Mukamba du Kasaï élu sénateur à l’Equateur : le message fort des Bangala à la Nation congolaise

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Dans le langage léopoldvillois, les Bangala sont les locuteurs de la langue lingala. Mais, ils sont communément identifiés aux ressortissants du Grand Équateur, entre autres les Mongo, Ngombe, Libinja, Bangala, Bomboma, Bongando, Ntomba, Ekonda, Mbanza, Ngbaka, Ngbandi etc. Les Bangala ont la réputation d’être francs et généreux (côté jardin) et “colériques” (côté cour). Ils ont cependant une caractéristique particulière : ils ont le sens du “vivre-ensemble”. C’est ainsi que partout où ils s’installent sur le territoire national, ils vivent en symbiose avec les communautés locales. Ils ne sont jamais, mais alors jamais à l’origine des conflits communautaires dans les cinq autres provinces héritées de la colonisation belge : Léopoldville, Kasaï, Katanga, Kivu et Orientale…

Les comm’internautes ont fait de lui la cible de toutes les flèches et flechettes

Sur 109 membres composant la chambre haute du Parlement RDCongolais en dehors du sénateur à vie Joseph Kabila, ils sont seulement 2 (deux) à avoir été élus en dehors de leurs provinces d’origine : Jonas Mukamba Kadiata Nzemba de l’Espace Kasaï (précisément du Kasaï Oriental) pour l’Equateur et Salomon Idi Kalonda (originaire de l’Espace Kivu (précisément du Maniema).

Le cas Mukamba est intéressant en ce que l’élu fut dans les années 1981-1983 gouverneur de la province de l’Equateur comprenant, à l’époque, les cinq provinces actuelles. Son chef-lieu était Mbandaka, ex-Coquilatville.

Aussitôt annoncée son élection en qualité de sénateur, Jonas Mukamba a vu la toile (réseaux sociaux) se déchaîner pour lui rappeler l’assassinat de Patrice-Emery Lumumba. Comme par enchantement, les ” comm’internautes” ont fait de lui la cible de toutes les flèches et fléchettes. Son tort, probablement, est d’être le seul survivant des acteurs politiques Congolais impliqués dans la perpétration de ce crime.

Qui sont alors les exécutants côté Rdc ?

Petit plongeon dans l’Histoire : on est le 30 juin 1960. Dans la salle des congrès du Palais de la Nation, un incident se produit pendant la cérémonie de proclamation de l’indépendance. Dans son discours improvisé, Patrice-Emery Lumumba – élu Premier ministre six jours plus tôt – prend à contre-courant les propos amènes échangés entre le Président de la République Joseph Kasa-Vubu et le Roi des Belges Baudouin.

Au fait, Lumumba confirme par sa prestation les ” soupçons” de communiste qu’on lui colle depuis sa participation, en décembre 1958, à la Conférence des Peuples africains organisée à Accra.

Or, on est en pleine Guerre froide qui ne laisse aucune place aux neutres : soit on est du côté de l’Otan (capitalistes), soit on n’est du côté du Pacte de Varsovie (communistes).

Ainsi, avant même d’accéder au poste de Premier ministre selon la Constitution de la Belgique (*le Chef de l’Etat règne, le Premier ministre gouverne*), Lumumba est déjà “sous contrat” (lisez “programmé pour être assassiné”).

Qui sont alors les exécutants côté RDC ? Forte est l’envie de les qualifier d’ enfants, à l’exception de Joseph Kasa-Vubu.

Tenez :

-Joseph Kasa-Vubu a 43 ans ;

-Joseph Mobutu a 30 ans ;

-Jonas Mukamba a 29 ans ;

-Nestor Nendaka a 37 ans :

-Justin Bomboko a 32 ans ;

-Etienne Tshisekedi a 28 ans :

-Bernardin Mungul Diaka a 27 ans.

Et lui-même Patrice-Emery Lumumba a 35 ans.

Ainsi, le doyen d’âge a 43 ans, le benjamin à peine 27 ans.

Autant dire, en majorité, des enfants face à des parents et grands-parents occidentaux. Les mêmes qui vont les piéger en leur accordant l’indépendance politique non accompagnée d’indépendance économique.

Symbolique pour le 30 juin 2024

Devrions-nous, en tant que Congolais, continuer de garder la dent contre des compatriotes impliqués au degré inférieur dans la mort de Lumumba, Okito et Mpolo pendant que nous entretenons d’excellentes relations avec les étrangers ayant commandité le triple assassinat ?

Question à reposer : devons-nous continuer à nous acharner sur les nôtres pendant que les proches de Lumumba, eux, sont confortablement installés et généreusement entretenus par dans les pays occidentaux, respectueux du caractère sacré de la notion sacrée de continuité de l’Etat ?

A comparer avec la génération actuelle, c’est-à-dire en prenant globalement Félix Tshisekedi (61 ans), Vital Kamerhe (65 ans), Pascal Kinduelo (85 ans), Christophe Mboso (83 ans) et même Judith Suminwa Tuluka (57 ans), on peut déduire que les Kasa-Vubu, Mobutu, Mukamba, Nendaka, Bomboko, Tshisekedi, Mungul Diaka etc. sont leurs enfants lorsqu’ils accèdent aux affaires en 1960 !

Bien plus, ils sont arrivés aux affaires sans aucune expérience en gouvernance institutionnelle.

Qu’ils aient commis des erreurs, des fautes, voire des crimes, c’est normal qu’ils en paient le prix.

Seulement voilà : des “Bangala” (nous) vient un message à capter 5 sur 5 : Jonas Mukamba-le-kasaïen a laissé des traces pendant son petit mandat de trois ans dans cette province. On ne peut pas dire de son électorat (députés provinciaux en majorité les enfants de ses contemporains) qu’ils ignorent l’Histoire de l’indépendance au sujet de Lumumba.

L’électorat a préféré se souvenir du *bâtisseur*. Preuve que dans la vie de Jonas Mukamba, (comme du reste dans celle de bien d’autres acteurs majeurs), il y a aussi des oeuvres bonnes à retenir. D’ailleurs, il y en a plus que des mauvaises.

La preuve est son passage à la Minière de Bakwanga. (Miba) qui fera dire à Jean-Claude Mombong, dans l’article intitulé “Jonas Mukamba Kadiata Nzemba, le rescapé politique” paru le 11 septembre 2023 dans La Gazette du Continent à l’occasion de ses 92 ans : ” Si la MIBA (société minière de Bakwanga) avait un visage, ce serait celui de Jonas Mukamba Kadiata Nzemba”.

Preuve que l’homme a su et pu marquer son temps.

Les Équatoriens viennent de (nous) le rappeler de la plus belle manière qui soit : la gratitude à l’égard de tout Congolais qui (leur) fait du bien, quels que soient ses origines et son passé.

A quelques semaines du 30 juin 2024, cette symbolique mérite de la part des décideurs un geste fort en termes d’unité et de solidarité nationales. Un geste que ne doit poser que le Président de la République Félix Tshisekedi, et lui seul. La Constitution dit de lui, en sa qualité de Chef de l’Etat, qu’il “représente la Nation”.

Omer Nsongo die Lema

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