En RD-Congo, la majorité des musulmans se trouvent dans l’est du pays, région particulièrement en proie à l’insécurité et à des violences.
Depuis le 11 mars et le début du Ramadan, les imams de République démocratique du Congo recommandent aux fidèles de réaliser des efforts particuliers pour implorer la miséricorde de Dieu et de poser des actes de charité en faveur des déplacés des guerres à l’est du pays — d’autant que cette région en proie à l’insécurité concentre la majeure partie des musulmans du pays. « Le Ramadan est le moment idéal de soutenir nos frères déplacés qui le passeront loin de chez eux dans des conditions très difficiles », a ainsi exhorté Mussa Ahmad Mabonge, imam et chef adjoint de l’administration de la communauté musulmane au Nord-Kivu.
Pour Abdallah Mangala, président de la communauté islamique du Congo (Comico), la particularité du mois de Ramadan 2024 est que « sur le plan spirituel, nous allons implorer la miséricorde divine pour le peuple et sur le plan sociopolitique, nous allons œuvrer pour la paix ». Bien qu’étant minoritaires, dans un pays à où les chrétiens représentent plus 90% de la population, les musulmans congolais ont une certaine influence dans le domaine sociopolitique. L’islam tient notamment la vice-présidence de la Plateforme des confessions religieuses de RDC depuis 2021.
Carence d’eau potable et de nourriture
Comme le chef spirituel de cette confession religieuse, Abdallah Mangala souligne que les musulmans de RDC espèrent le changement. « Après les élections présidentielles, législatives et municipales de décembre dernier, l’espoir de la communauté islamique est au rendez-vous, explique-t-il, même si beaucoup reste à apprendre sur la démocratie dans notre pays ».
Ali Assani Mukamba, imam de la mosquée de Munigi, qui accueille un nombre important des déplacés, soutient que les conditions de vie difficiles n’empêcheront pas les fidèles d’observer les exigences du Ramadan. « Malgré la misère de nos frères déplacés, nous les exhortons à observer les recommandations de la religion en cette période », appelle-t-il, tout en se disant « conscient des difficultés qu’ils éprouvent, par exemple pour les ablutions suite à la carence en eau potable. » La nourriture pour rompre le jeûne est aussi l’une des préoccupations de cet imam. « Nous sollicitons des dons de toute personne de bonne volonté pour permettre à nos frères de vivre le ramadan dignement », ajoute-t-il.
Une occasion pour une prise de conscience collective
Par ailleurs, Abdallah Mangala appelle à un engagement de tout citoyen congolais pour le bien-être de la population et celle des victimes des guerres en particulier.« Rien ne peut changer sans un changement de mentalité, estime-t-il toutefois. Les valeurs et vertus doivent caractériser le peuple congolais en général et les responsables en particulier. Que l’éducation, l’instruction et la conformité accompagnent nos actions. »