Je tiens à remercier chaleureusement les autorités béninoises d’avoir accueilli cette réunion de lancement de l’augmentation du financement pour le climat au Bénin. Je voudrais également remercier le Groupe de la Banque mondiale d’avoir contribué à l’organisation et de co-présider cette réunion avec le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI).
Le FMI, le Groupe de la Banque mondiale et les partenaires de développement ont soutenu les réformes politiques liées au climat au Bénin, par le biais d’un appui budgétaire et du financement de projets d’investissement pertinents pour le climat, et ce dans divers secteurs – principalement l’énergie, les transports et l’agriculture. Le Bénin a été un précurseur en matière de politique et de financement climatiques dans la région, tant pour renforcer la résilience au changement climatique que pour assurer un développement à faible émissions de gaz à effet de serre. L’accord conclu par le Bénin avec le Fonds monétaire international en décembre de l’année dernière, pour une facilité de résilience et de durabilité (FRD), de l’ordre de 200 millions de dollars, vise à soutenir les autorités béninoises dans la mise en œuvre de leur vision pour le climat. L’accord de prêt au titre de la FRD vise non seulement à soutenir la résilience socio-économique globale du pays, mais également à intégrer le changement climatique dans l’élaboration des politiques et à relever les principaux défis structurels qui exposent le Bénin aux chocs climatiques. Il devrait ainsi permettre d’atténuer les risques liés à la balance des paiements et de catalyser d’autres sources de financement pour le climat. La Facilité pour la résilience et la durabilité a également contribué à créer une dynamique positive afin de mettre en œuvre les recommandations du rapport de la Banque mondiale sur le climat et le développement au Bénin.
Le Bénin a pris des engagements ambitieux en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets, décrits respectivement dans le Plan national d’adaptation et la Contribution déterminée au niveau national (CDN). Dans le cadre du Plan national d’adaptation 2022, les autorités se sont engagées à mettre l’accent sur l’agriculture, l’eau, la foresterie, l’érosion côtière, la santé, le tourisme et, plus généralement, sur la réduction de la vulnérabilité dans l’ensemble des secteurs clés. Dans la Contribution déterminée au niveau national mise à jour en 2021, l’accent est mis principalement sur l’énergie, l’agriculture, l’industrie manufacturière, les déchets, l’utilisation des terres et la sylviculture. L’ambition de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20,5 pour cent d’ici à 2030 a été revue à la hausse. Le pays dispose d’un potentiel important dans le développement de l’énergie solaire, d’un modèle d’exportation de production alimentaire durable et d’une stratégie de mobilité propre. Les co-bénéfices d’un mix énergétique bas-carbone et résilient seraient principalement obtenus dans les secteurs des télécommunications, de l’agriculture, de la gestion de l’eau et des transports, tout en renforçant la sécurité énergétique et en évitant l’immobilisation future d’actifs (actifs échoués).
Le Fonds monétaire international, par l’intermédiaire de la FRD, et aux côtés d’autres partenaires de développement, ont pour objectif d’aider les autorités béninoises à atteindre ces objectifs. Cependant, les besoins de financement pour réaliser cette vision sont très importants.
Aucune institution ne peut donc à elle seule financer à l’échelle requise. Le prêt au titre de la FRD ne suffit pas à lui seul pour atteindre de tels objectifs de financement de l’action climatique. Il en va de même pour les prêts de la Banque mondiale, des autres banques multilatérales de développement et des autres partenaires de développement. Il sera donc important de travailler ensemble pour mobiliser des fonds supplémentaires pour le climat provenant de sources publiques et privées. La réunion d’aujourd’hui avec les partenaires de développement ainsi que les investisseurs internationaux et locaux autour de cette table démontre la volonté et l’engagement d’entreprendre cette tâche conjointement.
Nous connaissons tous les obstacles qui empêchent les investissements climatiques de se diriger vers les marchés émergents et les économies en développement. Le manque d’opportunités de financement de grande qualité, les défis politiques et de gouvernance, l’illiquidité des marchés, les coûts de transaction initiaux élevés, l’échéance lointaine et la nature volatile des flux de trésorerie de la plupart des investissements climatiques, la volatilité des taux de change et les rendements qui ne justifient pas le risque perçu constituent des obstacles clefs, pour n’en citer que quelques-uns.
Pour surmonter ces obstacles, un changement d’état d’esprit est nécessaire – de la part du secteur public, du secteur privé et des institutions multilatérales – afin de réorganiser l’architecture financière pour attirer davantage de financements privés pour le climat, en particulier pour les pays émergents et en développement. Au Fonds monétaire international, nous avons pris les devants et adopté ce changement d’état d’esprit.
Il est également reconnu au plus haut niveau au Bénin que nous avons besoin d’une action concertée pour entreprendre une action climatique, afin de maintenir le statut du Bénin en tant que précurseur dans la région en matière de mise en œuvre de la politique climatique.
Nous avons donc besoin de “toutes les mains sur le pont” pour augmenter le financement du climat dans l’adaptation et le financement de la transition. Des politiques climatiques globales et adaptées, une coopération et une planification interministérielle, des instruments financiers innovants, une gouvernance solide et une architecture d’information sur le climat plus robuste, comprenant une taxonomie, s’avèreront cruciales.
C’est pourquoi aujourd’hui, d’autres collègues du FMI et moi-même, sommes venus ici, à Cotonou, avec notre partenaire coorganisateur, le Groupe de la Banque mondiale, ainsi que des collègues de nombreuses autres institutions partenaires du développement, pour s’engager avec les autorités béninoises à aider à catalyser le financement privé pour le climat au Bénin, en s’appuyant sur la FRD et le rapport de la Banque mondiale sur le climat et le développement du Bénin.
Notre équipe vous a transmis une note de réflexion présentant les principales réformes politiques, les efforts de renforcement de capacité et les options de financement susceptibles d’attirer les investisseurs locaux, régionaux et internationaux, adaptée aux besoins et spécificités du Bénin. Nous espérons pouvoir discuter plus en détail aujourd’hui de la cohérence de ces priorités et de ces options avec l’agenda climatique des autorités béninoises. Après cette réunion de lancement, nous espérons continuer à travailler ensemble, dans le cadre d’un groupe de travail conjoint, avec vous et les partenaires autour de cette table pour commencer à travailler sur l’opérationnalisation des options qui pourraient vous intéresser. Nous espérons également discuter d’un calendrier et identifier quelques solutions détaillées dans la note conceptuelle, sur lesquelles nous pourrions travailler ensemble, afin de les rendre opérationnelles à grande échelle. L’objectif est de pouvoir progresser et annoncer un plan concret lors de la réunion de la COP29 en novembre 2024.
Nous soulignons fréquemment l’importance de l’appropriation par les pays pour intensifier les actions visant à faire face à la menace du changement climatique. Je tiens à remercier sincèrement les autorités béninoises de s’être engagées avec nous dans cet effort commun de mobilisation du financement climatique.
Les personnes réunies ici aujourd’hui possèdent une expertise dans divers domaines, notamment l’investissement public et privé, la structuration des instruments financiers et le développement de capacités. Nous partageons l’objectif commun d’accroître le financement de la lutte contre le changement climatique et de l’adaptation, y compris avec l’apport de capitaux privés à grande échelle, pour le Bénin et plus largement dans la région et ailleurs.
Pour y parvenir, nous devons combiner des réformes politiques, le développement de capacités et la mise en œuvre de modalités de financement novatrices. Par-dessus tout, ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une coopération et d’une coordination sans précédent. En regardant l’ensemble des personnes présentes autour de la table aujourd’hui, je suis convaincu que nous y parviendrons.