RDC ou République de gestion des conséquences !

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Le 24 avril 2025, le Congo aura rendez-vous avec le Zaïre au sortir du Mpr Parti-Etat, un certain 24 avril 1990. Ce sera le 35ème anniversaire de l’enclenchement du processus démocratique. Pour quel bilan ?

Dix ans plus tôt, exactement le 1er février 1980, ils n’étaient que 13, les Parlementaires à avoir eu le courage de mettre le maréchal Mobutu devant le fait accompli : son bilan depuis son accession au pouvoir le 24 novembre 1965. Dans cette lettre – véritable diagnostic de la gouvernance institutionnelle zaïroise – ils avaient identifié les causes et les conséquences des maux dont souffrait le pays avant de proposer la thérapeutique appropriée. A partir de 1990, il y aura eu succession de foras politiques avec prétention de résoudre les crises multisectorielles et multiformes qui surgissent au pays : négociations du Palais de Marbre I et II, conférence nationale souveraine, conclave politique de Kinshasa, négociations de l’hôtel Intercontinental (Pullman-Grand Hôtel), dialogue intercongolais, concertations nationales et consultation présidentielle…

Envie de sortir le pistolet dès qu’ils entendent parler de dialogue

Première question inévitable : pourquoi y a-t-il eu en 2020 la consultation présidentielle ? La réponse logique sera : c’est à cause de l’échec des concertations nationales de 2013. Et pourquoi y a-t-il eu concertations nationales ? La réponse logique sera : c’est à cause de l’échec du dialogue intercongolais de 2001 à 2003. La suite se devine. : ce sera continuellement à cause de l’échec du forum précédent.

En fin du compte, ce ne sera même plus à cause de l’échec du coup d’État du 24 novembre 1965 précédé, pour rappel, de ce que deviendra l’échec successif de la conférence constitutionnelle de Luluabourg de 1964, du conclave de Lovanium, de la conférence de Coquilathville (Mbandaka), de la conférence de Tananarive (Antananarivo à Madagascar) en 1961 et de la conférence de Léopoldville (Kinshasa) de 1960.

Voilà pourquoi certains compatriotes ont envie de sortir le pistolet dès qu’ils entendent parler de dialogue.

Dans la chronique intitulée «Alerte : embouteillages dans tous les secteurs de la vie nationale !» parue le 9 janvier dernier, a été mise en exergue la notion sacrée de «Continuité de l’État» dont le Président de la République est le garant aux termes de l’article 69 de la Constitution.

La cause continuera de dégénérer…

La question, au regard du titre de la livraison actuelle, se simplifie : quelle continuité assurer dès lors que la gouvernance institutionnelle ne s’effectue pas sur les causes, mais plutôt sur les conséquences !

Ces quatre exemples sont éloquents :

-la guerre en cours à l’Est entre les Fardc et la coalition M23-AFC n’est pas la cause de l’insécurité ambiante qui caractérise cette partie du pays. C’en est l’une des conséquences !

-les embouteillages qui s’observent à Kinshasa ne sont pas la cause des difficultés de circulation dans la ville. C’en est l’une des conséquences !

-le phénomène Kuluna n’est pas la cause du banditisme urbain qu’on déplore dans la capitale. C’en est une des conséquences !

-la crise économique endémique dont souffre la RDC n’est pas la cause de la situation que nous vivons. C’en est l’une des conséquences.

On peut prendre n’importe quelle crise et dans n’importe domaine, on s’en rendra forcément compte : au Congo, on n’attaque jamais la cause. Jamais. On se contente de conséquence.

Or, nous le savons tous : les mêmes causes produisant les mêmes effets, qu’elle soit la thérapeutique à utiliser pour “soigner” les conséquences, le résultat ne changera pas. La cause continuera de dégénérer à la manière du cancer avec métastases.

C’est en toute logique à la Rdc à s’assumer

Dans le cas de la guerre en cours au Kivu impliquant 3 pays voisins autrefois colonies belges (Congo-Rwanda-Burundi), il est établi que la cause principale est à trouver dans la Conférence internationale de Berlin en 1885.

Pendant que Paul Kagame réclame des terres rwandaises intégrées, selon ses prétentions, à l’Etat Indépendant du Congo, des Congolais ayant la maîtrise du dossier affirment le contraire : c’est plutôt le Rwanda qui détient des terres congolaises.

Puisque tel est le cas, la question est de savoir pourquoi Kinshasa s’abstient de brandir cette revendication ! C’est son droit dès lors que ni la Belgique (héritière de l’EIC par la volonté personnelle de Léopold II son roi), ni l’Allemagne (puissance ayant acquis à Berlin 1885 le Rwanda et le Burundi) ne semblent vouloir se prononcer sur la guerre de l’Est par rapport aux revendications foncières, le soutien aux Fdlr n’étant que prétexte.

Là, Kinshasa a le choix entre s’engager dans une nouvelle guerre, ester en justice (en saisissant la Cour internationale de la Justice – CIJ) ou faire les deux.

Constatons le seulement : jusque-là, la RDC a fait le choix de la guerre en réponse à une agression avérée. Or ce choix, selon les experts de tous les pays du monde, s’achève toujours autour d’une table, et cela soit par capitulation du vaincu (comme ce fut le cas avec l’Allemagne au cours des deux Guerres dites mondiales), soit par “consentement mutuel” des belligérants (comme ce fut le cas avec les deux Corées).

Une République en cacher une autre !

L’engrenage à éviter absolument est de faire de la conséquence d’aujourd’hui la cause de demain. Notamment en considérant la guerre actuelle avec le M23 comme la conséquence de la guerre avec le même M23 d’hier.

Avec cette logique, la guerre actuelle pourrait devenir la cause d’une guerre à venir dont l’éventualité n’est pas à écarter tant que la cause originelle n’est pas éradiquée. Car la guerre est globalement une affaire de sous. Autant pour les fabricants d’équipements militaires (ils ont besoin d’espaces inflammables partout au monde pour tester leurs matériels et les vendre) que pour les acteurs étatiques (opérateurs politiques, économiques et sécuritaires) qui, eux, sont sont tenus à organiser l’effort de guerre.

La preuve du “besoin de poursuite de la guerre” – comme nous l’a fait remarquer récemment un analyste avisé – c’est le boom immobilier remarquable qui s’observe dans des villes situées dans les zones de guerre à l’Est : Bunia pour l’Ituri ; Goma, Beni et Butembo pour le Nord Kivu ; Bukavu et Uvira pour le Sud-Kivu, Kalemie pour le Tanganyika !

Ainsi, la guerre qui affecte la population rendue expressément vulnérable profite à des initiés que l’État est censé connaître.

Moralité : à force de ne vouloir gérer que les conséquences, la RDC aura du mal à se développer.

A défaut alors d’un dialogue qui en cache un autre, ou d’une transition qui en cache une autre, on va atteindre le niveau où on verra une République en cacher une autre !

C’est pour dire que tant que “Faire le médecin après la mort” sera l’option privilégiée, le pays aura du mal à avancer. Au motif simple que toute politique de l’autruche est par nature une fuite en avant lamentable !

Aucun leadership responsable, sérieux n’y trouve son compte…

Omer Nsongo die Lema

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