation.

Ne faudrait-il pas, dès lors ou d’ores et déjà, décréter la mort du gaullisme comme, en d’autres temps, les NIETZSCHE avaient proclamé la mort de Dieu, urbi et orbi ! Sinon, à chaque situation nouvelle et inédite de ses relations avec les Etats africains, la France serait tentée, hélas à son désavantage, de recourir au gaullisme et à une solution gaullienne sans prise sur les réalités contemporaines des Etats africains.

Timidement pointe à l’horizon comme l’aurore au doigt rose, une telle perception et approche au sein de la classe politique française, sans vraiment secouer ou mieux déraciner le cocotier tant le poids du Grand Homme pèse encore d’une certaine manière sur la conscience nationale au point que ce parricide pourtant salutaire pour la France Eternelle paraitrait comme une trahison à la Patrie !

Ainsi espère-t-on résister à l’ouragan de l’histoire grâce aux instruments surannés et contreproductifs dont on ne sait que faire ni comment s’en débarrasser.

Dans cette catégorie, résistent le Franc CFA, ELF devenu TOTAL Energies, la Francophonie et les alliances militaires avec les Etats africains.

Or, la chute du Mur de Berlin et du Rideau de fer a permis une découverte essentielle : le modèle occidental n’est pas le seul et unique paradigme de développement et de bonheur social des populations ; existent aussi les modèles chinois, indien et russe. Dès lors, est ouvertement contestée, méprisée sinon vilipendée la prétention de la France d’être la conscience des Etats africains.

C’est dans ce prisme qu’il faut considérer et comprendre la révolte spartacuesque des Chefs d’Etats africains de la nouvelle génération au Mali, au Burkina Faso, au Niger, voire en République Démocratique du Congo où le Président TSHISEKEDI a eu avec le Président MACRON une passe d’arme peu diplomatique mais mémorable lors du point de presse des 2 Chefs d’Etats.

Et même les relations en dents de scie avec le Maroc et l’Algérie sont à classer dans le même répertoire.

En d’autres temps, on aurait déjà parlé de ces dirigeants au passé !

Les accents paternels, voire paternalistes de la France dans les institutions et autres forums internationaux pour défendre la cause des Etats africains ne touche plus grand monde en Afrique qui considère la France avec un certain sentiment de condescendance comme les Moines envers la mouche de coche.

Car ces Spartacus républicains, à l’instar de leur illustre et lointain ancêtre à Rome, ne se gênent nullement de revendiquer haut et fort, de manière intelligible, leur droit légitime et devoir moral à déterminer une version propre et authentique de la démocratie et de la coopération internationale.

Pris de court, certains Dirigeants français pratiquent la politique de l’Autruche en créant l’amalgame et la confusion entre rejet de la politique française et le sentiment antifrançais.

Grave méprise car il s’agit, en fait, d’une défrancisation de l’Afrique. Voilà pourquoi la présence américaine est perçue différemment et avec une indifférence bienveillante.

Il s’agit donc pour les Dirigeants français d’affronter la réalité en face, car comme disent les stratèges militaires « la peur ne chasse pas le danger ! » Brandir les sanctions face à la détermination de ce genre de dirigeant ne suffit à ramener les Etats africains dans le giron français. Une version actuelle du slogan de Thomas SANKARA « LA PATRIE OU LA MORT ». Pour sauver les relations franco-africaines et espérer un traitement équitable de la France de la part des Etats africains, MARIANNE devrait, en quelque sorte, tuer DEGAULLE et ensevelir le gaullisme à travers un procès ouvert contre les pratiques françaises lors de la décolonisation. Le Cameroun ouvre et montre la voie aux jeunes Dirigeants des Etats africains.

Alors, vive la vraie coopération pragmatique sans exclusive et qui tienne compte du complexe du décolonisé et du complexe de l’ancien colonisateur.

Qui vivra, verra !

Laissons l’avenir venir.

De toute façon demain n’est jamais bien loin !

Ambassadeur André-Alain ATUNDU LIONGO

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