Retrait de la Monusco fin 2024 : la patate chaude de Jean-Pierre Lacroix la veille du discours de Félix Tshisekedi à l’Onu !

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«Nous y sommes, nous y restons !_». Vraisemblablement, c’est le message qu’il est venu passer aux Congolais…

Tradition vraiment respectée : lorsqu’un responsable de haut rang des Nations Unies commence son séjour par Kinshasa pour le poursuivre et le terminer par l’Est, souvent à Goma, c’est qu’il est porteur d’un message dur pour l’Autorité établie. Secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix a entamé son dernier séjour en RDC par la capitale où il a été reçu le lundi 16 septembre 2024 par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Arrivé à Goma le mercredi 18 septembre, il s’est exprimé devant la presse le vendredi 20 septembre, peu avant de quitter le pays. Et là, il a lâché cette phrase assassine à propos du retrait de la Monusco : _«Cette date un peu fantasmée selon laquelle, au 31 décembre 2024, la MONUSCO pourrait quitter le Congo, n’a jamais été actée ni par les autorités, ni par nous-mêmes, ni par le Conseil de sécurité_»…

Des précisions non communiquées par les autorités congolaises

_«J’ai déjà indiqué à la presse que cette date, qui a toujours été plutôt une rumeur qu’une réalité, et encore moins quelque chose d’acté, est un peu fantasmée. Selon certains, au 31 décembre 2024, la MONUSCO pourrait quitter le Congo. J’ai tenu à dissiper totalement cette rumeur, d’autant plus que cela n’a jamais été acté, ni par les autorités, ni par nous-mêmes, ni par le Conseil de sécurité. Nous sommes à la mi-septembre, et nous sommes aujourd’hui dans une phase de consultations qui a commencé récemment, après la formation du gouvernement en juin. Dans les semaines qui ont suivi, d’autres priorités immédiates ont été prises en compte (…) Ces consultations ont débuté récemment, mais nous allons les intensifier. Plusieurs détails seront abordés, notamment les attentes des autorités congolaises à notre égard. En fonction de cela, nous verrons comment esquisser les prochaines étapes et allouer nos ressources en fonction des besoins actuels et des évolutions qui pourraient survenir, qu’il s’agisse de la situation sécuritaire, humanitaire ou de l’évolution du processus diplomatique_», a-t-il déclaré.

A propos du retrait opéré au Sud-Kivu le 30 juin 2024, il s’est voulu précis. _«Nous avons conclu l’année dernière un plan de désengagement de la MONUSCO avec le gouvernement, prévoyant une première étape au Sud-Kivu. La suite du processus fera l’objet de consultations régulières avec le gouvernement congolais. Le retrait du Sud-Kivu a été réalisé, et il nous appartient maintenant de tirer les leçons de ce retrait_».

Du futur de la Mission onusienne, il en a donné cet éclairage : _«Concernant la suite du processus, la MONUSCO engagera très rapidement un exercice, conformément au plan de désengagement, avec les autorités congolaises. Nous avons discuté de cette question avec elles, et nous avons entendu leurs attentes vis-à-vis de la MONUSCO, en ce qui concerne le rôle qu’elle devra encore jouer dans les périodes à venir. Cela ne signifie pas que l’esprit du désengagement ne doit plus nous inspirer, car l’objectif reste de créer les conditions pour que le retrait de la MONUSCO soit possible_».

Des précisions non communiquées par les autorités congolaises.

Félix Tshisekedi, Christophe Lutundula et Bintou Keita

En effet, le 20 septembre 2023, lors de sa communication à l’assemblée générale ordinaire des Nations Unies, Félix Tshisekedi avait considéré que _«L’accélération du retrait de la MONUSCO devient une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions entre cette dernière et nos concitoyens_». Il avait estimé qu’il était temps pour la RDC _«de prendre pleinement son destin en main et de devenir le principal acteur de sa propre stabilité_» et qu’il était _«donc illusoire et contreproductif de continuer à s’accrocher au maintien de la MONUSCO pour restaurer la paix en RDC et stabiliser celle-ci_».

Alors VPM en charge des Affaires étrangères et de la Francophonie, Christophe Lutundula avait eu le 22 novembre 2023 une séance de travail avec la cheffe de la Monusco Bintou Keita, séance au cours de laquelle ils avaient signé _«une note sur le retrait accéléré, progressif, ordonné et responsable de la MONUSCO de la RDC contenant un plan et un chronogramme de désengagement complet de la MONUSCO_». Ils avaient pris en compte la communication du Président Félix Tshisekedi à l’Onu et la Déclaration du 16 octobre 2023 du président du Conseil de sécurité des Nations Unies relatif au plan de désengagement élaboré par les équipes techniques du Gouvernement congolais et de la Mission onusienne.

