19 novembre -19 décembre 2023, les lampions vont s’éteindre sur la campagne déclenchée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en prévision des élections prévues pour le 20 courant. En effet, le temps parcouru soit un mois jour pour jour, a permis aux postulants de ‘’jouer le jeu’’ selon les modalités, en vue de leur visibilité et préparer chacun leur base. Des sources ont estimé à quelque vingt et un mille, le nombre de celles et ceux qui se sont lancés à la course, autant à la députation nationale et provinciale qu’au conseil municipal. Face à l’affluence remarquable de postulants, en effet, des observateurs ont fait le constat d’un espace politique qui ‘’s’enfle’’ tandis que la société civile ‘’se déplume’’. Une chose est certaine néanmoins, c’est que la campagne électorale a beau être délicate pour la démocratie, les fils et filles du pays ont, pendant cette période, relevé le pari du vivre-ensemble dans la paix. Une campagne électorale sereine, responsable et marquée par la modération. A l’approche du lancement de la campagne, des milieux avaient mobilisé en faveur de la cohésion sociale face aux discours électoraux. En effet, les discours électoraux sont multiples. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) évoquant, quant à lui : l’intox, l’infox, la haine, la manipulation, fake-news, mensonges…
En effet, postulants et leurs bases respectives se sont refusé à toute démesure, privant ainsi les pêcheurs en-eau-troubles d’éventuelles scènes désagréables de bousculades, de fissures sociales…
Quand la société civile ‘’se déplume’’
La société civile perd-elle du terrain tandis que l’espace politique ‘’enfle’’ ? En effet, plus d’un observateur estiment que cette interrogation mérite d’être soulevée dans le contexte actuel. Car l’exercice de la carrière politique suscite un intérêt sans précédent. Tout leader communautaire (leader d’opinion) veut mettre à l’avant sa notoriété pour, dit-on, ‘’tenter sa chance en politique’’. Toute personne dont le parcours a été immortalisé par des musiciens locaux, veut s’appuyer sur ce ‘’baromètre social’’ pour, dit-on, ‘’tenter sa chance en politique’’. Tout agent de marketing ayant un ‘’carré relationnel’’, veut capitaliser son répertoire d’adresses pour, dit-on, ‘’tenter sa chance en politique’’. Toute personne ayant presté dans un secteur médiatisé, veut prendre appui sur ‘’son aura’’ pour, dit-on, ‘’tenter sa chance en politique’’.
En famille et même dans le voisinage, des proches demandent : ‘’Toi, tu n’as pas postulé pour tenter ta chance comme les autres’’ ? Jadis dans l’arrière-pays, des membres du clan, de la communauté adressaient une question similaire aux jeunes actifs : ‘’Toi, tu ne descendras pas en ville (entendez : la capitale) pour tenter ta chance comme les autres ? Il n’était pas rare qu’une personne réputée intelligente dans sa communauté soit quelque peu embarrassée par telle question. A l’échelle africaine, cette préoccupation a occasionné à grande échelle l’urbanisation des populations. Dans la mesure où, tout le monde voulant descendre en ville, se greffer à un ‘’ndeko’’ (proche familial) qui puisse servir, bon gré mal gré, de tremplin à (nos) ambitions.
Dans un entretien à la presse, l’auteur de ‘’La Démocratie naturelle’’, Nestor Lukimi Nghemi explique :
‘’Il n’est pas étonnant que les statistiques prennent l’ascenseur, s’agissant de l’affluence de jeunes en politique. Depuis plus d’une décennie, l’emploi des jeunes n‘a pas fait l’objet de programme gouvernemental en RDC. Après de longues carrières politiques, des compatriotes qui ont fait fortune, n’ont pas pensé investir pour atténuer voire reverser la tendance. D’aucun thésaurisent, quitte à attendre les prochaines élections pour, à nouveau, s’illustrer en princes de paix et bienfaiteurs des masses, distribuant de petites coupures pendant la campagne électorale. (…)’’, a déploré l’expert en développement communautaire.
Pour sa part, le pasteur Germain Mudimbiyi de l’Eglise ‘’Jésus Muraille de feu’’, a fait le constat suivant :
‘’Tous, on se met au travail pour la réussite, l’épanouissement et le développement. Cependant, le premier point qui trahit l’Africain, c’est sa mauvaise croyance. Une croyance qui s’oppose même au développement, au profit de ses coutumes, de ses préférences’’. (L’Eglise est située au quartier Matonge, dans la commune de Kalamu).
