Nationalité du candidat N°3 : des colonnes de feu des katumbistes sur Bemba

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En voulant, au regard de tonnes de révélations sur la toile, être rassuré sur la vraie nationalité du candidat N°3 à la présidentielle 2023 lors de son meeting populaire tenu récemment sur la place St Thérèse à Ndjili, Jean Pierre Bemba, leader du MLC et un des chargés de la campagne électorale du candidat N°20, a tapé dans la termitière. Sans peut-être le savoir. Les katumbistes de tous bords sont sortis de leurs gonds pour déverser sur lui des colonnes de feu et le vouer aux gémonies. Du coq à l’âne, on lui rappelle son passé à la CPI et on lui reproche de n’avoir pas tiré des leçons de son séjour carcéral en surfant ainsi sur la question sensible de la nationalité. A tout le moins, le président du MLC, arrêté pour des faits précis qui se sont révélés inexacts, raison pour laquelle il en a été acquitté, ne s’est pas fait chantre de la discrimination, ni de la haine ethnique. Il a voulu se rassurer sur la nationalité d’un prétendant à la magistrature suprême en RDC, à l’instar de ce qui, par exemple, s’est passé en son temps aux USA avec le candidat Barack Hussein Obama.

La préoccupation d’un député zambien sur la nationalité zambienne de Moïse Katumbi, candidat N°3 à la présidentielle 2023 en RDC, a, sans doute, suscité des inquiétudes dans le chef de Jean Pierre Bemba, leader du MLC ; inquiétudes qu’il a voulues bien partager avec ses partisans venus très nombreux le 06 décembre dernier sur la place St Thérèse à Ndjili afin de l’écouter dans le cadre de la campagne électorale en cours. Troublé par cette révélation, le chairman du MLC a voulu être rassuré sur la vraie nationalité de l’ancien gouverneur du Katanga, étant donné que l’on ne peut servir deux maîtres à la fois, ni souffler ultérieurement entre le chaud et le froid pour conflit d’intérêts.

Par la suite, les recherches d’un Congolais sur le site officiel du Département de la sécurité intérieure des USA ont débouché sur découverte rocambolesque : détenteur du passeport zambien N° D0012933, Moïse Katumbi est entré aux Etats-Unis le 02 avril 2019 et en est ressorti cinq jours après, soit le 07 avril 2019, avec ledit sésame. Sur son statut de visiteur, il est marqué même le nombre de fois qu’il est arrivé au pays de l’Oncle Sam depuis 2013 : à trente-neuf reprises, évidemment avec d’autres passeports.

La découverte de ce concitoyen tord du même fait le cou au justificatif qu’avait voulu apporter un des bras droits de Moïse Katumbi, en l’occurrence Christian Mwando Simba, en évoquant l’éventualité d’un passeport de courtoisie lui délivré par la Zambie compte tenu de ce qu’il a fait ou qu’il fait dans ce pays. Pour tourner en dérision ceux qui spéculent sur ce passeport, il a cité en exemple celui attribué au Belge Claude Vendôme comme ambassadeur de la RDC par l’Etat congolais. Cependant, les deux cas ne sont pas identiques.

En effet, pour une raison ou une autre, c’est le cas du Belge Claude Vendôme, un Etat peut octroyer un passeport diplomatique à un ressortissant d’un autre pays, sans que celui-ci change forcément sa nationalité d’origine mentionnée, du reste, sur ledit passeport. Dans le cas de Moïse Katumbi, révèle la recherche, le pays de nationalité se trouve être la Zambie. Et le «chercheur » congolais de mettre au défi même l’Ambassade des USA en RDC de démentir ces indications.

Le candidat N°3 à la présidentielle est ainsi rattrapé par son passé. Il n’est donc pas question de haine ou de discrimination à imputer à Jean Pierre Bemba. Il est, par contre, question de rassurer les Congolais sur la véritable identité d’un prétendant au fauteuil présidentiel, à la magistrature suprême du pays. L’ancien président américain Barack Obama, sénateur américain, a traversé cette épreuve. On lui avait nié la nationalité américaine au cours de la campagne électorale, voire pendant qu’il était déjà installé dans le Bureau ovale à la Maison Blanche. Il fut obligé de brandir ses attestations de naissance et de filiation de par sa mère, une Américaine blanche. D’aucuns l’avaient même qualifié de musulman du fait de son nom d’Hussein. Toutes vérifications faites, il a été prouvé qu’il est Américain et peut s’en prévaloir. Il appartient donc à Moïse Katumbi, qui est passé à travers les mailles de la Cour Constitutionnelle et qui est, en outre, embarrassé de montrer aux Congolais sa femme au point de promettre de supprimer la Maison civile du chef de l’Etat, qu’il est réellement Congolais et qu’il n’a jamais joui d’une nationalité étrangère à l’instar de l’ancien premier ministre Badibanga Ntita. Celui-ci ne s’était pas gêné de renoncer à sa nationalité belge pour reprendre sa nationalité congolaise, sa nationalité d’origine.

La fonction de président de la République n’est pas n’importe quelle fonction au sein de l’Etat. Elle requiert certaines exigences. C’est pourquoi les critères de candidature à cette fonction sont quelque peu corsées par rapport aux candidatures à d’autres échelons. En plus des critères légaux, il y a des critères spécifiques à remplir en France. Aux USA, on va même jusqu’à demander que le candidat ait vécu pendant dix ans sans interruption au pays.

Donc, Jean Pierre Bemba et d’autres Congolais ont des bonnes raisons de s’inquiéter et de le manifester vivement. C’est faire de l’amalgame en évoquant son incarcération à la CPI pour des infractions de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui se sont révélées inexactes tout au de l’instruction. Au bout de dix ans, la Cour l’en a acquitté. Le cas de l’ancien président ivoirien Laurent Gbabo est aussi révélateur des motivations souterraines ayant milité à l’arrestation de l’un et de l’autre.

La question de nationalité d’un individu n’a rien à voir avec une incitation à la haine ethnique, ni tribale. Le leader du MLC n’a pas été à la Haye pour incitation à la haine. Il n’y a rien de tel dans sa démarche. Pourtant, c’est lui qui peut se plaindre. Il a été peint sous un tableau noir et voué aux gémonies par certains compatriotes. Lors des élections de 2006, Mgr Sikuli de Butembo, par exemple, l’avait présenté comme cannibale, alors que les pygmées prétendus mangés avaient réapparu publiquement à Kinshasa. Soutenant Joseph Kabila, il avait appelé les ressortissants du Kivu et tous les Swahiliphones, en général, de voter pour lui parce que c’est leur frère, il parle swahili et est à même d’apporter la paix.

De toutes les façons, Moïse Katumbi, candidat N°3 à la présidentielle 202, est tenu à rassurer les uns et les autres afin de communier avec le peuple congolais. La levée de boucliers de ses partisans, ni les envolées oratoires des intellos sous ses bottes n’y changent rien.

Moïse Musangana

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