Décidément, la tâche n’est pas facile pour Antoine-Félix Tshisekedi à donner une impulsion à la Première Ministre. Celle qu’il a désignée pour former le gouvernement. Tant les « politicailleurs » friands de la « politicaille », là je parle de la République Démocratique du Congo, ont tous réveillé leurs démons pour courcircuiter le mécanisme. Pour tout bloquer. Bloquer le fonctionnement normal de toute une République, de toute une Nation en vue d’assouvir leurs rentes personnelles. Une Nation qu’ils pensent appartenir à eux, à eux seuls en se bombant le torse comme si, sans leur présence au pouvoir politique et économique, rien ne peut marcher.
Ainsi, ils font égosiller « Félix et Judith » qui sont en conciliabules pour la formation du Gouvernement. On est déjà à quatre mois d’après les élections de décembre 2023 mais rien n’est fait. Les alliances tissées par ces politicailleurs embellissent, de façon funeste, l’environnement. Et la machine est bloquée. Si pas déjà rouillée.
En effet, si ailleurs, sous d’autres cieux, dans des pays où la démocratie est synonyme de modestie, de décence, de la retenue, du bon sens et de patriotisme qui priment lors des grands enjeux, telle la formation du Gouvernement, l’élection du bureau de l’Assemblée nationale ou du Sénat, en RDC par contre, c’est la guerre politique asymétrique avec des armes non conventionnelles ; c’est la levée des boucliers. Ce sont des discours de reniements pour se positionner, pour mieux gérer ses ambitions personnelles et familiales, en recourant à des déifications journalières à la gloire du « guide ».
Malheureusement pour le pays, tous ceux qui offrent ces spectacles ne se recrutent généralement que dans la classe qu’on appelle élite congolaise. Une élite qui doit sa survie qu’en étant au Gouvernement, à l’Assemblée nationale, au Sénat ou dans les entreprises publiques, à défaut d’occuper des hautes fonctions en provinces. Pour y parvenir, elle fait tôt de « boutiquer » des conditions ne permettant pas à la Plèbe d’aspirer à un poste, d’y avoir accès. Même en rêve, car n’ayant comme soubassement politique que son insomnie pendant que l’élite joue sa partition, se frotte les mains d’avoir édicté des lois taillées sur mesure.
De la rédaction de la Constitution à la Loi électorale, non sans citer des textes réglementaires qui régissent le peuple congolais sous une sorte de coupe réglée, des longs bras de l’élite passent par là. Elle prend soin de tout verrouiller de telle sorte que lorsqu’elle occupe un poste, ses épouses, ses enfants, ses Autorités morales, ses tantines, ses tantinettes et ses nombreuses bases sexuelles doivent aussi graviter autour du pouvoir politique ou économique qui appartient désormais à une seule caste. Conséquence ; si l’élite est ministre, c’est son épouse qui le remplace à l’Assemblée nationale où il a été élu député ; son fils est Assistant parlementaire de sa mère pendant que sa rombière est Parsec du ministre, à défaut d’être bombardée dans une entreprise publique juteuse où ils feront des séances du burin à leur guise à des heures perdues dans les bureaux de l’État. En province, le gouvernorat familial…
Avec ces ajustements géopolitiques et géostratégiques « boutiqués » d’avance, la Plèbe est désemparée, ne sachant que faire et où aller. Elle assiste impuissante à des discours incongrues, ravageurs, révoltants allant jusqu’à de déification sans commune mesure, entonnés et repris en chur par ceux qui se disent appartenir à l’élite congolaise. Une élite qui a perdu ses repères et qui se complait à ramper pour son accession au pouvoir. C’est cette élite-là qui se retourne contre le peuple, prête à poignarder l’intérêt national en faveur des siens. Quoi de plus normal d’observer cette lenteur dans la formation du Gouvernement, l’élection du bureau définitif de l’Assemblée nationale, le Sénat n’étant pas encore été mis en place…
Au fait, le voisin me souffle qu’en RD-Congo, il y a Elite et élite. La première appartient à la catégorie de ceux qui mettent du baume dans leur cur pour l’intérêt communautaire, qui privilégie l’adhésion de tous, l’adhésion nationale pour la gestion de la res publica. La seconde, dont les tares évoquées ici, est une élite de bimbeloterie, c’est-à-dire une élite de pacotille.
Willy Kilapi