Il y a dix ans, le prix du transport en commun dans la ville province de Kinshasa était de 500 francs congolais. L’Hôtel de ville y veillait. Aujourd’hui, la course par moto par exemple, se négocie autour de 5000 fc sur des longues distances et de 2000 fc ou 1500 sur des courtes distances. Le billet de 500 fc n’est plus accepté dans le transporteur urbain, sauf dans les bus transco qui du reste sont très rares.
Le prix de transport en commun à Kinshasa, dépend des humeurs des chauffeurs et des receveurs qui font la loi. Visiblement, ce sont des ratés de la vie sans éducation qui manquent du respect aux responsables des familles. La population kinoise est abandonnée à son propre compte et n’a pas de choix.
Chaque jour aux heures de pointe, on observe à travers la capitale, des colonnes de personnes, figures anxieuses, très pressées, qui longent les artères principales de la ville, à la recherche d’un moyen de locomotion pour atteindre le lieu de travail ou retourner à domicile. Un véritable calvaire.
Dans le ville de Kinshasa, on estime à 90 pourcent le nombre des véhicules de transport en commun appartiennent aux privés. Le bus transco ne suffit pas pour faire face à la demande d’une population urbaine en progression géométrique. Environ 12 millions d’habitants.
Selon les démographes, cette population pourrait atteindre 15 millions d’ici à l’an 2034. Et la question de transport en commun se posera avec plus d’acuité. Plus la population de Kinshasa augmentera, plus le prix de transport en commun augmentera de plus en plus en vertu de la loi de l’offre et de la demande de transport.
L’épineuse question de l’érosion monétaire et la perte du pouvoir d’achat du franc congolais
Depuis son lancement le 30 juin 1998 sous le régime de l’AFDL, Le taux de change est passé de 1.43 fc pour un dollar américain à 43 FC en 2001 lors de l’assassinat de MZEE, puis à 560 FC en 2006 sous gizenga antoine. Quand Adolphe Muzito avait remplacé Antoine Gizenga en 2006 ce taux était à 912 francs congolais pour un billet vert, il avait atteint 980 fc en 2012. Le taux de change est resté stationnaire sous le gouvernement Matata jusqu’en 2016 pour franchir la barre de 1000 FC sous le gouvernement Samy Badibanga. Ce taux avait approché 1900FC sous le gouvernement Bruno Tshibala jusqu’en 2018.
Depuis lors, le taux de change n’a cessé d’augmenter sous le gouvernement Michel Sama Lokonde au cours du premier quinquennat du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Depuis le 20 Janvier 2024, le président Félix Tshisekedi a entamé son deuxième quinquennat sous la barre de 2200 fc pour un dollar américain.
Selon les experts en théorie monétaire, si les politiques monétaires demeurent inchangées « ceteri paribus » le taux de change pourrait franchir la barre de 5000 francs congolais d’ici fin juin 2024.
Effet de substitution et effet de revenu
Lors que les prix augmentent sur le marché des biens et des services, cette augmentation produit deux effets en économie, à savoir l’effet de substitution et l’effet de revenu.
Effet de substitution. Un consommateur habitué à acheter de la viande de porc ou autres charcuteries, sera obligé de choisir un bien qui coûte moins cher. Ce choix va le situer sur une courbe d’indifférence ou d’utilité inférieure, parce qu’il va tirer une satisfaction de loin inférieure
Comme les prix augmentent continuellement, un gagne petit va se contenter de consommer des biens giffen ou biens inférieurs comme les matembele ou ngayingayi, il va entrer la classe sociale des pauvres.
Effet de revenu. Chaque consommateur ou ménage dispose d’un budget mensuel, pour un nombre déterminé des personnes. A supposer qu’il vive dans une tranche de revenu nominal de 100 dollars américains de salaire mensuel. Si les prix venaient à augmenter dans une certaine proportion, et que son revenu nominal demeure constant, il y a effet de revenu dans ce sens que son pouvoir d’achat va diminuer proportionnellement à la hausse des prix sur les marchés. IL va devenir pauvre parce que, une partie de son revenu lui est amputé par la hausse des prix.
D’une façon générale, la hausse de prix diminue le pouvoir d’achat du franc congolais rimé au dollar. Tu ne peux plus acquérir la même quantité de fufu. Parce que le bien que tu as acquis avant la hausse des prix coûte trois fois plus cher, il faut réunir plusieurs billets de banque pour en avoir. En 1998, à Kinshasa, chaque ménage kinois pouvait se procurer quatre bols de fufu de manioc avec 1 fc Aujourd’hui, pour acquérir la même quantité de fufu, il faut avoir quatre mille francs congolais. Le taux de dépréciation monétaire est très élevé.
Si les dirigeants politiques ne protègent pas le pouvoir d’achat de la population, beaucoup de congolais vont connaitre la pauvreté. Comme les dirigeants politiques accèdent facilement à toutes les commodités de la vie et que, leur niveau des dépenses dépasserait 500 dollars par jour, ils ne peuvent pas sentir la hausse des prix. Selon nos sources généralement quelconques, un député congolais toucherait un revenu mensuel de 15000 dollars américains, soit un niveau de dépenses de 500 dollars par jour peu importe le nombre des personnes à sa charge.
On peut dire qu’en réalité, c’est un petit nombre de personnes qui ont accès à toutes les commodités de la vie, notamment les dirigeants politiques et les hommes d’affaires. L’expression avoir accès à toutes les commodités de la vie concerne toute personne qui est à l’abri des besoins. Cette classe aisée, ne dépasse pas 20 pourcent de la population, dans la ville de Kinshasa.
On peut estimer à 90 pourcent la population de Kinshasa qui vit dans la pauvreté alimentaire et monétaire et qui doit faire face à la hausse des prix. Leurs plans de dépenses sont perturbés chaque jour par les transporteurs privés sans oublier une autre peste de la société, les chauffeurs motos qui font beaucoup d’accidents mortels.
Une autre notion est celle de l’utilité. L’utilité marginale d’un billet de cent dollar pourrait être de un pourcent pour un DG d’entreprise ou encore pour un député congolais, alors qu’un citoyen lambda payerait son loyer avec cent dollar américain à Kasavubu ou à Masina. Un billet de cent dollars c’est le carburant du député ou du kamundele avec de la shikwange pour quatre personnes. Les dirigeants politiques sont appelés à revoir la clef de répartition du revenu national afin de donner un certain pouvoir d’achat à la population et, Contrôler périodiquement le tarif de transport en commun et sanctionner publiquement les transporteurs véreux qui exploitent honteusement la population kinoise.
Alex Tutukala Kibambe
Journaliste Economique.