Quid de l’emploi des jeunes : ‘’le chômage des jeunes, bombe à retardement pour l’Afrique subsaharienne’’, redoute Raymond Jarret
Les villes africaines respirent de façon effrénée l’urbanisation des populations. Il n’est pas de structures fonctionnelles d’atténuation de l’exode rural. Les campagnes se vident de leurs mains actives. Le secteur agricole n’étant pas mécanisé, le gros de la population qui s’urbanise, est voué à l’extraversion économique. Entre 2009 et 2011, le Français Raymond Jarret sillonnant, en touriste, son ancien continent d’attache, a tiré la sonnette d’alarme : ‘’le chômage des jeunes, bombe à retardement pour l’Afrique subsaharienne’’, a-t-il prévenu.
L’Afrique doit suivre le modèle chinois pour son développement, a-t-il suggéré. C’est-à-dire renforcer l’autorité de l’Etat, responsabiliser les communautés (la proximité), promouvoir la production locale et la protéger face aux pesanteurs d’une économie extravertie, occuper les jeunes, accroitre les zones économiques et impliquer le génie militaire. Les jeunes à l’âge d’embauchent représentent, en RDC, un taux non négligeable s’agissant de l’exode rural. Raymond Jarret avait presté dans la firme Bata (spécialisés dans les chaussures). Après permutation dans plus d’un pays d’Afrique subsaharienne, il avait le continent en 1971 pour un poste d’attache en Asie, avant de retourner chez lui en France, l’employeur ayant mis la clé sous le paillasson. A Kinshasa et devant la presse, il a notamment déploré que le quartier N’Dolo qui bordent le fleuve, jadis zone industrielle, soit devenu un marché du port où ‘’de petits voyageurs débarquent avec des produits de leur long périple’’. Il était également hors de lui-même, ayant constaté que le café, coton et huile de palme (pour ne citer que cela) pour la production desquels le Congo était dans la cour des grands, à ce jour hors de question.
‘’Dans la symphonie humaine, chacun joue sa partition’’, renseigne une sagesse
En son temps, feu le Professeur Emérite Léon de Saint Moulin, en sociologue, disait : ‘’L’avenir, il nous a été donné de le construire’’.
Comme on le comprend, quand vient l’histoire, le temps jette des fleurs aux acteurs qui auront mérité. En six (6) décennies d’indépendance, la nation est en droit d’attendre de ses fils et filles aux postes de responsabilité, un travail honnête sans corruption, qu’ils se démarquent dans leurs fonctions pour qu’ils prouvent qu’ils méritent les postes de responsabilité. ‘’La richesse d’un groupe réside dans l’hétérogénéité des membres’’, renseigne une théorie en Dynamique de groupe. L’affluence en politique devrait avoir pour motivation le service rendu à la communauté. Ce secteur ne devrait guère faire baver simplement parce que l’enrichissement personnel y est garanti ! ‘’Diversité dans l’unité’’, c’est dans l’interdépendance de leurs différences que les filles et fils du Congo pourront relever le pari de ‘’bâtir un pays plus beau qu’avant‘’. Un adage espagnol dit : ‘’le feu brûle plus grand si chacun apporte son fagot de bois’’ (fin de citation).
‘’Un regard sur le parcours accompli donne encore des raisons d’espérer, et un motif de joie… Et cela nous enchante’’, mobilise un encadreur de jeunes. Et d’enchaîner : ‘’Dans la mesure où, le soleil et la lune n’ont pas quitté leur orbite pour pousser la jeunesse à conquérir ainsi massivement l’espace politique. Lumumba (entendez le premier Premier ministre congolais) n’avait-il pas ‘’prophétisé’’ que l’heure vient, où l’histoire du Congo s’écrira au Congo par ses propres fils et filles ? Celles et ceux qui ont postulé ont mis en avant leurs qualités morales et intellectuelles de même que leur capacité à participer activement dans la création et l’avènement d’un nouvel environnement sociopolitique, dans l’œuvre collective de bâtir un Congo plus beau qu’avant, et que nous lèguerons à notre postérité. L’illustre Léopold Sedar Senghor avait expérimenté et témoigné en son temps : ‘’En m’ouvrant aux autres, Paris m’a ouvert à ma propre connaissance’’ (fin de citation) ’’, a-t-il dit.
Comme le réitérait en son temps Mzee Laurent Désiré Kabila, ‘’un Congo conscient de son rôle dans le concert des nations’’. De fil en aiguille, un regard intéressé sur les Saintes écritures, renseigne sur l’exhortation qu’adresse l’apôtre Paul à Timothée, l’appelant à demeurer fidèle à la connaissance et constant dans sa personnalité. Cela est à lire dans 1 Timothée 4 ; 12-16
(Citation)
12 Que personne ne méprise ta jeunesse; mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté.
13 Jusqu’à ce que je vienne, applique-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement.
14 Ne néglige pas le don qui est en toi, et qui t’a été donné par prophétie avec l’imposition des mains de l’assemblée des anciens.
15 Occupe-toi de ces choses, donne-toi tout entier à elles, afin que tes progrès soient évidents pour tous.
16 Veille sur toi-même et sur ton enseignement; persévère dans ces choses, car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent.
Payne