Au pays de Teranga – tout comme en Côte d’Ivoire – le Président de la République n’attend pas l’identification de la Majorité parlementaire pour désigner le Premier ministre…
Encore une pique de l’archevêque métropolitain de Kinshasa en direction des autorités congolaises alors que sa sortie médiatique de la Pâques au sujet de la lutte armée contre les institutions démocratiques continuent de susciter des condamnations.
Commentant la rapidité avec laquelle le Sénégal installe les siennes, le prélat est d’avis que *”Normalement, la composition du gouvernement ne devrait pas prendre beaucoup de temps et je le dis à partir de l’exemple du Sénégal : en un temps record, ils vont constituer leur gouvernement. Mais pourquoi ça dure chez nous ? C’est parce qu’il y a des tractations : tout le monde veut s’asseoir autour du gâteau et avoir le plus gros morceau possible. Comme, au Congo, le seul métier qui vaut la peine, c’est la politique, tout le monde veut se retrouver au gouvernement, au Parlement, autrement, il n’a rien. Cette situation crée vraiment chez nous une inquiétude».
Responsable directement devant le président de la République…
Fondée, cette réaction l’est dans la mesure où depuis son investiture le 20 janvier 2024, le Chef de l’État n’est pas en mesure de disposer du Gouvernement à cause de différentes contraintes constitutionnelles.
C’est ce que relève le patriarche Jonas Mukamba qui met en exergue l’article 78 de la Constitution, article qui soumet la désignation du Premier ministre à l’identification de la Majorité parlementaire au sein d’abord de l’Assemblée nationale, si jamais cette majorité ne se dégage pas.
Quand bien même il dispose du pouvoir discrétionnaire pour ce faire, le Président de la République doit rassurer cette Majorité de son esprit de collaboration. D’où nécessité de se choisir un Premier ministre qui lui soit proche.
Vient par après la participation des responsables de la coalition pour la désignation des ministres, désignation respectant la ” géopolitique “. C’est aussi une disposition constitutionnelle.
Or, il n’en est pas ainsi au Sénégal.
Déjà, à la différence de la RDC où le Gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale, au pays de la Teranga, le Gouvernement l’est directement devant le Président de la République.
Le patriarche Jonas Mukamba trouve cela tout à fait normal en ce qu’au Sénégal, le Président de la République nomme directement le Premier ministre et, avec le concours de ce dernier, il forme le Gouvernement. Il est l’unique chef de l’Exécutif national.
Le cardinal Fridolin Ambongo est censé le savoir.
Pour Jonas Mukamba, la réaction de l’archevêque a un mérite non négligeable.
En effet, une bonne partie de l’opinion congolaise ne connaît pas les subtilités de la Constitution dans plusieurs matières. C’est l’une des raisons pour lesquelles est préconisée la re-visitation d’un bon nombre d’articles.
Le Patriarche espère voir le prélat catholique, le moment venu, convaincre l’opinion du bien-fondé de cette initiative.
S.M.