L’enquête relative au détournement de plus de 100 millions de dollars américains des produits pétroliers au niveau de la Direction provinciale de la DGDA/Tshopo a rendu inquiets les responsables et les agents de différents bureaux de la DGDA disséminés dans les provinces de la Tshopo et de l’Ituri.
En effet, la nervosité se lit sur les visages de la plupart des agents fautifs. Ainsi, ces derniers s’en prennent à certains de leurs collègues qu’ils soupçonnent, à tort ou à raison, d’avoir vendu la mèche. Il y a des agents qui ont reçu des menaces de mort comme d’autres ont été l’objet des voies de fait. On les accuse d’avoir communiqué des informations sensibles à la mission de la Cellule de lutte anti-fraude de la Présidence de la République dépêchée sur place par le Conseiller Spécial en matière de sécurité du Chef de l’Etat, le Professeur Jean-Louis Essambo Kangashe.
En fait, il s’agit d’une agitation inutile.
En réalité, de nombreux manquements ont été constatés bien avant la descente sur terrain de cette mission comme l’attestent les mesures de suspension et les demandes d’explication infligées ou adressées aux agents fautifs de la DGDA.
Cependant, personne ne s’explique des attaques et des menaces contre la mission de la Cellule de lutte anti-fraude de la Présidence de la République, laquelle mission a été conduite par l’intrépide Pierrot Tshindayi wa Mulumba. C’est curieux de voir les responsables de la DGDA/Tshopo contester une mission officielle de la Présidence de la République envoyée sur place pour la vérification des actes de fraude qu’ils ont fini d’ailleurs par constater et documenter.
Des faits, rien que des faits
L’enquête a permis de découvrir plusieurs cadavres dans les placards de DGDA/Tshopo. Il existe de faux déclarants en douane dans l’ex-Province Orientale. Ils collaborent étroitement avec quelques agents de la Direction Provinciale de la DGDA/Tshopo. La liste est longue.
À ce sujet, il faut rappeler que des cadres haut placés de la DGDA/Tshopo ont été sommés de s’expliquer à la suite des demandes d’explication pour fautes lourdes.
Parmi les griefs qui leur sont reprochés, on note le fait d’autoriser régulièrement et unilatéralement des camions-citernes à déposer des produits pétroliers à Kisangani en violation de l’arrêté interministériel du 26 avril 2012 entre les ministères des finances, de l’économie et du commerce. La conséquence en est que la Direction Provinciale de l’OCC/Tshopo a imposé à ses clients de payer leurs taxes hors guichet unique.
Certains agents de la DGDA/Tshopo apposent le cachet sur les déclarations brutes et non-numérotées pour l’enlèvement des produits pétroliers non-pris en charge et non-déclarés.
Ça ne s’arrête pas là. D’autres agents DGDA autorisent également l’enlèvement des produits pétroliers sans tenir compte du montant des cautions déposées par des déclarants en douane.
De nombreux faux bons de sortie sont en circulation. Une véritable maffia entretenue par de fameux “déclarants debout”. Donc, des individus ou des sociétés fictives qui font l’intermédiation douanière avec la complicité de quelques responsables de la DGDA/Tshopo.
Ces faits ont été portés à la connaissance de la Direction Générale de la DGDA à Kinshasa au point où celle-ci a dernièrement exigé des explications sur la fraude généralisée qui sévit à Mahagi, Djegu, Ngote, Bunia, Kakombo, Njanja et Kisangani. À cela s’ajoute le cas de 577 camions-citernes entrés frauduleusement au pays au début de cette année.
L’Etat doit sévir
La fraude douanière dans l’ex-Province Orientale ne date pas d’aujourd’hui.
Tous les régimes qui se sont succédé dans notre pays, du Président Mobutu à ce jour, ont été confrontés à cette fraude. Ils n’ont pas réussi à l’éradiquer.
Eu égard à cette impuissance des pouvoirs publics congolais, l’Etat devrait sévir sévèrement tous les agents indélicats.
Jean Kabeya Mudiela Ndungu/Cp