Lutte contre la tuberculose: Les patients partagés entre la guerre et le gel des financements

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La Journée mondiale de la lutte contre la tuberculose célébrée, le lundi 24 mars 2025, s’est déroulée dans un contexte extrêmement difficile pour ces patients partagés d’une part, par le gel des financements des principaux bailleurs, et d’autre part par cette guerre menée par les rebelles du M23 avec le soutien de l’armée rwandaise. Dans leur invasion, plusieurs structures de prise en charge dans les zones occupées sont détruites. Ce qui fait que de nombreux patients, ne sachant à quel saint se vouer, se retrouvent dans la nature avec tous les risques de propager la maladie.

Le risque s’est multiplié, parce que déjà en temps normal, la République démocratique du Congo enregistrait 4.000 décès dus à la tuberculose sur près de 282.566 malades chaque année. Le contextuel actuel est plus que cruel.

C’est ce qu’a regretté, la mort dans l’âme, la directrice nationale de la Ligue nationale Antituberculeuse et Antilépreuse du Congo (LNAC), Mme Ghislaine Mabeluanga qui a déclaré, lors de cette cérémonie que « la célébration de cette journée se déroule dans un contexte particulier de guerre d’une part, et de gel des financements d’autre part, où les survivants de la TB, les communautés ainsi que les organisations de la société civile sont affectées ».

 

Le contexte et la thématique retenue devront interpeller au regard des engagements pris

« 0ui, nous pouvons mettre fin à la tuberculose en RDC : Engageons-nous, investissons et agissons ensemble pour mettre fin à la TB en RDC ». C’est le thème retenu cette année pour la commémoration de cette journée mondiale, qui pour la LNAC constitue l’objectif principal qui devra interpeller les décideurs congolais au respect des engagements pris, surtout en cette période délicate liée à un contexte difficile pour les patients atteints de la TB et les familles déplacées. Cela, suite à la guerre d’agression qui sévit dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

« Ce 24 mars 2025 est une réunion importante pour vous rappeler que nous attendons toujours la matérialisation de vos engagements repris à travers le message de la JMT (…). Les engagements pris par la RDC lors de la 7ème reconstitution des Fonds du Fonds Mondial et régulariser toutes les situations qui perdurent encore à ce jour. Engageons-nous pour honorer et  respecter les engagements que vous aviez pris au nom du chef de l’Etat son Excellence  Félix-Antoine Tshisekedi Président de la République, lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre  2023 d’octroyer à chaque province 1 million de dollars américains dans le cadre de la lutte contre la tuberculose  pendant les 7 prochaines années, ce qui représente un montant global de 182 000 000 $  américains et dont la première évaluation sera faite en 2027 », avait déclaré la Directrice nationale de la LNA.

C’était sur un ton ferme devant une foule en liesse, constituée des patients, qui visiblement, voyait en ce discours une lueur d’espoir. Mais aussi en présence de deux secrétaires généraux, représentant le ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale, ainsi que des directeurs des Programmes.

De ce ton, la Directrice nationale de la LNAC estime qu’il est temps, au regard de toutes ses potentialités, que le pays puisse investir dans la matérialisation et la fabrication locale des produits antituberculeux. Ce qui lui permettra de reconstituer le stock de sécurité des médicaments inexistant depuis plus de 10 ans.

Il sera aussi question d’éviter la situation désastreuse que vivent les 12.000 patients atteints de la TB dans les files d’attente à travers tout le pays, avec un risque accru de créer des tensions évitables et de réduire tous les efforts que la RDC a déjà investi dans la lutte contre la TB.

 

Investir aussi et surtout dans les crédits maintenant que les bailleurs sont en train de partir

En effet, la Ligue nationale Antituberculeuse et Antilépreuse du Congo (LNAC) juge capital pour la RDC d’investir dans les crédits alloués à la santé, à travers le budget de l’Etat. Ces crédits doivent être représentatifs des besoins réels de chaque Congolais, d’autant plus que les principaux partenaires financiers sont en train de partir. Le Gouvernement congolais devra donc être conséquent devant cette réalité. Parce que, soulignons-le, la réponse à la lutte contre la tuberculose, le Vih/Sida et le Paludisme est financée à 80 % par les bailleurs, dont les principaux sont le Fonds mondial et Pepfard. Leur départ risque de paralyser la lutte contre la tuberculose en Rdc.

« Excellence. Ces retraits des bailleurs de fonds démontrent à suffisance que la politique de la main tendue est un risque élevé pour nous et créent un déséquilibre qui ne paie pas c’est pourquoi votre investissement personnel, avec nous, doit être déterminant et fort. Pour apporter une contribution réelle à la lutte contre la TB et renforcer la CSU, par des taxes sur les produits de luxe, les impôts sur des grosses fortunes et les contributions du secteur minier », a lâché la Directrice nationale de la LNAC, qui estime qu’à partir de cet investissement, le pays pourra réduire le gap laissé par les partenaires techniques et financiers. Il permettra, en même temps, d’augmenter chaque année le budget alloué à la santé et, par ricochet, celui alloué à la TB.

De ce fait, le Gouvernement congolais devra aller au-delà des 15 % des accords d’Abuja qui ne représentent plus rien, tant que le budget de l’Etat restera faible et le secteur de la santé continuera à être sacrifié alors qu’il devrait être privilégié.

 

Les patients sans médicaments dans les zones occupées

« Il est impérieux d’agir ensemble pour que le gouvernement de la République apporte une réponse à nos frères qui sont privés de leurs médicaments dans les territoires occupés et n’ont plus accès aux structures de soins », a plaidé la Directrice nationale de la LNAC, qui espère que le Gouvernement par ses partenaires humanitaires, pourra apporter une assistance à ces Congolais malades, qui par la force des choses, errent ici et là, à la recherche de la survie mais plus avec le risque de propager la maladie devant cette situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader.

Ainsi, c’est elle qui peut arriver là où l’Etat ne peut, comme c’est le cas actuellement, la société civile est visiblement déterminée à agir ensemble en participant à tous les forums susceptibles de faire entendre sa voix, pour lutter contre la Tuberculose dans ce pays en guerre.

Prince Yassa

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