Nouvelle évangélisation : qui est sœur Glenda ?

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En Espagne, 45,5 % des jeunes âgés de 18 à 28 ans ont cessé de professer leur foi parce qu’ils considèrent l’Église démodée ou ennuyeuse. Pour lutter contre cet éloignement, l’Église cherche à les attirer par le biais de groupes et d’initiatives, s’appuyant sur la musique, les films et les activités culturelles : la nouvelle évangélisation est l’un des projets les plus passionnants de l’Église catholique.
Glenda Hernandez, plus connue sous le nom de « Sister Glenda », est l’un des principaux visages de ce mouvement, une de celles qui a suscité le plus d’intérêt et d’écho auprès du public en raison de son engagement en faveur de la musique et de la nouvelle évangélisation. Elle est en fait une référence internationale. Depuis 1998, elle consacre sa vie à l’enseignement, à la composition de chansons et à la vie apostolique dans un seul but : évangéliser.
Sœur Glenda a été religieuse de la Congrégation des religieuses de la Consolation, passant par le Chili, l’Argentine et l’Espagne, jusqu’à son départ en 2008 pour rejoindre l’Ordo Virginum, dépendant de l’évêché de Terrassa (Barcelone). Consacrée comme vierge, elle allie désormais musique et prière partout où elle est invitée et où l’évêché lui dit d’aller.
ZENIT a contacté Glenda Hernández pour en savoir plus sur la vie de cette femme consacrée, spécialiste en psychologie et en théologie.
En quoi consiste votre travail aujourd’hui et qu’est devenue sœur Glenda ?
Je suis consacrée depuis plus de 34 ans ! Comme vous l’avez très bien dit, j’ai passé 19 ans comme religieuse dans la communauté des Sœurs de la Consolation, en me consacrant à l’enseignement. C’est précisément en Catalogne qu’est née cette congrégation que j’ai tant aimée et que j’aime tant, et c’est pour cela que je suis ici : pour être proche d’elle. J’étais à Salamanque, où j’étudiais la psychologie, et en 2008, j’ai décidé de quitter cette congrégation pour devenir vierge consacrée dans le diocèse de Terrassa (où je vis encore aujourd’hui). Aujourd’hui, je me concentre sur le soutien psychologique, la spiritualité et la foi, ainsi que sur la musique, bien sûr. Nous devons transmettre la Bonne Nouvelle avec des mots actuels !
Les temps nouveaux s’adaptent-ils à l’évangélisation, ou est-ce l’évangélisation qui s’adapte aux temps nouveaux ?
La réponse est claire. Comme la diffusion des nouvelles a changé, la manière de transmettre le message du Christ au monde doit également changer. Pour moi, c’est au chrétien de s’adapter en étant capable d’annoncer cette Bonne Nouvelle aujourd’hui dans la culture et la langue de chaque personne et de chaque nation.
Nous sommes immergés dans une société qui ne veut pas de Dieu, et pourquoi ce manque ?
C’est une société qui ne veut pas parler de Dieu. En psychologie, nous utilisons une notion qui se traduit par « l’alignement de la personne ». Par exemple, une personne pourra vous dire qu’elle se sent bien et, après avoir décrit ce qu’elle ressent dans son corps, elle passe à la tête. Par exemple : en Catalogne, d’après ce que je vois, les gens cherchent la paix, les gens veulent Dieu, mais ils l’appellent par un autre nom.
Saint Jean de la Croix disait que ce Dieu qui s’est fait chair s’adapte. C’est pourquoi Dieu continue de venir dans nos vies parce qu’il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Le monde veut Dieu, même s’il ne le sait pas encore.
Nous assistons à une période de turbulences pour l’Église, à de nouveaux changements qui semblent remettre en question l’avenir de l’Église traditionnelle telle que nous la connaissons aujourd’hui. Est-ce le cas ?
Je suis très reconnaissante d’avoir pu étudier l’histoire de l’Église, car j’ai la réponse à cette question : après deux mille ans, vous vous souviendrez que le seul péché qui existait était l’apostasie. Vous deviez faire une confession publique ou étiez envoyé en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle ou à Jérusalem. Imaginez le choc quand ils ont dit que la confession se faisait mieux « face à face », et c’est ainsi qu’est né le mouvement monastique, qui associait ces confessions à la direction spirituelle. Imaginez aussi que lorsque j’ai étudié la théologie à Rome, à l’université grégorienne, les religieuses étaient fascinées que nous, les femmes, puissions étudier et participer à l’administration de la communion.
Je considère que nous sommes vivants, j’aime le fait qu’il y ait des changements, ils sont bons et nécessaires. Ainsi, avant, nous défendions la Vérité par-dessus tout, ce qui a donné naissance à l’Inquisition. Maintenant nous avons progressé en défendant la Charité, en étant fidèles à la vraie tradition qui n’est autre que « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés et ainsi vous serez reconnus ».
