À 43 ans, Pape Thiaw, le sélectionneur du Sénégal et champion du dernier Championnat d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies, se distingue comme une figure montante du coaching africain. Tacticien averti, il se concentre sur chaque détail afin de parfaire ses compétences dans cet art.
Pape Thiaw, qui est désormais l’adjoint d’Aliou Cissé chez les Lions de la Teranga, est un homme très actif. Entre ses rôles au sein du Groupe Technique de la CAF et de la FIFA et sa gestion des U-23 sénégalais, il trouve néanmoins le temps d’échanger ses expertises avec d’autres entraîneurs lors du Symposium Technique de la CAF, à Abidjan. Entretien.
CAFOnline : En tant que jeune entraîneur africain, quelle est l’importance pour vous d’être présent au Symposium des Entraîneurs de la CAF à Abidjan ?
Pape Thiaw : Oui, c’est quelque chose de remarquable. Je pense que c’est un tournant pour le football africain de pouvoir rassembler tous les entraîneurs après une compétition pour échanger leurs expériences, leurs vécus et les émotions ressenties dans leurs vestiaires. Cela revêt une grande importance pour le football et pour l’avenir de ce dernier en Afrique.
J’ai également eu la chance de vivre une expérience exceptionnelle en étant sur le banc de l’équipe du Sénégal. C’est quelque chose d’extraordinaire qui m’enrichit tant sur le plan personnel que professionnel. Gagner le Championnat d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies pour la première fois de l’histoire du pays a été un moment inoubliable. Je tiens à remercier une fois de plus l’Algérie pour son excellent jeu et son organisation exemplaire en tant que pays hôte.
Le Sénégal a connu une période extraordinaire : vainqueur de la CAN 2021, de la CAN de Beach Soccer, des CAN juniors U-17 et U-20…
Il est vrai qu’en considérant les résultats, le Sénégal a tout raflé. Cela découle d’un travail sérieux, car au Sénégal, l’effort est fourni sans relâche et il y a une réelle continuité au niveau fédéral.
Ce qui est vraiment crucial. Le football ne se limite pas à l’aspect sportif, il englobe aussi des questions administratives. Tout cela a une grande importance. En ce moment, je ne dirais pas que c’est que nous sommes dans un meilleure situation, ce n’est pas évident, car même si les résultats sont présents, le dernier événement, (élimination du Sénégal en huitième de finale lors de la dernière CAN) qui ressemble à un accident, nous pousse à poursuivre notre chemin.
Pour la qualification à la Coupe du Monde, nous sommes réalistes, nous sommes deuxièmes, et pour la Coupe d’Afrique, c’est également le cas. Nous sommes donc préparés pour nous qualifier pour ces deux tournois qui nous tiennent à cœur, car nous souhaitons rattraper ce qui nous a échappé, ici en Côte d’Ivoire, c’est évident.
Un mot sur le CHAN, nous aurons plus de détails dans les jours à venir concernant la prochaine édition, c’est une compétition qui vous tient à cœur ?
Oui, effectivement, même si je ne suis plus le sélectionneur des locaux. Je suis aujourd’hui le premier adjoint d’Aliou Cissé en équipe A. Je dois également m’occuper des U-23 qui est l’antichambre des seniors.
Actuellement, nous bénéficions d’excellents coachs au Sénégal, ce qui assure la continuité du travail. C’est Sérigné Saliou Dia qui prendra ma place dans l’équipe locale pour le CHAN. Il faisait partie du staff et a accompli un travail remarquable, il a également remporté le championnat d’Afrique avec nos U-17, ce qui lui donne l’expérience nécessaire pour gagner des titres.
Il a une bonne connaissance des réalités africaines et du football sur le continent, et je suis convaincu que nous allons poursuivre sur cette lancée, nous qualifier, récupérer le CHAN et partir avec le trophée au pays.
Quels facteurs ont joué un rôle dans votre succès au CHAN ?
Nous avons un bon niveau dans notre championnat local, ce qui nous a permis de remporter le CHAN. La majorité de nos joueurs U-20 et U-17 évoluent au Sénégal. Cependant, nous rencontrons des difficultés avec nos clubs au niveau des compétitions africaines. Une fois établis au Sénégal, nous savons où se situent nos faiblesses. Les jeunes joueurs sénégalais s’exportent bien, ils restent un ou deux ans au pays, puis souvent, ces talents partent en Europe, ce qui témoigne de notre vaste réservoir.
Actuellement, en examinant le Sénégal, on constate qu’il se classe parmi les premières nations au monde en matière d’exportation de joueurs, que ce soit en deuxième ou troisième position, voire même en première. C’est pourquoi il est important de viser la victoire dans ce type de compétition, tout en cherchant à maintenir notre groupe.
Vous êtes également un membre du Groupe Technique (TSG) très actif à la CAF et à la FIFA…
Effectivement, c’est exact. Je suis présent avec la FIFA. J’ai participé à la Coupe du Monde U-20 en Argentine et à celle U-17 en Indonésie, et j’étais également censé participer aux Jeux Olympiques.
J’ai également des collaborations avec la CAF. J’aurais dû participer à cette CAN, mais j’étais dans l’équipe du Sénégal, donc la priorité est de soutenir mon pays. Néanmoins, travailler avec le Groupe Technique (TSG) est très enrichissant, car nous devons examiner des détails très précis pour contribuer au développement du football africain.
C’est vraiment quelque chose d’exceptionnel. Travailler pour la FIFA et la CAF, deux grandes institutions footballistiques, procure une immense fierté. Être sélectionné pour cette compétition nous pousse à fournir encore plus d’efforts. En étant dans ces organisations, nous avons la responsabilité de représenter notre continent et de montrer le meilleur de nous-mêmes. Cela favorise l’émergence de talents africains et sénégalais, ce qui est vraiment positif.
Pour moi, représenter le continent lors de cette compétition est très important. Je donne le meilleur de moi-même, ce qui me rend heureux, et cela apporte une belle satisfaction. Ils font appel à moi et je remarque également tout le bon travail effectué, surtout en Afrique.