Christophe Lutundula s’en était réjoui en déclarant : _«Il faut que ce soit un modèle de retrait qui va nous donner davantage de respectabilité internationale, et qui va contribuer à améliorer l’image de notre pays. Ce document contient un volet plan de désengagement de la force, et un volet de transfert des responsabilités et charges de la MONUSCO vers le gouvernement_».

C’est à quoi Bintou Keita avait répondu _«Nous restons déterminés à travailler avec les autorités congolaises en vue d’un retrait accéléré de la MONUSCO qui consolide les acquis obtenus pendant la présence de la Mission en RDC_».

C’est vrai que lors du retrait de la Mission onusienne du Sud-Kivu le 30 juin dernier, Bintou Keita a effectivement averti les autorités congolaises. _«Bien que la MONUSCO se soit retirée du Sud-Kivu, nous restons engagés à remplir notre mandat en Ituri et au Nord-Kivu_», a-t-elle dit.

Ainsi, le message apporté aux Congolais par les Nations Unies au travers de la voie autorisée de Jean-Pierre Lacroix est éloquent :_« Nous y sommes, nous y restons !_».

SAMIDRC et situation humanitaire

Maintenant que les choses sont claires côté Onu, elles doivent l’être aussi côté RDC. La première occasion pour ce faire est la communication du Président Félix Tshisekedi à la 79ème l’Assemblée générale ordinaire des Nations Unies qui s’ouvre le mardi 24 septembre prochain.

En attendant, à Goma, Jean-Pierre Lacroix a parlé SAMIDRC (Force régionale de la Sadc) qui a soumis à l’Onu une liste détaillée de ses besoins sans lesquels le déploiement pourrait s’avérer hypothétique. _«…la Monusco ne pourra pas répondre à toutes ces demandes, mais elle fera de son mieux dans la mesure de ses moyens_», a-t-il répondu. Preuve qu’on est dans le «Oui, mais!».

Il a aussi abordé la situation humanitaire. On sait que la prise en charge de chaque déplacé de guerre telle qu’assurée par le Gouvernement est de 150 FC l’an, soit 12,5 Fc le mois. L’information a été livrée par l’ODEP sans qu’il n’y ait eu la moindre contestation de la part des ministères concernés.

_«La situation humanitaire reste très préoccupante. Il suffit de faire quelques kilomètres, sortir de Goma. Récemment, nous étions à Tchoma, nous avons rencontré la société civile et les acteurs de paix qui nous ont tous demandé de rester. En l’occurrence, ils pensaient à la fois à la Monusco d’une manière générale en Ituri, ils pensaient aussi à la présence qui avait été déployée dans ce territoire. En Ituri, il y a de nombreux camps de personnes déplacées qui sont protégées parfois exclusivement par la Monusco et les collègues humanitaires_», a-t-il relevé.

 

Tendance à s’ériger en « gouvernants »

A ce propos précisément, la chronique «Quoi ? 150 FC par an pour chaque déplacé de guerre ? Et ça n’émeut personne ?» du 8 juin 2024 contient un double constat.

Premier constat : _«En attendant que le Gouvernement sortant ou le Gouvernement entrant (unis par la notion de continuité de l’Etat), soutiennent le contraire, on est bien obligé d’en admettre l’évidence : les déplacés de guerre survivent grâce à eux-mêmes, à leurs proches et à l’aide humanitaire étrangère et internationale (…)_».

Second constat : _«C’est pour et par des scandales du genre que le droit humanitaire a généré le concept dit ‘droit d’ingérence humanitaire’_».

L’Histoire moderne du monde en la matière est édifiante : lorsqu’un Gouvernement se révèle incapable d’assurer la prise en charge de ses déplacés de guerre, la communauté humanitaire internationale a tendance d’user de ce droit et de s’ériger en «gouvernant».

Jean-Pierre Lacroix est passé par Kinshasa pour (nous) le rappeler.

Aux autorités congolaises d’agir ou de réagir en conséquence, c’est-à-dire admettre qu’elles n’ont aucune emprise sur le Processus diplomatique de Luanda, le déploiement de la Force régionale de la Sadc et la prise en charge humanitaire. Des thèmes attendus des prochaines prestations de Félix Tshisekedi pendant et en marche de la 79ème AGO-NU.

Omer Nsongo die Lema

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