Vous avez une trajectoire intense de concerts, d’ateliers et de conférences : où va l’argent que vous récoltez ?
C’est une très bonne question, surtout parce que je crois que la transparence est nécessaire dans ce domaine : nous avons la logistique pour donner des ressources aux paroisses, en particulier à celles qui promeuvent les événements auxquels je participe, surtout aux États-Unis, où l’Église n’est pas soutenue comme en Espagne par les contribuables qui marquent le X dans la case de l’impôt sur le revenu. L’Église en Amérique doit se débrouiller, les prêtres organisent de nombreux événements. La moitié des fonds que nous obtenons sont distribués dans la paroisse et l’autre moitié va à la fondation « Consuelen », à partir de laquelle j’organise mon travail, couvrant les dépenses liées à mon voyage et à celui de mon équipe, les repas et les avions, ainsi que les hôtels. Bien sûr, ce qui reste est consacré à l’évangélisation. Par exemple, il y a des années, nous avons accordé des bourses à des étudiants et soutenu des soupes populaires (jusqu’à la pandémie, mais cela va reprendre).
Glenda continuera-t-elle à travailler beaucoup et la reverrons-nous sur scène ou lors d’une tournée internationale ?
La vérité est que, jusqu’à la pandémie, je passais beaucoup de temps en tournée hors d’Espagne. Pendant et après la pandémie, j’ai dû reprendre mon travail de psychologue de manière plus active. Mon cabinet de consultation était plein en permanence et j’ai dû accompagner et soutenir bien des personnes souffrant de problèmes liés à la pandémie. D’ailleurs, j’ai récemment obtenu un master en coaching à l’université de Barcelone !
Maintenant que j’ai 53 ans, j’envisage de revenir sur scène, mais peut-être pas avec la même intensité. Aujourd’hui je fais un mélange de psychologie et de musique sans cesser d’accompagner les personnes en tant que psychologue.
Comment un jeune laïc peut-il entreprendre un chemin de sanctification dans les temps actuels, et quel message pour ceux qui envisagent une vocation religieuse ou matrimoniale ?
Je suis une fervente admiratrice de saint Augustin et je crois que, comme il le disait, il faut écouter davantage le cœur.
Je me souviens parfaitement qu’en pleine dictature de Pinochet, je cherchais des réponses au sens de la vie. Lors d’une conférence à laquelle j’étais invitée, le prêtre a dit une phrase qui a marqué ma vie pour toujours : « Les désirs du cœur sont des présages de Dieu pour l’âme, Dieu te fera désirer ce qu’il veut te donner », il est important d’écouter le désir du cœur, il est important de discerner, comme l’a dit saint Paul.
En voici un exemple. J’appartiens à l’un des ordres les plus anciens, l’ »Ordo Virginum », qui n’impose pas l’habit religieux. Il y a quelques mois, j’ai participé à une réunion de nombreuses femmes consacrées de cet ordre ; certaines d’entre nous portaient l’habit, d’autres non. Cet ordre est unique, pourtant chaque consacrée décide de la manière dont elle veut vivre son ministère.
L’essentiel pour comprendre une vocation est peut-être d’écouter votre cœur et de suivre vos désirs, ce qui rendra votre vie merveilleuse et épanouissante.
Les catholiques sont de plus en plus persécutés et des tentatives sont faites pour restreindre la liberté religieuse sur la voie publique : cependant, plusieurs groupes de jeunes et de moins jeunes prient le Rosaire devant des cliniques d’avortement en Espagne et dans d’autres lieux publics ; soutenez-vous ces actions ? Quel message transmettez-vous à ces personnes ?
Malheureusement, la tolérance se perd. La société est devenue intolérante à l’égard de tout ce qui a trait au christianisme. Il est plus facile de parler de yoga ou de thérapies chinoises par le tambour. J’ai eu la merveilleuse opportunité de participer à Salamanque à la prière du Rosaire devant une clinique d’avortement où j’ai pu partager ma musique. Je respecte ces actions, mais je crois aussi que ceux qui n’aiment pas cela devraient être respectés. Nous devons souvent tolérer des choses que nous détestons.
Nous devons revenir à l’âge adulte du christianisme, c’est-à-dire discerner quand nous devons mieux aimer et comment le faire, en traitant les gens comme des adultes et surtout en examinant nos actions.
Merci beaucoup Glenda pour votre amour, votre travail et votre dévouement. Je vous remercie tout particulièrement de vous être occupée de nous et d’avoir clarifié tant de doutes qui sont maintenant résolus.

Colloque international pour le Jubilé du Cœur de Jésus

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